Histoire de shérif et de fessée

Histoire de shérif et de fessée
Par Julie Fortier, Rédactrice en chef, Naître et grandir

Incroyable mais vrai, aux États-Unis, un père a donné la fessée à son enfant sous supervision policière. La scène s’est déroulée le 29 décembre dernier en Floride. Comme sa fille de 12 ans lui disait qu’il n’avait pas le droit de lui donner la fessée, le père a appelé le bureau du shérif de comté pour valider ses droits. Un agent de la paix s’est ensuite déplacé pour superviser le déroulement du châtiment corporel, donné en plus à l’aide d’une palette.

Au-delà de ce fait divers choquant, il n’en demeure pas moins qu’en 2015 infliger une fessée à un enfant est toujours permis aux États-Unis et au Canada. Vous croyiez qu’ici les châtiments corporels envers les enfants étaient interdits? Vous n’êtes pas les seuls puisque selon un petit sondage maison non scientifique, 76 % des 1 019 participants pensaient aussi que la loi canadienne n’autorisait pas les punitions corporelles envers les enfants. Cette proportion est de 61 % chez nos voisins ontariens, selon un sondage publié en 2013.

Cette méconnaissance de la loi n’empêche toutefois pas des enfants de recevoir encore aujourd’hui des claques, mais heureusement, cette tendance est à la baisse. En 2012, 35 % des parents ont dit avoir utilisé la punition corporelle (secouer un enfant, lui taper les fesses, la main, le bras ou le pincer) comparé à 43 % en 2004 et à 45 % en 1999, révèle une enquête de l’Institut de la statistique du Québec. Toutefois, 80 % ont affirmé que « les parents du Québec sont trop mous avec leurs enfants ».

Aucun bienfait

Plusieurs parents diront qu’ils ont eux-mêmes reçu des fessées enfant et qu’« ils n’en sont pas morts », sous-entendant que la punition corporelle n’est pas nuisible. D’autres croient même qu’elle peut être bénéfique. Or, grâce aux nombreuses recherches sur le sujet, nous savons aujourd’hui que non seulement ces croyances sont non fondées, mais surtout qu’elles sont FAUSSES.

Aucune étude n’a démontré de bienfaits aux châtiments corporels infligés à un enfant. Et voici les nombreux effets néfastes qui y sont associés :

  • nuit à l’estime de soi de l’enfant;
  • cause chez lui peur, agressivité, désir de vengeance ou de révolte et volonté d’occuper à son tour une position de pouvoir;
  • risque davantage d’être violent avec ses camarades;
  • incite l’enfant à adopter un comportement défensif et être méfiant vis-à-vis des adultes;
  • à long terme, augmente son risque de devenir un adulte violent; d’avoir des problèmes de santé mentale (dépression et anxiété) et de consommation de drogue ou d’alcool.

En 2015, prenons comme résolution de résoudre les conflits avec nos enfants autrement que par la violence physique ou psychologique. Voici des articles à consulter pour vous aider à gérer les situations de crise avec vos enfants :

La fessée et la loi canadienne
En 2004, la Cour suprême s’est prononcée en faveur du maintien de la loi autorisant le recours aux châtiments corporels envers les enfants. Certaines limites à l’usage de la force ont toutefois été établies. Il est entre autres jugé déraisonnable de s’en prendre à un enfant de moins de 2 ans et de plus de 12 ans, d’utiliser un objet pour frapper un enfant, de donner des coups ou tapes au visage et à la tête et d’infliger des traitements dégradants. De plus, causer des blessures constitue un mauvais traitement à l’égard d’un enfant.
La fessée est interdite dans une vingtaine de pays, dont dans la plupart des pays d’Europe. La France l’autorise toujours, mais le gouvernement souhaite relancer le débat et faire la promotion d’une « éducation sans violence ».

 

19 janvier 2015

Naître et grandir

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