Fertilité et allaitement: réponses à 3 questions courantes

Fertilité et allaitement: réponses à 3 questions courantes
Par Kathleen Couillard, Journaliste scientifique
Si vous allaitez, voici quelques questions que vous vous êtes peut-être posées au sujet de la fertilité pendant l’allaitement.

La fertilité pendant qu’une mère allaite est un sujet plutôt complexe. En effet, l’allaitement influence de façon importante la production de certaines hormones nécessaires à l’ovulation. De la même façon, certains contraceptifs pourraient nuire à la production de lait maternel. Il n’est donc pas toujours facile de s’y retrouver.

Si vous allaitez, voici quelques questions que vous vous êtes peut-être posées au sujet de la fertilité pendant l’allaitement.

L’allaitement est-il réellement un moyen de contraception?

L’allaitement peut effectivement protéger contre une grossesse, mais seulement à certaines conditions. La mère doit pouvoir répondre non aux 3 questions suivantes :

  • Est-ce que ses menstruations sont revenues ou a-t-elle eu des saignements vaginaux?
  • Son bébé reçoit-il des suppléments, comme une préparation pour nourrissons, de l’eau ou des aliments solides ?
  • Est-ce que son bébé a plus de 6 mois?

Ces questions visent en fait à déterminer la fréquence à laquelle le bébé boit. Pour que l’allaitement protège efficacement contre une grossesse, l’intervalle entre les tétées ne doit pas dépasser 4 à 6 heures et la durée totale des tétées dans une journée devrait être d’au moins 65 minutes.

Dans ces conditions, seulement 2 % des femmes deviendront enceintes dans les 6 prochains mois. Par contre, si la mère peut répondre oui à l’une des 3 questions, elle devrait utiliser un autre moyen de contraception puisque les probabilités de concevoir un nouveau bébé sont alors beaucoup plus grandes.

Quels moyens de contraception sont compatibles avec l’allaitement?

Plusieurs méthodes contraceptives peuvent être employées pendant l’allaitement, en particulier celles qui ne sont pas à base d’hormones. Ainsi, le condom, le diaphragme et le stérilet en cuivre ne posent aucun problème.

Selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), les contraceptifs hormonaux n’ont pas d’effets sur la qualité du lait maternel. Leurs effets sur la quantité de lait produit sont toutefois moins clairs.

Par exemple, les contraceptifs à base d’estrogène et de progestérone peuvent causer une légère réduction de la production de lait. L’Academy of Breastfeeding Medicine recommande de les éviter au moins jusqu’à ce que l’allaitement soit bien installé alors que l’INSPQ suggère de retarder leur utilisation jusqu’à 6 semaines après la naissance.

Pour ce qui est de la pilule contenant seulement de la progestérone (ex. : Micronor), de l’injection contraceptive (ex. : Dépo-Provera) ou du stérilet à base d’hormone (ex. : Mirena), ces méthodes ne semblent pas occasionner de problèmes d’allaitement. Cependant, par mesure de précaution, certains experts proposent d’attendre au moins 6 semaines après l’accouchement avant de les utiliser.

Enfin, certaines formes de contraception d’urgence, aussi appelée « pilule du lendemain », sont compatibles avec l’allaitement. Il suffit de mentionner que vous allaitez à votre pharmacien ou à votre médecin.

Doit-on arrêter complètement l’allaitement pour concevoir un nouveau bébé?

À première vue, la situation semble simple : plus un enfant demande le sein souvent, plus l’ovulation mettra du temps à reprendre. La réponse est toutefois plus complexe.

Selon certains chercheurs, la fonction des tétées nocturnes à l’origine était de retarder la fertilité pour éviter l’arrivée trop rapide d’un nouveau bébé. De plus, la façon de s’occuper des bébés a une influence. Alors que la fertilité peut revenir seulement 2 à 3 mois après l’accouchement dans les sociétés occidentales, cela peut prendre 2 à 3 ans dans les sociétés avec un fonctionnement plus traditionnel.

Par ailleurs, certaines caractéristiques de la mère comme son indice de masse corporelle ou le nombre de grossesses peuvent aussi affecter le retour des menstruations. Le profil hormonal unique à chaque femme y serait également pour beaucoup. Des recherches ont d’ailleurs démontré que les femmes infertiles pendant l’allaitement ont des taux de prolactine de base plus élevés que celles dont les menstruations recommencent dans les 6 premiers mois suivants la naissance du bébé.

Par conséquent, chez certaines femmes plus sensibles, même quelques tétées par jour peuvent être suffisantes pour bloquer le retour de l’ovulation. Le sevrage peut alors être nécessaire pour qu’elles deviennent à nouveau enceintes. Toutefois, les probabilités que la fertilité revienne augmentent chez la majorité des mères lorsque le nourrisson fait ses nuits ou qu’il mange des aliments solides. Chez la plupart des mères allaitantes, les menstruations reviendraient quand le bébé a entre 9 et 18 mois.

 

Sources : INSPQ, Academy of Breastfeeding Medicine, The Australian Breastfeeding Association, CDC, International Journal of Molecular Sciences, Evolution, Medicine & Public Health, Journal of health education research & development et La Leche League International.

 

Mise à jour le 15 août 2022
Publiée originalement le 26 janvier 2016

 

Naître et grandir

Photo : GettyImages/LightFieldStudios

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