Enfants sportifs: la saison va être longue!

Enfants sportifs: la saison va être longue!
Quand on joue avec nos tout-petits, on les laisse gagner. Avec le temps, on commence à rendre la victoire un peu moins facile…

Papa de deux enfants, Louis-Simon Ferland aime aborder la parentalité sous toutes les coutures.

Celui qui nous livre ses capsules humoristiques Le laboratoire parental vient de publier un guide pour les parents d’enfants sportifs, La saison va être longue, aux Éditions de l’Homme. Voici quelques extraits.

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Laisser gagner nos enfants : jusqu’à quand?

Par expérience, gagner 32-0 au mini-hockey contre son garçon de 4 ans, ce n’est même pas satisfaisant. (Par contre, battre à plate couture sa blonde au scrabble procure toujours un extraordinaire sentiment d’euphorie… mais je digresse.) Puis un jour, au fil des jeux, on voit se développer chez eux deux facettes qui viennent bouleverser les choses : le talent et l’orgueil. Ils deviennent meilleurs et s’en aperçoivent.

Plus ils s’améliorent, moins on leur donne de chances. Et un jour se produit l’inévitable : ils finissent par nous battre pour vrai. On a alors l’ego divisé en deux : d’un côté, la honte d’avoir perdu face à notre petit; de l’autre, la fierté d’avoir réussi notre mission. Après tout, la victoire reste dans la famille! On s’empresse alors de changer de sujet et de lui dire d’aller se coucher. (Ou, s’il s’agit d’un jeu vidéo, on blâme la technologie et on se rappelle que les contrôles étaient bien plus simples à comprendre dans NHL ’94.)

Rater son coup

Le sport donne un avantage immense : la chance de pouvoir perdre plus souvent. Ces petites doses d’échec sont très utiles pour se désensibiliser. Accepter la compétition, c’est accepter de pouvoir perdre. Et plus on rate notre coup souvent, plus on a de chances d’apprendre à se pardonner vite.

C’est fou, on grogne parce que nos enfants oublient mille et une choses par jour, comme faire leurs devoirs, rapporter leurs plats à lunch, fermer la porte du frigo ou ramasser leur linge sale. Et pourtant, quand ils ont mal, on souhaite juste qu’ils oublient encore ça au plus vite.

La mémoire des enfants est bien faite. Vous constaterez que, quand ils vivent une émotion, c’est à fond… mais d’un seul coup! Ils gagnent? Ils crient de joie. Ils perdent? Ils pleurent toutes les larmes de leur corps. Ça dure un temps, mais après une journée, une heure ou une crème glacée, c’est déjà du passé. C’est la beauté d’avoir les souliers à crampons incrustés dans le moment présent.

Gagne, perds, peu importe… mais force-toi!

Ah, la paresse! Ça fait tellement bouillir les parents quand un enfant talentueux ne donne pas son plein potentiel. Il faut déjà pousser nos jeunes pendant toute la semaine, les devoirs, l’hygiène, le partage des tâches à la maison, l’importance de prendre de l’air, de lâcher les écrans, etc. On passe notre temps à essayer de les motiver pour des trucs moyennement intéressants, par exemple se brosser les dents ou terminer leur exposé oral sur les dauphins, va-t-il vraiment falloir insister en plus pour qu’ils se forcent dans un domaine qu’ils aiment déjà? Au secours!

Comme il faut valoriser l’effort plutôt que le résultat, on peut trouver quelques trucs pour motiver subtilement nos jeunes, sans toutefois ajouter trop de pression :

  • Insister sur l’intensité de l’effort physique. Par exemple : « Lorsque tu reviens au banc des joueurs, j’aimerais ça que tu sois essoufflée! »
  • Mettre l’accent sur l’importance d’apprendre de nouvelles techniques ou stratégies. Par exemple : « T’es pas game de frapper un coup sûr au champ opposé. »
  • Leur suggérer de s’attarder à une facette particulière de leur sport. Par exemple : « J’ai lu quelque part que c’est la Journée mondiale du jeu défensif. »
  • Inventer des défis loufoques pour stimuler leur compétitivité. Par exemple : « Es-tu capable de gagner la course en récitant l’alphabet à l’envers? »

Ils sont tellement beaux!

Les voir se dandiner en entrant sur un terrain, une patinoire, dans une piscine, un gymnase ou sur un tatami, c’est un ravissement pour les yeux. Ça vient chatouiller une émotion étrange en nous. Un mélange de fierté, de fébrilité, de stress incompréhensible. Ils sont si petits, mais si grands. Peu importe le trouble qu’ils nous donnent au quotidien, à la seconde où ils enfilent leur kimono, leur tutu ou leur mini-chandail, notre gros bon sens quitte le match. C’est l’équivalent de les regarder dormir après une grosse chicane : la beauté efface tout. Le sport fait ressortir des facettes nouvelles chez notre enfant. Vous avez peut-être déjà vécu ce moment exaltant où vous vous êtes dit : « Est-ce vraiment mon petit loup, ça? Wow !»

La beauté sportive est partout. Dans l’effort, dans l’émotion, dans la victoire, dans la défaite. Si, un jour, vous perdez cet émerveillement parce que vos émotions personnelles ont pris le dessus, voici une suggestion : allez voir jouer des enfants que vous ne connaissez pas. Observez-les et admirez-les. Être parents de sportifs, ça implique beaucoup de sacrifices. Mais il y a aussi cette petite récompense secondaire, celle de voir nos enfants d’un autre œil. Et de les trouver beaux. Tellement beaux.

 

À voir ou revoir!

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2 octobre 2020

Naître et grandir

 

Photo : GettyImages/AleksandarNakic 

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