Nos enfants sont des éponges. Ils entendent, enregistrent et interprètent tout ce qu’on dit à propos de notre corps. Réflexion de Jean-François Quessy.Dans moins d’un an, je franchirai la barre des quarante ans. Depuis quelques années, je dis souvent, à la blague, que mon corps ne brûle plus les calories au même rythme que par le passé.
Pour contre-balancer cette dure réalité, j’aurais peut-être dû commencer à faire davantage d’activité physique, ce que je n’ai pas fait (mais j’avais d’excellentes raisons, je pourrais vous en donner tout plein!).
J’ai une bonne alimentation, saine et variée, je ne prends pas d’alcool, je ne fume pas, mais visiblement, ce n’est pas suffisant : j’ai dorénavant un pneu de sécurité ailleurs que dans le coffre de ma voiture!
Je vis, somme toute, relativement bien avec ce changement physique. Pas parce que je me trouve particulièrement séduisant devant le miroir (j’haïs les miroirs!), mais parce que je me sens mieux que jamais dans ma tête. Et c’est le fait de me sentir bien en haut qui me permet de me sentir mieux en bas.
N’empêche que, comme je vous l’ai écrit plus haut, il m’arrive régulièrement de souligner que mon corps change et de faire des blagues à ce sujet (peut-être aussi parce que je ne l’accepte pas encore à 100%). Mais, voilà qu’hier soir, pendant le repas, mon grand garçon de dix ans m’a dit : « Papa, j’suis gros. »
En se regardant le ventre.
Ce n’était pas la première fois qu’il tenait de tels propos. Précédemment, ma femme et moi n’en avions pas fait de cas, tournant plutôt la situation à la rigolade. Pour nous, ce n’était pas sérieux. À son âge, franchement! D’autant plus que notre garçon est véritablement un « petit format » : il est moins grand que la moyenne, il est très actif physiquement, ma femme doit lui faire des « points » sur ses pantalons de pyjama parce qu’ils sont trop grands à la taille, etc.
Mais cette fois, sa remarque n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Alors nous avons pris le temps de lui demander pourquoi il tenait des propos comme ceux-là. Comment il se percevait et de quoi il voudrait avoir l’air? Avec qui il se comparait et dans quel objectif?
Nous lui avons parlé d’acceptation de soi et avons tenté de le ramener vers une perception plus juste. Nous serons évidemment plus sensibles pour le futur.
Mais, même s’il ne nous l’a pas mentionné, je crois que mon discours a probablement teinté sa vision des choses...
Comme parents, nous serons là pour l’outiller, mais à titre de papa, je me dois aussi de me recadrer et de faire doublement attention à ce que je dis. Même si mes propos pouvaient sembler banals, une fois de plus, mon fils me rappelle que nos enfants sont des éponges, qu’ils entendent, ressentent, enregistrent et interprètent tout ce qu’on leur dit et tout ce qu’on leur montre.
Nous sommes leurs premiers modèles!
12 janvier 2021
Photo : GettyImages/Image Source