Pourquoi y a-t-il des enfants «difficiles»?

Pourquoi y a-t-il des enfants «difficiles»?
Par Stéphanie Côté, Nutritionniste
Que votre enfant n’aime pas 1, 10 ou 25 aliments, chacun d’eux suscite chez lui une réaction de dégoût. Pourquoi y a-t-il des enfants « difficiles »?

Pensez à un aliment que vous n’aimez pas. Que vous n’aimez vraiment pas. Quel est-il? Un champignon, le poisson, le tofu, peut-être? Le simple fait d’y penser vous fait grimacer. Imaginez-vous qu’on vous force à le mettre dans votre bouche. Nooooon, pas question! J’imagine votre dégoût, voire votre stress qui monte d’un cran.

Maintenant, pensez à votre enfant qui n’aime pas certains aliments. Qu’il y en ait 1, 10 ou 25, chacun suscite chez lui une réaction similaire de dégoût. Si on le force à manger un aliment ou même seulement à y goûter, l’anxiété et la peur s’emparent de lui. Au secours! Il panique. Il ne réfléchit pas, il réagit. C’est hormonal, l’adrénaline l’y pousse.

Ne paniquez pas à votre tour, ça ne règlerait rien. Analysons plutôt calmement le phénomène. Pourquoi y a-t-il des enfants « difficiles »?

C’est génétique

La génétique a un peu à voir là-dedans. Un peu. Les gènes déterminent en partie la perception des saveurs et autres sensations. Comme deux enfants de la même famille peuvent avoir des yeux de couleur différente, ils peuvent aussi avoir des goûts différents. Si je pense à ma fille qui déteste le beurre d’arachide alors que son frère l’adore littéralement, je le conçois aisément.

C’est physiologique

Les enfants détectent chacun à leur manière les saveurs et les textures. Ceux qui sont hypersensibles refusent plus d’aliments, parce que toutes les sensations sont plus intenses pour eux. D’ailleurs, saviez-vous que les enfants en général ont les sens plus aiguisés que les adultes? Ils perçoivent les aliments différemment et plus intensément que vous. Cela s’atténue au fil des années. Et comme vers l’âge de 6 ans, ils prennent davantage conscience des agissements des autres, leur ouverture à l’égard des aliments s’améliore.

C’est… un peu notre faute

Les facteurs précédents sont incontrôlables, mais ne sont pas les plus déterminants. Ce qui influence le plus l’attitude et les comportements d’un enfant à table, ce sont… les attitudes et les comportements qu’adoptent ses parents. Une amie me disait un jour, un peu découragée, que ses enfants étaient très difficiles. Du même souffle, elle ajoutait que son mari l’était au moins autant. Inutile de chercher plus loin. Les enfants ont beau avoir l’exemple d’un parent qui cuisine et mange de tout, la fermeture et les commentaires négatifs de l’autre parent s’imprègnent en eux.

Puis, sans être difficile à l’extrême, notre enfant a souvent les mêmes aversions que nous. Premièrement parce qu’on ne cuisine pas ces aliments qui nous rebutent et qu’ils ne deviennent jamais familiers. Deuxièmement parce que lorsqu’on les voit, notre réflexe n’est pas d’en parler positivement.

D’autres facteurs peuvent expliquer qu’un enfant soit « difficile ». Parmi les causes, les chercheurs mentionnent le fait :

  • d’introduire tardivement les aliments solides. On recommande de ne pas tarder après l’âge de 6 mois ;
  • de forcer l’enfant à manger, car ça a l’effet contraire à celui escompté ;
  • de planifier les repas autour des seuls goûts de l’enfant, sans l’amener à diversifier son alimentation. Le parent agit ainsi quand il est inquiet. Il veut que son enfant mange, même si ça veut dire manger des aliments très limités. Ça crée malheureusement de plus gros problèmes.

Par chance, on peut prévenir et même changer la donne. Dans mon prochain blogue, je vais vous proposer quelques stratégies pour vos enfants « difficiles ».

Mise à jour le 19 décembre 2023
Publiée originalement le 9 février 2017

Naître et grandir

Photo : GettyImages/zlikovec

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