Aider son enfant à traverser une grosse épreuve

Aider son enfant à traverser une grosse épreuve
Par Dr Nicolas Chevrier, Psychologue

C’est toujours inquiétant d’apprendre que notre enfant doit subir une intervention chirurgicale. Et je ne vous parle pas ici des grosses opérations, mais plutôt de petites interventions d’un jour. Des interventions de routine pour un chirurgien, mais qui peuvent provoquer beaucoup d’anxiété chez les parents et surtout chez nos enfants. Cette anxiété chez nos enfants est normale, mais on peut les aider à se préparer à l’affronter.  J’en ai déjà fait moi-même l’expérience.

Malheureusement, mon garçon Toshiro est né avec des adénoïdes grosses comme des balles de tennis (j’exagère à peine!), un héritage génétique gracieusement laissé par l’auteur de ces lignes. Durant son développement, un certain nombre de symptômes se sont manifestés :  bave constante, refus systématique de la suce et ronflements. Mais la plus grande source d’inquiétude et le plus difficile pour le papa en moi fut l’apnée du sommeil. J’ai encore le souvenir incrusté de mon garçon qui arrête de respirer en plein milieu de la nuit et de mon attente de la prochaine respiration… Pas mes meilleurs souvenirs de paternité!

Bref, après plusieurs consultations nous avons réussi à avoir un diagnostic clair et une référence pour une intervention d’un jour à l’Hôpital Sainte-Justine. Soulagement pour les parents… et anxiété pour le petit monsieur qui va se faire opérer.

Maintenant, comment faire pour aider Toshiro? C’est là que j’ai utilisé mes habiletés de psychologue.

Première étape: dédramatiser

L’objectif était de permettre à Toshiro de dédramatiser la situation. La stratégie fut d’expliquer à mon garçon ce qui allait se passer et l’aider à développer un vocabulaire qu’il comprend et qui a du sens pour lui. Par exemple, les adénoïdes sont devenues la petite crotte et le bistouri est devenu la petite pince. L’intervention consistait donc à utiliser la petite pince pour enlever la petite crotte qui lui bouchait le nez.

Cette explication le satisfaisait, car il avait déjà conscience des impacts de la petite crotte sur sa vie sociale :  certains amis ne voulaient plus jouer avec lui parce qu’il bavait constamment... Il en avait donc marre de la petite crotte.  L’importance de cette étape, c’est d’amener l’enfant à développer une compréhension réaliste de ce qui va se passer. S’il sait ce qui va se passer, il aura moins peur.

Deuxième étape: familiariser l’enfant avec le déroulement de l’intervention

L’objectif est de neutraliser l’anxiété provoquée par l’effet de la nouveauté. Afin de permettre à Toshiro de se créer une image et des repères de ce qui se passera avant, pendant et après l’intervention, j’ai choisi une stratégie que j’utilise tous les jours dans ma pratique : la bibliothérapie.  Cette pratique consiste à utiliser des livres pour aider des patients à atteindre leurs objectifs. J’ai donc fait le tour des livres pour enfants et j’ai gardé le meilleur: L’opération de Lucas (éditions Enfants Québec). J’ai lu ce livre à plusieurs reprises avant le coucher afin d’aider Toshiro à réduire son anxiété et à développer une idée précise des différentes étapes qui l’attendaient à l’hôpital.

Finalement, tout s’est bien déroulé. Toshiro dort bien et il a maintenant beaucoup d’amis. Bien sûr, l’intervention a été difficile. On a beau préparer notre enfant à la douleur, c’est toujours désagréable de le voir souffrir, mais au moins on l’a aidé à la vivre avec le moins d’anxiété possible, ce qui est déjà beaucoup pour un enfant de 4 ans.

 

9 avril 2013

Naître et grandir

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