Une Commission émet ses recommandations pour une utilisation saine des écrans chez les enfants.
29 mai 2025 | Les parents ont besoin d’être plus informés et outillés pour encadrer l’utilisation des écrans par leurs enfants. C’est un des constats de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes qui vient de déposer son rapport final.
Après un an de travaux, la Commission a présenté un rapport qui compte 56 recommandations visant à favoriser un équilibre entre l’utilisation des écrans et le bien-être des enfants et des jeunes. Pour le rédiger, 70 experts et organismes ont été entendus en audience publique, plus de 500 jeunes ont été rencontrés dans les écoles et plus de 7 000 personnes, dont la moitié était des parents, ont répondu à une consultation en ligne.
Voici les recommandations qui apportent des pistes de solution concrètes pour les enfants et leur famille.
Mieux informer les parents
Lors de la présentation du rapport, la députée Amélie Dionne, présidente de la Commission, a mentionné avoir été marquée par les témoignages des parents. « Ça m’a frappé à quel point les parents se sentent démunis devant le phénomène de l’ère numérique, a-t-elle dit. On a vu qu’il y avait une partie d’éducation et de sensibilisation à faire. »
Ainsi, la Commission recommande au gouvernement du Québec de mettre en place une stratégie nationale d’information et de sensibilisation pour informer les parents sur les effets négatifs des écrans et les outiller sur la façon de développer un rapport sain au numérique.
Cette stratégie d’information devrait encourager les parents à :
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montrer le bon exemple, notamment en matière de temps d’écran;
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éviter d’exposer leurs enfants aux écrans avant l’heure du coucher;
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interdire les écrans dans les chambres;
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prendre conscience des risques associés à la sédentarité et mettre en place les mesures nécessaires pour les éviter;
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accompagner leur tout-petit lors des temps d’écran;
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utiliser des outils de contrôle parental pour limiter le temps d’écran;
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éviter l’utilisation des écrans lors de moments en famille (soupers, activités communes);
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éviter l’utilisation systématique des écrans pour calmer ou distraire les enfants;
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éviter le contenu qui n’est pas adapté au développement de leur enfant;
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prendre conscience des risques associés au partage d’images de leur enfant sans leur consentement comme l’hypertrucage et la cyberexploitation;
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mieux protéger la vie privée de leur enfant;
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prendre conscience des risques liés aux mécanismes de monétisation et aux lots aléatoires présents dans les jeux vidéo.
La Commission souhaite aussi que les parents puissent avoir accès à plus d’outils pour savoir comment gérer le temps d’écran dans leur famille. Ainsi, elle recommande d’intégrer des contenus sur l’usage des écrans, en fonction de l’âge des enfants, dans les principales sources d’information destinées aux parents. Les contenus pourraient par exemple être présentés dans des infographies simples et accessibles distribuées aux parents dans les cours prénataux, les milieux de garde ou à école.
Plus de jeux sans écran
« Lorsqu’on les interroge sur leurs préférences entre le temps passé devant un écran et d’autres types d’activités, les jeunes, tous âges confondus, répondent spontanément qu’ils préfèrent les activités sans écrans », peut-on lire dans le rapport de la Commission.
« Les jeunes sont conscients qu’ils passent trop de temps sur leurs écrans, a mentionné le député Enrico Ciccone, vice-président de la Commission. Cependant, ils veulent se faire offrir d’autres options. » Il a avoué avoir été bouleversé lors des rencontres dans les écoles en constatant que tous les jeunes interrogés ont dit vouloir faire plus d’activités avec leur parent. « Ils pensaient tous qu’ils seraient moins sur leur téléphone s’ils faisaient plus d’activité en famille », a ajouté le député.
La Commission recommande donc d’optimiser l’utilisation des infrastructures existantes, comme les parcs et les gymnases, pour permettre aux familles d’y faire des activités gratuites ou à faible coût. « Ça n’a pas besoin de coûter très cher, a indiqué Amélie Dionne. Ça peut être juste de mettre de l’éclairage dans un parc le soir ou de rendre un gymnase d’école accessible la fin de semaine pour que les enfants puissent s’y amuser. »
Interdiction du cellulaire à l’école et autres recommandations
La Commission avait annoncé en avril dernier qu’elle recommandait l’interdiction du cellulaire partout et en tout temps à l’école. Le gouvernement a d’ailleurs déjà décidé d’aller de l’avant avec cette proposition à partir de la prochaine rentrée scolaire.
Voici d’autres recommandations visant à encourager une utilisation saine des écrans chez les enfants.
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Que l’accès aux réseaux sociaux soit interdit avant l’âge de 14 ans sans le consentement d’un tuteur légal.
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Que les publicités ciblées, les microtransactions et les lots aléatoires payants qui permettent d’acheter des récompenses virtuelles soient interdits dans les jeux vidéo s’adressant aux enfants.
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Que les écoles évitent d’utiliser les écrans comme récompenses et privilégient plutôt les activités physiques, la lecture et les activités sociales pour faire plaisir aux élèves.
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Que la protection des renseignements personnels des jeunes soit améliorée sur les réseaux sociaux.
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Que la Loi sur la protection du consommateur portant sur la publicité destinée aux enfants de moins de 13 ans soit actualisée en tenant compte du contexte numérique actuel comme le marketing d’influence et la publicité en ligne.
Pas de recommandations pour les services de garde à l’enfanceLa Commission n’a pas mis dans son rapport de recommandations pour les garderies parce qu’une directive existe déjà. Le Règlement sur les services de garde éducatifs à l’enfance mentionne que les éducatrices et éducateurs sont autorisés à utiliser un écran (ex. : téléviseur, ordinateur, tablette) uniquement pour un usage lié au programme éducatif. De plus, l’utilisation d’un écran en milieu de garde : -
est interdite avec des enfants de moins de 2 ans;
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ne doit pas dépasser 30 minutes dans une même journée;
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doit se faire de temps en temps (et non régulièrement, par exemple pas tous les jours après le dîner ou pas tous les vendredis après-midi).
« Ce qui est important pour nous c’est de sensibiliser les intervenants de la petite enfance à appliquer ce règlement », a précisé Amélie Dionne, la présidente de la Commission. |
Julie Leduc – Équipe Naître et grandir
Photos : GettyImages/Thampapon et galitskaya