Je soupçonne mon homme, mes enfants, les araignées et les fourmis qui surgissent de nulle part de comploter ensemble pour essayer de me faire peur sans arrêt parce que :
1- ça les fait rigoler;
2- ça les fait rigoler;
3- ça les fait encore et toujours rigoler.
Je vis avec une bande de sadiques.
6 h 30 du matin: je surfe tranquillement sur le Web dans le silence de ma maison en sirotant un bon petit café chaud. Une main se pose brusquement sur moi. Je sursaute en hurlant de terreur. Mon fils adoooore ça! Il me fait le coup tous les matins et tous les matins, je tombe dans le panneau. Le lendemain à la même heure, j’y pense et puis j’oublie, concentrée sur ma lecture, perdue dans mes rêveries ou à quatre pattes en train de chercher mes maudits couvercles de tupperwares. C’est systématique. Ce matin, j’ai même hurlé toute seule en croyant qu’il était derrière moi. Je me suis mise à lui parler en pensant qu’il était caché. Quand je l’ai trouvé assis sur son lit en train de se frotter les yeux pour essayer de se réveiller, je me suis sentie vaguement ridicule. Remarquez, ce fut un mal pour un bien. Grâce à mon cri de la mort, tout le monde s’est levé plus tôt et a pu se préparer sans se stresser.
2 h du matin: je flotte dans mes rêves quand, soudain, je sens une main saisir mon bras et le secouer. J’ouvre les yeux, paniquée. Dans l’obscurité, je distingue une ombre sans visage. Silencieuse. Est-ce que je fais un cauchemar? J’ai tellement la trouille, que pas un son ne sort de ma bouche. Je sens juste mon coeur essayer de sortir de ma poitrine. Le monstre aux cheveux hirsutes murmure : « Yamunaraignéedanmolit ». Fiou. C’était juste ma fille et ses araignées imaginaires.
Mon homme ouvre la porte de la douche pour m’embrasser avant de partir, je crie! Une fourmi apparaît subitement sur mon comptoir, je sursaute. J’ouvre la porte de la salle de bains, ma fille est derrière, je fige, les yeux écarquillés. Les minutes, les heures, les jours, les années passent, et ça marche encore et encore! À n’importe quelle heure du jour et de la nuit, je me fais avoir. Je me défigure d’épouvante, j’échappe ce que j’ai dans les mains, je me cache sous mon oreiller, je pars en courant ou je m’écroule sur le sol en simulant une attaque. Bref, je suis incapable de me contrôler.
Dans une autre vie, je devais être une gazelle poursuivie par des lions, la souris dans Tom et Jerry ou la vedette d’un film d’horreur, je ne vois aucune autre explication!
18 mai 2012