J’ai récemment échangé avec beaucoup de parents sur ma page Facebook au sujet des enfants qui, en raison de leur maladie, de leur comportement ou simplement de leur personnalité semblent être moins appréciés de leur famille élargie.
Merci de vous être ouverts, même si c’était parfois douloureux. Ce texte a été écrit en pensant à vous.
Je sais que tu as certaines particularités que tous les petits n’ont pas.
Tu détonnes un peu du lot lorsque nous quittons les murs de la maison pour nous retrouver avec le reste de la famille. Je le vois bien. Que ce soit parce que tu as des besoins particuliers, parce que tu déplaces de l’air, parce que tu as des problèmes de santé, parce que tu es un peu plus réservé ou moins affectueux que les autres.
Oui, je le vois. Je le sais. Je le sens.
Le regard des autres, leurs agissements à ton endroit, cette façon, parfois subtile, hypocrite, mais d’autres fois tellement flagrante et volontaire de te faire sentir comme un être à part.
Moi, tes différences, je réussis à les apprécier, même si ce n’est pas toujours évident. Peut-être parce que je suis ton parent et que je n’ai pas vraiment le choix, alors qu’eux, ils ont la possibilité de ne pas faire ce petit effort supplémentaire qui ne serait pourtant, à mes yeux, que la moindre des choses.
Si je le fais au quotidien, pourquoi sont-ils incapables de se forcer de temps en temps? Ils nous aiment après tout, c’est ce qu’ils disent...
Je fais tout pour être équitable avec toi, avec tes frères et soeurs. Il m’est essentiel d’être juste et vous êtes tous aussi importants les uns que les autres dans ma vie. Les enfants peuvent difficilement être égaux parce qu’ils ne sont pas tous pareils. On peut les aimer différemment, pour diverses raisons, mais aucun d’eux mérite d’être traité inéquitablement.
Quand nous sortons de notre cocon et que j’entends ton grand-père te dire: «Toi, j’te garderais pas! Ta soeur, oui, mais toi... Ouf!» ou, quand tante Ginette te répète: «Tu vas briser quoi aujourd’hui? T’es pas capable d’être juste tranquille comme ton frère sans rien faire de mal?», mon coeur vole en mille morceaux.
Parce que quand ils t’attaquent, quand ils avouent que tu es un poids pour eux, quand ils s’en tiennent à tes défauts en ignorant tes tonnes de qualités, c’est moi qu’ils rejettent. C’est moi qui souffre, pour toi. Leurs paroles et leurs gestes me blessent. Et d’imaginer l’effet que ça peut avoir sur toi vient me heurter encore plus profondément, vient me torturer.
Comme tous les parents, j’ai ce besoin viscéral de sentir que les gens t’aiment et t’apprécient, pour ce que tu es.
Pourquoi n’est-ce pas toujours le cas? Rappelle-toi que tu mérites ta place. Qu’elle est à toi. Prends-la.
Inonde-la de tes bons côtés, de tes qualités, de tes ambitions, de ta curiosité, de ta soif de vivre et de ton sourire.
Crois en toi comme je crois en toi. Et un jour, tu seras tellement fier!
Parce que même si certains ne l’ont pas encore saisi, la beauté de la vie réside en ses petites différences.
28 novembre 2014