Détrôner l’enfant-roi: des conseils pour aider les parents

Détrôner l’enfant-roi: des conseils pour aider les parents
Détrôner l’enfant-roi: des conseils pour aider les parents
Qui est l’enfant-roi? Comment se manifeste-t-il? Peut-on corriger la situation? Un livre du psychoéducateur Germain Duclos fait le tour de la question.

19 juin 2024 | Psychoéducateur et orthopédagogue de renom, Germain Duclos, vient de publier le livre « Détrôner l’enfant-roi » aux Éditions CHU Sainte-Justine. En 42 ans de carrière, il a reçu des enfants-rois en consultation et, avec ce livre, il souhaite aider les familles. Nous nous sommes entretenus avec lui pour en savoir plus sur ce profil d’enfant.

Pourquoi un livre sur l’enfant-roi?

« Il y a une dizaine d’années, on parlait beaucoup de l’enfant-roi et de nos jours, beaucoup moins. J’arrive d’une tournée de six conférences en France et j’ai remarqué que bien des parents se sentent désemparés et impuissants face à l’enfant-roi. Même si dans ma carrière, l’enfant-roi représente une minorité de cas, et même si c’est un phénomène difficile à quantifier, il n’en demeure pas moins que les parents en parlent. Ça demeure un enjeu important dans certaines familles. »

Comment un enfant devient-il un enfant-roi?

« Dès le départ, les parents de l’enfant-roi le voient comme parfait. Pendant la grossesse, ils anticipent à quel point le bébé sera intelligent, beau, social. Quand il vient au monde, il est l’enfant rêvé, mais avec le temps, eh oui, il a des limites, il a des lacunes. Les parents savent peut-être qu’ils l’ont idéalisé, mais au lieu d’être déçus, ils le voient toujours comme parfait. Et alors, ils veulent à leur tour être des parents parfaits. Ils cèdent aux caprices de l’enfant, ils ne veulent pas de conflits, alors ils lui donnent tout. En plus, ils sont soucieux de ce que les autres pensent d’eux. »

Comment se manifeste l’enfant-roi?

« Il est normal que dans ses premières années de vie un enfant soit égocentrique, mais chez l’enfant-roi, les conduites qui en découlent persistent dans le temps. Il fonctionne aussi principalement par plaisir – il n’est pas ancré dans la réalité. L’enfant-roi est rarement satisfait. Il tolère peu la frustration. Dans ses rapports avec les autres, il est difficile : il méprise les adultes, surtout ceux qui essaient de le ramener à l’ordre et il a de la misère à se faire des amis. Il impose ses jeux. Bref, tout est centré sur lui! L’enfant-roi pourrait, à long terme, développer les traits propres aux narcissiques, comme le fait de ne pas accepter de se faire contredire, le sentiment de toute-puissance, les rêves irréalistes, la manipulation, l’asociabilité.

Et on pourrait dire qu’il est le symptôme de notre société occidentale. Nous avons ici une culture très individualiste où les droits personnels prennent beaucoup de place. Règle générale, nous avons peu de préoccupations envers la collectivité. »

Peut-on corriger la situation? Si oui, comment?

« En tant que parent, on a deux grandes tâches : satisfaire les besoins de notre enfant. Je parle des besoins liés au développement et non pas des désirs, il ne faut pas confondre les deux. Par exemple, les besoins de sécurité, d’amour, d’attachement, de stimulation et de socialisation. Et la seconde tâche, c’est de lui transmettre des valeurs comme l’honnêteté, le respect, la responsabilité. On fait cela de deux façons : on donne l’exemple et on établit des règles de conduite. On le sait, l’enfant-roi supporte mal les règlements, car cela va à l’encontre de son principe de plaisir. Il faut donc en établir quelques-uns, disons un maximum de six pour les enfants entre 6 et 12 ans. Et ces règles doivent respecter les 5 « C » : elles doivent être claires, concrètes, constantes, conséquentes et cohérentes. Le nerf de la guerre, ici, c’est la constance et la fermeté.

La socialisation aide aussi l’enfant-roi à se dégager de son égocentrisme et à agir en conséquence de la rétroaction des autres. Cela le pousse dans une sorte de déséquilibre positif : il est forcé de se questionner et de se repositionner. Les parents doivent alors reconnaître ses difficultés à s’adapter et l’aider à évoluer. Et il n’est jamais trop tard pour agir et rectifier une situation : les enfants ont tendance à vouloir être comme leurs parents. Si ceux-ci prêchent par l’exemple, s’ils sont des modèles, les enfants vont vouloir les imiter. »

Les propos ont été édités par souci de clarté et de concision.

Propos recueillis par Maude Goyer – Équipe Naître et grandir

Naître et grandir

Photo : GettyImages/PeopleImages

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