«Oui, oui, je vais le faire plus tard, maman»

«Oui, oui, je vais le faire plus tard, maman»
Par Solène Bourque, Psychoéducatrice
Votre enfant a-t-il tendance à procrastiner? Il n’est pas le seul! Voici les conseils de Solène Bourque, psychoéducatrice.

La maman de Clément, 5 ans, lui demande pour la troisième fois d’aller ranger les jouets dans sa chambre. Ce à quoi Clément répond : « Oui, oui, tantôt, promis! », mais il ne le fait pas.

Anne-Sophie, 8 ans, dessine sur une feuille alors qu’elle est installée pour ses devoirs depuis 10 minutes. Quand son papa l’interpelle, elle dit : « Dès que j’ai terminé mon dessin! » Mais 10 autres minutes passent et Anne-Sophie n’est toujours pas au travail.

La procrastination, pas qu’une affaire d’adultes!

Que le premier parent qui n’a jamais procrastiné lève la main! Car, rares sont les adultes qui n’ont jamais remis à plus tard une tâche pourtant importante. Les enfants peuvent eux aussi procrastiner! Et les petits procrastinent pour les mêmes raisons que les grands :

  • Le plaisir d’abord! Les enfants sont dans l’instant présent. S’ils sont dans un jeu ou une activité agréable, ils auront tendance à ne pas vouloir l’arrêter et ainsi repousser la responsabilité qui les attend.
  • Le stress et l’anxiété : Si un devoir d’école ou une tâche de la maison leur semble un trop grand effort pour leurs capacités, leur niveau d’énergie ou leur concentration, cela augmentera leur anxiété à se mettre au travail et ils pourraient repousser l’échéance en faisant autre chose.
  • Le manque de confiance en soi : Par peur de vivre un échec ou de ne pas arriver à faire une tâche à la perfection, certains enfants auront tendance à les éviter ou à les remettre à plus tard.

Il y a tout de même des différences!

Toutefois, la grande différence entre les enfants et les adultes est qu’avant 9 ou 10 ans, un enfant a peu conscience de l’impact ou des conséquences de ses choix. Par exemple, au moment où Anne-Sophie dessine au lieu de faire ses devoirs, elle ne réalise probablement pas que lorsqu’elle devra finalement se mettre au travail, elle manquera un moment de jeu extérieur avec ses amis. Sa procrastination est plus insouciante.

Un autre enfant pourrait faire tous ses devoirs les plus faciles en premier en gardant le plus difficile en dernier, parce qu’il est stressé à l’idée de ne pas le réussir. La procrastination de cet enfant est causée par l’anxiété ou le manque de confiance. Une des conséquences : il aura peut-être moins d’énergie et de concentration au moment de faire les devoirs les plus difficiles.

Comment aider votre enfant?

Si votre enfant a tendance à prioriser le plaisir au lieu de faire ses tâches, vous pouvez l’aider de ces différentes façons :

  • Coupez les sources de distraction pour qu’il puisse mieux se concentrer sur ce qu’il a à faire.
  • Laissez-le choisir où il veut faire sa tâche, si c’est possible bien sûr. S’il a une tâche à faire qui ne demande pas d’être à un endroit précis (par exemple la cuisine), permettez-lui de faire un choix. Il pourrait par exemple trier ses jouets à donner dans le salon ou sa chambre, selon sa préférence.
  • Utilisez un minuteur qui l’aidera à mieux vivre les transitions entre les moments de jeux et les petites responsabilités que vous lui demandez.
  • Offrez-lui de petits moments agréables quand il a accompli la tâche demandée, par exemple se coucher 15 minutes plus tard, ou encore passer un moment de jeu seul avec vous.

Si vous sentez que c’est plus l’anxiété qui occasionne la procrastination de votre enfant, vous pouvez l’aider afin qu’il prenne conscience de ses capacités, qu’il ait des attentes réalistes envers lui-même aussi!

Certains enfants anxieux sont très perfectionnistes et évitent de se mettre à la tâche s’ils ne sont pas convaincus qu’ils arriveront parfaitement au résultat attendu! Vous pouvez faire un plan avec votre enfant afin de le sécuriser et pour qu’il puisse morceler ce qu’il a à faire en petits segments, entrecoupés de « pauses-plaisir ».

Une fois le travail terminé, vous pouvez aussi lui demander de nommer en quoi il est fier de lui. Ça vous donnera ainsi de bonnes pistes pour ressortir ces forces la prochaine fois qu’il vous dira : « Oui, oui, je le fais plus tard! »

 

Mise à jour le 29 mai 2023
Publiée originalement le 12 décembre 2018
 

Naître et grandir

Photo : GettyImages/skynesher

Partager