Langage: mythes et réalités

Langage: mythes et réalités
Par Marie-Ève Bergeron-Gaudin, Orthophoniste
Plusieurs idées sur l’apprentissage du langage des tout-petits circulent. Sont-elles fondées?

Plusieurs idées sur l’apprentissage du langage des tout-petits circulent. Sont-elles fondées? J’éclaircis pour vous quelques mythes et réalités.

Certains enfants sont plus « paresseux » dans l’apprentissage du langage.

FAUX. Tous les enfants souhaitent se faire comprendre lorsqu’ils expriment leurs besoins et leurs désirs. Ils ne retirent aucun avantage à s’exprimer sans être compris. Cela leur crée au contraire des frustrations et les oblige à trouver d’autres moyens de communiquer.

Souvent, les enfants de 2 ans et demi à 4 ans ne réussissent pas systématiquement à faire des phrases correctes et à bien prononcer certains mots. Lorsqu’ils échouent, c’est facile de penser qu’ils ne font pas d’efforts puisqu’ils sont capables de réussir parfois. Toutefois, l’inconstance fait partie du développement. Elle signifie simplement que l’enfant est en train d’apprendre.

Dans d’autres cas, l’enfant a acquis les habiletés nécessaires, mais il choisit le chemin le plus facile. Il n’est toutefois pas paresseux; au contraire, il est efficace! Nous y allons souvent au plus court nous aussi (par exemple, nous disons « J’veux pas » et non « Je ne veux pas »).

Les aînés apprennent souvent à parler plus rapidement que les enfants suivants.

VRAI. Les aînés ou les enfants uniques sont généralement avantagés en ce qui a trait à leur vocabulaire et leur capacité à faire des phrases. Bien entendu, un cadet peut malgré tout avoir plus de facilité qu’un premier de famille à acquérir le langage. Il s’agit de moyennes.

L’hypothèse avancée est que les parents pourraient accorder toute leur attention à leur enfant unique ou leur aîné (au début), et passeraient donc plus de temps avec eux. Ceux-ci entendraient ainsi plus de mots et de phrases, ce qui faciliterait le développement de leur langage.

Apprendre deux langues à la fois peut entraîner des difficultés de langage

FAUX. Les enfants sont capables d’apprendre deux langues simultanément ou l’une après l’autre sans que cela nuise à leur langage. Dans certains cas, l’enfant peut sembler avoir moins de vocabulaire, puisqu’il en possède dans chacune de ses deux langues. Ainsi, un enfant qui dirait « chat » en français et « dog » en anglais connaîtrait deux mots de vocabulaire, tout comme celui qui dirait « chat » et « chien ». Par contre, il pourrait sembler connaître moins de mots quand il parle en français.

Lorsque l’on se demande si un enfant bilingue a des difficultés de langage, il faut observer la langue dans laquelle il a le plus de facilité, la seconde étant peut-être davantage en apprentissage. Pour parler de réelles difficultés de langage, celles-ci doivent être présentes dans les deux langues apprises.

Les enfants qui ont des difficultés de langage vers 2 ans ont la majorité du temps des difficultés à 4-5 ans.

FAUX. Un bon nombre de jeunes enfants qui parlent tardivement ou qui parlent moins rattrapent leur retard avant l’entrée à l’école. Jusqu’à la moitié des enfants de 2 ans-2 ans et demi présentant des difficultés pourrait être dans cette situation, selon certaines études. Bien entendu, plusieurs de ces enfants ont besoin d’un plus grand coup de pouce que la moyenne pour rattraper le retard. C’est lorsqu’un enfant présente encore des difficultés significatives vers 4 ou 5 ans qu’on pense davantage que celles-ci risquent de persister.

Les services de garde n’ont pas d’influence sur le développement du langage

FAUX. On pourrait croire qu’une stimulation individuelle facilite davantage le développement langagier chez l’enfant, mais l’effet positif des garderies de qualité sur le langage n’est plus à démontrer. L’éducatrice qui adopte un style interactif, facilitant ainsi les échanges et l’expression des besoins, et qui applique certaines stratégies simples favorise le développement du langage.

Une hypothèse avancée pour expliquer les bienfaits des services de garde sur le langage est qu’ils permettent aux enfants d’entendre une grande variété de mots et de phrases, provenant autant de leur éducatrice que de leurs pairs.

 

6 août 2015

Naître et grandir

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