Le développement du cerveau après 5 ans

Le développement du cerveau après 5 ans
Le cerveau de votre enfant continue de se transformer pour devenir encore plus efficace.


Entre l’âge de 5 à 8 ans, le cerveau de votre enfant est déjà bien développé, mais les transformations se poursuivent pour le rendre encore plus efficace! C’est pourquoi soutenir votre enfant dans la gestion de ses émotions et dans ses différents apprentissages continue d’être important. Cela stimule son développement intellectuel, moteur, sensoriel, social et affectif.

Si votre enfant n’a pas encore 5 ans, vous pouvez consulter les fiches suivantes :

Comment le cerveau évolue

Le cerveau d’un enfant de 6 ans atteint déjà 90 % de sa taille adulte. Les zones responsables de détecter les sensations comme le toucher sont presque complètement développées, tout comme la partie du cerveau responsable de la vision. D’autres régions ont toutefois encore besoin de temps pour se développer, comme celles liées à la cognition. Jusqu’à l’adolescence, les connexions entre les neurones se développent pour former des réseaux.

Certaines transformations ont aussi lieu afin d’augmenter l’efficacité du cerveau. Par exemple, les connexions qui ne sont pas utilisées sont détruites, un processus appelé stabilisation sélective. Cela rend les processus de base plus efficaces et permet à l’enfant de réaliser des opérations mentales plus complexes.

Dans plusieurs régions du cerveau, une protection isolante autour de certaines régions du neurone continue de se former afin d’améliorer la transmission des signaux nerveux. C’est ce qu’on appelle la myélinisation des neurones. Grâce à ces changements, l’enfant peut réaliser des processus mentaux complexes, comme lire ou faire des additions.

À ce stade, le cerveau d’un enfant utilise beaucoup d’énergie. Certains experts estiment qu’au repos, 60 % de l’énergie d’un enfant de 4 ans est destinée à son cerveau, comparativement à seulement 20 % chez l’adulte. Vers 5 ans, le cerveau de l’enfant a besoin de presque 2 fois plus d’énergie pour fonctionner que celui d’un adulte. Ainsi, pour les enfants, grandir est exigeant sur le plan métabolique.

L’importance du cortex préfrontal

Le cortex préfrontal joue un rôle essentiel pour ce qui est du langage, de la mémoire et des fonctions cognitives ou sociales. Cette région du cerveau subit une maturation importante pendant la période allant de la maternelle jusqu’à la fin de la 2e année, ce qui aide l’enfant dans ses apprentissages. Le développement du cortex préfrontal se poursuit jusqu’à la fin de l’adolescence.

Mémoire et apprentissage

De 5 à 8 ans

La mémoire stratégique se développe rapidement et de façon importante. L’enfant prend conscience de la façon dont sa mémoire fonctionne. Par exemple, il réalise qu’il se souvient plus facilement de certaines choses que d’autres dans un jeu.

Il est aussi beaucoup plus efficace pour retrouver un élément précis dans sa mémoire. Il se souvient de mieux en mieux de certains événements de sa vie. Pour l’aider à développer cette habileté, il suffit de s’intéresser à ce qu’il vit et de discuter avec lui de ce qu’il a appris et fait pendant la journée. Il apprend ainsi à partager ses souvenirs. En vieillissant, il aura de plus en plus de choses à raconter.

Au cours de l’enfance, une structure du cerveau appelée hippocampe se développe et travaille en étroite relation avec le cortex préfrontal pour permettre à l’enfant de se rappeler de mieux en mieux où se trouvent certains objets et où se sont déroulés certains événements. Par exemple, il se rappellera que le parc où il est tombé se trouve derrière la maison de ses grands-parents. Les jeux de chasse au trésor sont un bon moyen de favoriser le développement de ce type de mémoire.

De plus, la mémoire de travail, qui utilise beaucoup les zones préfrontales du cerveau, s’améliore de manière importante pendant cette période. Grâce à ces changements neurologiques, la vitesse à laquelle un enfant peut traiter l’information augmente.

À partir de 7 ans

L’enfant développe des stratégies pour mieux mémoriser ce qu’il apprend à l’école. Par exemple, il peut lire à haute voix les mots qu’il doit retenir ou les organiser par groupe (ex. : les noms avec les noms et les verbes avec les verbes). Manipuler divers objets l’aide aussi à mieux se souvenir de différents concepts mathématiques.

Certains processus intellectuels deviennent automatiques en raison d’une utilisation plus efficace de la mémoire. L’enfant peut donc se concentrer et apprendre des activités complexes, comme la lecture, l’écriture et les mathématiques. Par exemple, le fait de connaître les tables d’addition lui permet de faire une opération plus complexe comme 73 + 46 sans avoir à porter beaucoup d’attention aux additions simples comme 3 + 6 ou 7 + 4.

Les zones du cortex préfrontal qui sont responsables de la pensée abstraite, du raisonnement et de la maturité émotionnelle ont toutefois encore besoin de se développer. Les enfants de cet âge ont donc encore de la difficulté à traiter plusieurs informations à la fois et sont plus susceptibles de se sentir dépassés devant trop d’informations.

L’évolution du jeu

De 5 à 8 ans, les progrès cognitifs de l’enfant lui permettent de jouer à des jeux comportant des règles de plus en plus complexes, car il comprend bien leur fonctionnement. L’enfant peut alors utiliser différentes règles en alternance, élaborer des stratégies, formuler des hypothèses et s’organiser dans l’espace. Le niveau d’interactions avec les autres augmente également, et l’enfant aime les jeux de collaboration ou de compétition.

La lecture

Un lien étroit existe entre la maturation du cerveau et l’apprentissage de la lecture.

Lire nécessite l’activation de plusieurs zones du cerveau. L’enfant doit d’abord percevoir les lettres et les mots avec ses yeux. Cette information reçue par le cerveau doit ensuite être décodée. Une région située du côté gauche du cerveau peut alors reconnaître les mots en analysant les caractéristiques des lettres (le nombre de traits, leur orientation, leur taille, leur couleur).

L’analyse se poursuit ensuite dans 2 circuits distincts :

  • La voie dite phonologique, qui permet de convertir les mots en sons. C’est ce circuit qui est le plus actif chez les enfants qui apprennent à lire. Transformer les lettres en sons est une étape clé de l’apprentissage de la lecture.
  • La voie dite lexicale, qui sert à trouver le sens des mots. Au fur et à mesure que le cerveau devient plus mature, ce circuit est de plus en plus utilisé. La zone de reconnaissance des mots se spécialise d’ailleurs vers 7 ou 8 ans.

Chez l’enfant, la maturation progressive du cerveau et l’apprentissage de la lecture permettent l’intégration harmonieuse de ces deux voies et une maîtrise de plus en plus grande de la lecture.

Une fois que les mots écrits ont été convertis en sons et que leur sens a été compris, l’enfant doit les mémoriser. C’est ce qui lui permettra de comprendre le sens d’un texte dans son ensemble. En général, les enfants maîtrisent l’ensemble du processus de lecture en 3e année.

Pour développer ses habiletés de lecture et les réseaux neurologiques qui les supportent, l’enfant doit avoir de nombreuses occasions de lire, que ce soit à la maison ou à l’école. Il doit aussi développer l’intérêt et le plaisir de lire.

Les relations avec les autres

À 5 ans, l’enfant est de plus en plus capable de comprendre les situations qu’il vit et le point de vue d’une autre personne. Cependant, il est encore centré sur son univers. Il n’est pas tout à fait conscient des besoins des autres et peut avoir plus de difficulté à partager son espace et ses biens avec son frère ou sa soeur. Pour cette raison, les conflits avant cet âge portent encore sur la possession d’un objet ou d’un jouet (ex. : « Pourquoi elle a ce jouet et pas moi! »).
L’enfant de 5 ans a encore du mal à choisir les bonnes stratégies ou à appliquer seul un moyen qu’on lui aura proposé. Comme son estime personnelle est encore en construction, il a besoin d’être soutenu par un adulte dans la résolution de ses conflits.
À partir de 7 ans, l’enfant s’ouvre à l’univers des autres et apprend à négocier. Il peut exprimer son point de vue et comprendre l’impact d’un geste positif ou négatif.
Il est plus facile de discuter avec lui de façon logique, de l’aider à exprimer ce qu’il ressent et de l’inciter à réfléchir à des solutions pour résoudre par lui-même les conflits avec ses frères et soeurs. L’enfant est également capable de collaboration et de compromis lors d’une situation plus difficile. À cet âge, les conflits portent davantage sur le sentiment de compétence (ex. : « Je suis moins bon que lui! ») que sur la notion de possession.

L’écriture

Lorsque l’enfant entre à la maternelle, les régions du cerveau responsables de la motricité des mains se développent. L’enfant devient alors capable de bien contrôler les muscles de ses doigts et de ses poignets, ce qui lui sera très utile pour manipuler des objets, pour jouer avec de la pâte à modeler, pour dessiner et pour écrire.

L’apprentissage de l’écriture nécessite le développement de nombreuses habiletés, dont la motricité des mains. Lorsqu’il écrit, l’enfant doit contrôler la force qu’il met à tenir son crayon, se souvenir du sens des tracés et bien enchaîner les mouvements, tout en s’assurant que les lettres qu’il forme respectent le code alphabétique lorsqu’il est en 1re ou en 2e année.

Selon les experts, l’écriture devient automatique vers l’âge de 9 ans. À 6 ans, l’enfant doit donc mettre encore beaucoup d’effort et d’attention pour écrire. Avec la pratique, ses mouvements d’écriture deviennent plus fluides. Il peut alors se concentrer davantage sur ce qu’il écrit.

Le développement neurologique est très important dans l’apprentissage de l’écriture, car ce sont plusieurs régions du cerveau connectées entre elles qui contrôlent la main qui écrit.

Écrire est une activité complexe qui demande l’apprentissage de plusieurs habiletés importantes en littératie. En plus d’avoir une bonne motricité, l’enfant doit apprendre à porter son attention sur le contenu de ce qu’il veut écrire, sur la façon de représenter ses idées dans ses écrits et sur les objectifs de l’écriture, c’est-à-dire les raisons personnelles et sociales de ses écrits.

Quand un enfant écrit, un processus mental d’organisation des connaissances se met en place. Les parents devraient donc encourager leur enfant à écrire, par exemple en lui proposant de réaliser des cartes pour ses amis, d’écrire une lettre ou encore de prendre les commandes par écrit lorsqu’il joue au restaurant.

Attention au stress

Plusieurs études démontrent un effet négatif du stress sur le développement du cortex préfrontal, qui est une zone essentielle pour les apprentissages. Il faut donc être vigilant à l’égard des facteurs susceptibles de provoquer du stress chronique ou répétitif, que ce soit à la maison ou à l’école, par exemple des changements importants comme un déménagement, un manque de contrôle sur la situation ou une faible estime de soi.

À retenir

  • L’enfance est une période très importante du développement du cerveau, notamment en ce qui concerne les connexions qui sont faites entre ses différentes régions.
  • Vivre des expériences riches et variées est essentiel au bon développement du cerveau de l’enfant. Par exemple, apprendre à coordonner ses mouvements, à respecter les autres, à résoudre un problème mathématique et à chanter une chanson favorise le développement neurologique de l’enfant.
  • Les relations entre l’enfant et les adultes qui en prennent soin sont très importantes pour le développement neurologique. Un milieu de vie bienveillant dans lequel l’enfant est soutenu dans ses apprentissages favorise le bon développement de son cerveau.
Naître et grandir

Révision scientifique : Geneviève Cadoret, professeure et chercheuse de l’équipe de recherche Qualité des contextes éducatifs de la petite enfance, UQAM
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Décembre 2023

Photos : iStock.com/NYS444 et BraunS

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • BOUCHARD, Caroline et autres. Le développement global de l’enfant de 0 à 6 ans en contextes éducatifs. 2e éd., Québec, Les Presses de l’Université du Québec, 2019, 516 p.
  • CLOUTIER, Richard et autres. Psychologie de l’enfant. 2e éd., Montréal, Gaëtan Morin Éditeur, 2005, 560 p.
  • DEHAENE, Stanislas. Les neurones de la lecture. Éditions Odile Jacob, 2007, 480 p.
  • ENCYCLOPÉDIE SUR LE DÉVELOPPEMENT DES JEUNES ENFANTS. Cerveau. 2020. enfant-encyclopedie.com
  • LE CERVEAU À TOUS LES NIVEAUX. Université McGill. lecerveau.mcgill.ca
  • PARKER-POPE, Tara et autres. « The Child’s Developing Brain », The New York Times, 2008. nytimes.com
  • SOCIETY FOR NEUROSCIENCE. sfn.org
  • TAU, Gregory Z. et Bradley S. PETERSON. « Normal development of brain circuits », Neuropsychopharmacology Reviews, vol. 35, no 1, 2010, p. 147-168. pubmed.ncbi.nlm.nih.gov
  • TSUJIMOTO, Satoshi et autres. « Prefrontal cortical activation associated with working memory in adults and preschool children: An event-related optical topography study », Cerebral Cortex, vol. 14, no 7, 2004, p. 703-712. pubmed.ncbi.nlm.nih.gov

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