Voici des livres qui permettent aux enfants de 8 ans et moins d’apprivoiser les réalités autochtones.
23 septembre 2025 | Les livres sont un bon moyen de faire découvrir à votre enfant les cultures et les réalités des différentes communautés autochtones. Un libraire de la librairie Hannenorak, située dans la communauté Wendat de Wendake près de Québec, propose 15 titres pour le familiariser avec des mots et des traditions des Premiers Peuples, mais aussi avec des sujets difficiles comme les pensionnats autochtones.
De 0 à 3 ans
Les animaux arctiques de 1 à 10
« Cet album tout carton permet aux tout-petits d’apprendre à compter de 1 à 10 tout en découvrant des animaux arctiques bien connus des peuples inuit », explique Jérémy Lévesque, libraire à la librairie Hannenorak. On y suit Kuluk et Asa qui comptent tous les animaux qu’ils croisent sur la banquise comme une bande de morses, un banc de narvals et une harde de caribous. L’autrice aux origines inuit y présente même un mot en inuktitut, le ulu (qui se prononce OU-lou), un couteau traditionnel en forme de croissant utilisé par les femmes.
Les animaux arctiques de 1 à 10, C. Apunnguaq Lynge, Éditions Les malins, 2025, 26 p., 14,95$.
Quel est mon superpouvoir?
Nalvana habite avec sa maman dans un petit village inuit où l’hiver est toujours plus long que l’été. Elle adore se déguiser en superhéroïne. Elle trouve que tous ses amis ont des superpouvoirs, comme Davidee qui peut courir plus vite qu’une motoneige et Joanasie qui peut sculpter n’importe quel animal dans la neige. Elle cherche donc à trouver le sien. « Le sujet est assez universel, un enfant qui cherche à savoir ce qui le rend unique, note Jérémy Lévesque. Mais le livre permet de découvrir plusieurs mots en inuktitut avec un lexique à la fin. On y apprend notamment le mot anaana qui veut dire maman. » L’autrice, Aviaq Johnston, est une Inuk de la communauté d’Igloolik au Nunavut.
Quel est mon superpouvoir?, texte : A. Johnston, ill. : T. Mack, Éditions Les malins, 2019, 32 p., 21,95$.
La Journée du chandail orange, c’est aujourd’hui
« Aujourd’hui, nous portons la couleur orange. Aujourd’hui, nous nous rassemblons. Aujourd’hui, nous sommes à l’écoute », peut-on lire dans les premières pages de cet album tout carton. Ce livre écrit par la fondatrice de la Journée du chandail orange est spécialement conçu pour les tout-petits. « Avec de courtes phrases et de merveilleuses images et textures, ce livre parle d’une manière touchante de la journée du 30 septembre. Il est superbe et parfait pour les 0-3 ans! », se réjouit le libraire Jérémy Lévesque.
La Journée du chandail orange, c’est aujourd’hui, texte : P. Webstad, ill. : N. Davies, Medicine Wheel Publishing, 2025, 24 p., 14,95$.
À partir de 3 ans
La mélodie des petits fruits
« Dans cet album grand format avec de très beaux dessins, une grand-mère explique la cueillette des petits fruits à sa petite fille, mentionne Jérémy Lévesque. C’est l’occasion d’aborder des thèmes comme la transmission des connaissances entre générations et le respect de la nature. » L’autrice et illustratrice en profite pour présenter les noms autochtones de plusieurs petits fruits. Michaela Goade est originaire de la Nation Tlinguit et a grandi sur une île en Alaska, là où les petits fruits sont considérés comme des cadeaux de la terre.
La mélodie des petits fruits, M. Goade, traduction : N. Kanapé Fontaine, Bayard Canada, 2024, 32 p., 20,95$.
Nous sommes les protecteurs de l’eau
Le libraire Jérémy Lévesque présente cet album aux illustrations colorées comme une ode à la solidarité des peuples autochtones pour la défense de l’eau et de la nature. « Le livre utilise la métaphore du combat contre le grand serpent noir pour parler des luttes autochtones contre la construction de pipelines de pétrole sur leurs territoires. » Avec ce livre, l’autrice Carole Lindstrom, originaire des Nations Anichinabé et Métis, veut inspirer tout le monde, et pas seulement les Autochtones, à se rassembler pour protéger l’eau de la planète.
Nous sommes les protecteurs de l’eau, texte : C. Lindstrom, ill. : M. Goade, traduction : G. Muguet et N. Kanapé Fontaine, Bayard Canada, 2021, 40 p., 21,95$.
Les étoiles m’ont chanté ton nom
En attendant son bébé, une future maman rassemble dans un sac des éléments de la nature à lui donner en cadeau pour lui montrer son amour et lui rappeler son identité. Avec cet album superbement illustré à l’aquarelle, l’autrice de la Nation Inniniwak présente un concept traditionnel autochtone selon lequel un enfant choisit ses parents. « On y parle par exemple de la nature qui envoie un sens à la vie que la mère porte », souligne Jérémy Lévesque. L’album se veut un hommage à la maternité et à l’amour qui grandit dans l’attente d’un enfant.
Les étoiles m’ont chanté ton nom, texte : T. Spillett-Sumner, ill. : M. Goade, traduction : N. Kanapé Fontaine, Bayard Canada, 2023, 32 p., 20,95$.
Petits souliers
James est un petit garçon qui se pose de grandes questions. Un jour, sa kōkom (grand-mère) l’amène à une marche en l’honneur des enfants autochtones qui ne sont jamais revenus des pensionnats. Il apprend que sa kōkom est allée dans une de ses écoles. Troublé par cette découverte, il trouve du réconfort auprès de sa mère. « Elle le rassure en lui disant que sa grand-mère n’était pas seule, elle avait une soeur qui pouvait la réconforter, indique Jérémy Lévesque. Un beau livre qui aborde les traumatismes générationnels causés par les pensionnats avec un angle nouveau. » L’auteur de la Nation Crie de Norway House au Manitoba a trouvé son inspiration dans l’histoire de sa famille.
Petits souliers, texte : D. A. Robertson, ill. : M. McKibbin, Scholastic, 2025, 48 p., 15,99$.
Hommages et célébrations : deux dates à retenirVoici deux journées importantes qui donnent l’occasion de rendre hommage aux peuples autochtones du pays. - 30 septembre : La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation et la Journée du chandail orange se tiennent toutes les deux le 30 septembre. La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation a été créée par le gouvernement fédéral en 2021 pour rendre hommage aux enfants disparus et aux survivants des pensionnats ainsi qu’à leurs familles et à leurs communautés. La Journée du chandail orange, de son côté, est organisée par les communautés autochtones. Elle a été créée en 2013 par Phyllis Webstad, une autrice de la Première Nation Stswecem’c Xgat’tem en Colombie-Britannique et survivante des pensionnats. Les gens sont encouragés à porter des vêtements orange le 30 septembre pour se souvenir des enfants arrachés à leurs parents afin d’être envoyés dans des pensionnats autochtones. Cette journée dont le slogan est « Chaque enfant compte » vise aussi à rappeler les traumatismes intergénérationnels causés par le système de pensionnat sur les communautés autochtones du Canada. Le 30 septembre représente le moment de l’année où les enfants autochtones étaient forcés de quitter leur famille pour aller dans les pensionnats.
- 21 juin : Cette date correspond au solstice d’été, le jour le plus long de l’année. La journée du 21 juin, qui marque une période de renouveau, est fêtée depuis des générations dans de nombreuses communautés autochtones. Au Canada, cette date a été désignée Journée nationale des peuples autochtones en 1996 par le gouverneur général Roméo LeBlanc. C’est l’occasion de reconnaître et de célébrer les cultures, les langues et les traditions des Premières Nations, des Inuit et des Métis. Juin est aussi le mois national de l’histoire autochtone.
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Avec nos coeurs orange
L’autrice Phyllis Webstad avait 6 ans lorsqu’elle a porté son nouveau chandail orange pour entrer au pensionnat. Dès le premier jour, on lui a retiré son chandail et elle ne l’a plus jamais revu. Dans ce livre, la fondatrice de la Journée du chandail orange décrit comment raconter son histoire et les émotions liées à cette expérience l’a aidée à comprendre qu’elle pouvait guérir. « Les enseignants et les parents aiment beaucoup ce livre qui explique de manière simple et positive le mouvement de solidarité derrière le chandail orange », note Jérémy Lévesque. L’enfant peut comprendre que parler de ce qu’il vit, c’est important et que porter des vêtements orange le 30 septembre permet de se retrouver ensemble réuni comme une grande famille.
Avec nos coeurs orange, texte : P. Webstad, ill. : E. Kewageshig, Medicine Wheel Publishing, 2022, 24 p., 10,99$.
Mikuniss, ma petite soeur
Lora explique à sa petite soeur Mikuniss l’origine de son prénom. C’est parce qu’elle est née le jour exact de l’ouverture de la chasse aux canards qu’on l’appelle Mikuniss, un mot qui veut dire « petite plume ». Et elle porte bien son prénom, car elle est petite et gracieuse comme un oiseau et légère comme une plume! « Ce livre rend hommage aux familles qui choisissent des prénoms en langue autochtone pour leurs enfants », explique Jérémy Lévesque. L’autrice qui est membre de la Nation Ilnu de Mashteuiatsh au bord du Pekuakami (le lac Saint-Jean) signe ici le premier d’une série de trois albums sur les prénoms décolonisés.
Mikuniss, ma petite soeur, texte : J. Gill, ill. : A. Courtois, Éditions Hannenorak, 2024, 36 p.,16,95$.
À partir de 4 ans
Le chandail orange de Miya
Miya apprend à l’école l’histoire derrière la Journée du chandail orange, celle des enfants autochtones retirés de leur famille pour être envoyés au pensionnat. Elle rentre chez elle bouleversée. Elle est la seule enfant autochtone de sa classe et elle a peur d’être elle aussi enlevée à sa maman. « L’approche attentive de la mère est d’une sensibilité touchante, dit Jérémy Lévesque. Ce livre est d’une pertinence irréprochable pour la journée du 30 septembre. » L’autrice de la communauté Crie-Eeyou de Vancouver s’est inspirée des craintes et de la tristesse éprouvées par sa propre fille à l’idée d’être envoyée dans un pensionnat pour écrire cette histoire. Une excellente façon de démontrer les effets à long terme des traumatismes intergénérationnels.
Le chandail orange de Miya, texte : W. John-Kehewin, ill. : E. Rodriguez Medina, Éditions Isatis, 2025, 40 p. 24,00$.
La poche secrète
« Cette histoire démontre la solidarité qui existait entre les enfants autochtones qui fréquentaient les pensionnats, explique le libraire Jérémy Lévesque. C’est l’histoire vraie de jeunes filles qui trouvent le moyen de coudre des poches secrètes dans leurs robes pour y cacher de la nourriture de leur communauté. Le livre illustre bien le combat mené pour garder leur culture. » L’autrice Peggy Janicki de la Première Nation Nak’azdli Whut’en, en Colombie-Britannique, a puisé dans les souvenirs de sa mère pour écrire ce livre rempli d’espoir.
La poche secrète, texte : P. Janicki, ill. : C. Victor, Orca Book Publishing, 2025, 32 p., 21,95$.
À partir de 5 ans
Où est ma fille?
L’histoire est difficile, mais magnifiquement illustrée. « C’est mon coup de coeur en littérature autochtone jeunesse », affirme Jérémy Lévesque. Après deux années passées au pensionnat, Margaret est heureuse de retourner chez elle dans l’Arctique, mais sa mère ne la reconnaît plus. « Elle a les cheveux courts, elle parle anglais et elle se fait appeler Margaret au lieu d’Olemaun, raconte le libraire. Avec difficulté, la fillette doit réapprendre sa culture et ses traditions inuit. Le retour est ardu, mais l’histoire finit bien. » Le livre raconte l’expérience vécue par une des autrices, Margaret Pokiak-Fenton de la Nation Inuvialuit.
Où est ma fille, texte : C. Jordan-Fenton et M. Pokiak-Fenton, ill. : G. Grimard, Scholastic, 2022, 36 p., 12,99$.
Nutshimit : un bain de forêt
Cet album documentaire réunit le talent de l’autrice Melissa Mollen Dupuis et de l’illustratrice chouchou des enfants Élise Gravel. Avec humour, l’autrice de la Nation Innu d’Ekuanitshit sur la Côte-Nord partage ses connaissances sur les trésors de la forêt. « Melissa y présente un petit cours sur la culture innu avec le style loufoque d’Élise Gravel. C’est un duo parfait, estime Jérémy Lévesque. Le livre permet aux enfants d’en apprendre beaucoup sur des sujets variés comme l’importance du caribou dans la culture innu, le tressage d’herbe et la recette de la bannique, un pain mangé par les autochtones. » Il présente également beaucoup de mots d’arbres, de plantes et d’animaux en langue innu-aimun.
Nutshimit : un bain de forêt, texte : M. Mollen Dupuis, ill. : É. Gravel, Scholastic, 2023, 88 p., 22,99$.
À partir de 6 ans
Chaque enfant compte
Ce livre écrit par la fondatrice de la Journée du chandail orange aide les enfants à comprendre le sens du slogan « Chaque enfant compte ». « Avec des phrases courtes et de belles images, cet album se démarque par sa simplicité à expliquer des choses assez complexes », soutient le libraire Jérémy Lévesque. La survivante des pensionnats y raconte que pendant longtemps, elle a cru qu’elle ne comptait pas. « Je sais maintenant que j’ai le droit de marcher sur cette terre et de respirer cet air comme tout le monde. Les autres ne sont pas meilleurs que moi. Je compte », écrit l’autrice membre de la Première Nation Stswecem’c Xgat’tem en Colombie-Britannique.
Chaque enfant compte, texte : P. Webstad, ill. : K. Harvey, Medicine Wheel Publishing, 2023, 45 p. 24,95$.
Quand j’avais huit ans
Olemaun est une petite fille curieuse de 8 ans qui supplie son père de la laisser aller à l’école pour y apprendre à lire. Elle devra affronter les humiliations d’une religieuse qui lui fait la vie dure et faire preuve de beaucoup de courage pour y arriver. Ce livre, c’est l’histoire vraie de l’autrice Margaret Pokiak-Fenton, une Inuvialuite (peuple inuit de l’ouest de l’Arctique canadien), décédée en 2021. « Cette immersion dans le monde des pensionnats est plus choquante pour les enfants, souligne Jérémy Lévesque. Mais c’est important d’en parler et il y a de l’espoir à la fin. »
Quand j’avais huit ans, texte : C. Jordan-Fenton et M. Pokiak-Fenton, ill. : G. Grimard, Scholastic, 2023, 32 p., 12,99$.
S’informer pour mieux sensibiliser son enfantVoici des ressources pour vous aider à en apprendre davantage sur les réalités autochtones avant d’en parler avec votre enfant : - Autochtones 102, vidéo réalisée par Picbois Productions en collaboration avec Télé-Québec.
- L’ABC des autochtones, glossaire réalisé par la section Espaces autochtones de Radio-Canada.
- Mikana, organisme d’éducation et de sensibilisation aux réalités des peuples autochtones.
- Mikinak, guide de sensibilisation, Conseil en Éducation des Premières Nations.
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Julie Leduc – Équipe Naître et grandir