Mon dernier billet portait sur les premiers mots. Mon petit Renaud, qui avait alors 12 mois, ne « parlait » pas encore. Maintenant âgé de 13 mois, il dit « baba » pour « bye bye », en secouant la main, et « maman » et « papa » à temps partiel! Pour le reste, il ne semble pas si pressé d’utiliser d’autres mots. C’est qu’il se fait si bien comprendre! Il a le petit index précis! Et il réussit aussi à nous dire ce qu’il désire par ses gestes et ses actions. Il veut manger : il se déplace vers le garde-manger, ouvre la porte et montre ce qui l’intéresse. Il veut aller jouer dans le sous-sol : il se poste devant la porte qui y mène et la montre de façon insistante. S’il n’obtient pas ce qu’il veut, il pleure... Le message a alors le mérite d’être très clair: son désir n’est pas comblé et il n’est pas content!
Créer le besoin de communiquer
L’exemple de Renaud montre bien à quel point les tout-petits peuvent être d’habiles communicateurs sans dire un seul mot. Les enfants que je rencontre m’impressionnent d’ailleurs souvent par leurs capacités à compenser leurs difficultés à s’exprimer par des gestes et des mimiques. Ils sont brillants! Dans ce contexte, la question qui se pose souvent est la suivante : comment encourager l’enfant à dire des mots? La réponse passe par une règle de base : éviter d’aller au-devant de ses besoins. L’idée est de créer la nécessité de communiquer. Par exemple, si je chatouille mon Renaud, que je vois qu’il adore le petit jeu et que je poursuis de plus belle, je réponds à son désir, mais il n’a pas eu à me le communiquer. Par contre, si j’arrête et que je le laisse demander de poursuivre par un son, un geste, et éventuellement le mot «encore», je crée la nécessité de communiquer. Un autre exemple : si je donne du fromage à mon fils, que je devine qu’il en veut encore et que je lui en redonne immédiatement, je réponds à son besoin, mais il n’a pas eu à l’exprimer. Cependant, si j’arrête de lui donner à manger, il risque de m’indiquer d’une façon ou d’une autre qu’il a encore faim. Encore une fois, je crée pour lui la nécessité de communiquer.
Encourager à répéter
Dans les situations données en exemple, l’enfant qui parle peu ou pas risque bien entendu d’avoir recours à son moyen de communication « préféré », par exemple pointer ou faire des sons… Pourquoi créer la nécessité de communiquer, alors? L’enfant qui sent qu’il doit communiquer est motivé et intéressé : il a quelque chose à dire, souvent une demande à faire. C’est le contexte idéal pour lui montrer qu’il peut utiliser un mot; il comprendra peu à peu que parler est souvent plus efficace que faire un geste ou exécuter une action.
Si l’on reprend l’exemple de Renaud qui veut manger un morceau de fromage (un exemple bien réel!), je peux attendre qu’il me le pointe avant de le lui donner. Alors, je peux m’exclamer : « Ah! Du FROMAGE! » et je peux attendre 1-2-3-4-5 secondes, au cas où il aurait envie de répéter. Normalement, le mot devrait au moins l’intéresser parce qu’il a justement souhaité communiquer à ce sujet. Pendant l’attente, je peux adopter une attitude d’écoute en souriant, en avançant la tête vers lui et en marquant clairement un temps d’arrêt, de manière à ce qu’il comprenne que je lui laisse l’occasion de poursuivre. Dans un deuxième temps seulement, je peux répondre à son besoin, donc lui donner du fromage, qu’il ait essayé d’imiter le mot ou pas. S’il est resté silencieux, il a au moins pu enregistrer le mot dans sa tête. Et il a également eu l’occasion de remarquer qu’il peut ajouter un mot à ses demandes.
Le moment n’est peut-être pas si loin où mon Renaud ou votre enfant se transformera en petit perroquet qui répète tous les mots pour les apprendre. En nommant souvent les mêmes choses qui intéressent l’enfant et qui seraient utiles à dire pour lui, on lui offre justement des occasions significatives de s’exercer à répéter.
14 novembre 2014