Guerre tarifaire: comment répondre aux enfants et les rassurer

Guerre tarifaire: comment répondre aux enfants et les rassurer
Guerre tarifaire: comment répondre aux enfants et les rassurer
Comment répondre à votre enfant s’il pose des questions sur la guerre tarifaire et les menaces de Donald Trump envers le Canada?

24 mars 2025 | Les nouveaux tarifs douaniers et la menace du président américain Donald Trump d’annexer le Canada aux États-Unis sont source d’inquiétudes et d’anxiété pour plusieurs. Que faire quand la situation préoccupe aussi les enfants?

Il est bien possible que votre enfant ait entendu les mots « guerre tarifaire » à quelques reprises que ce soit à la radio, à la télévision, lors d’une conversation entre adultes ou dans la cour d’école. L’idée que le Canada devienne un État des États-Unis a également pu faire son chemin jusqu’à lui. Voici des conseils pour réagir selon ce qui inquiète votre enfant.

Comment répondre à votre enfant?

Si votre enfant pose des questions, il faut lui répondre, mais de manière simple, rassurante et avec des mots adaptés à son âge. « Les enfants veulent sentir que leur monde est stable et sécurisant », soutient Julie Raymond, psychologue. Ce n’est donc pas le moment d’exprimer votre colère envers Donald Trump ni d’entrer dans les détails de la politique américaine.

Selon la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier, s’informer sur ces enjeux est une bonne idée : « Ça permet ensuite de les expliquer de manière simple aux enfants qui posent des questions ». « On peut demander à son enfant ce qu’il comprend de ce qu’il a entendu », mentionne pour sa part Jean-François Bureau, professeur titulaire à la Faculté des sciences sociales de l’École de psychologie de l’Université d’Ottawa. Cela permet de répondre à ses questions sans aller au-delà de celles-ci et sans donner trop de détails.

Le mot « guerre » fait peur à votre enfant?

Il faut en rester aux faits et dire qu’il n’y a pas de guerre comme il peut se l’imaginer, avec des fusils et des bombes. « Vous pouvez dire à votre enfant que c’est une chicane qui va éventuellement se régler », suggère Jean-François Bureau.

Vous pouvez aussi illustrer la guerre tarifaire comme une chicane entre amis pour un jouet, propose de son côté la psychologue Julie Raymond. Elle suggère de préciser à votre enfant qu’« il y a des personnes importantes qui travaillent à trouver des solutions », qu’il est en sécurité et qu’il peut donc continuer à jouer sans s’inquiéter.

Votre enfant demande si c’est vrai que le Canada fera partie des États-Unis?

Il faut éviter de répondre par « peut-être », ce serait insécurisant. Julie Raymond propose d’utiliser l’image de deux voisins pour parler de la menace d’annexion.

La psychologue suggère de dire par exemple : « Parfois, les voisins discutent de projets ensemble, mais chacun garde sa maison et ses propres règles. Le Canada restera le Canada et on gardera notre façon de vivre ».

Votre enfant demande pourquoi vous n’achetez plus tel produit ou n’allez pas aux États-Unis cet été?

Vous pouvez dire à votre enfant que ne pas encourager des compagnies américaines est une façon que plusieurs personnes utilisent pour manifester leur désaccord avec les décisions de Donald Trump. « Ça transmet l’idée que devant des situations frustrantes, on n’est pas impuissant et que ça peut se faire dans le respect », mentionne Geneviève Beaulieu-Pelletier.

Vous pouvez aussi expliquer vos actions comme un geste d’appui aux compagnies d’ici en utilisant les mots « solidarité » et « entraide », suggère Jean-François Bureau. Il peut aussi être rassurant de préciser à votre enfant que cela ne signifie pas que vous n’achèterez plus jamais tel produit ou ne retournez plus aux États-Unis.

Si votre enfant ne parle pas du conflit avec les États-Unis, devriez-vous lui en parler?

Si votre enfant agit comme à l’habitude, il n’est pas nécessaire de lui poser des questions, croit Geneviève Beaulieu-Pelletier, surtout pour un tout-petit de moins de 5 ans. « Toutefois si votre enfant a 7 ou 8 ans, vous pouvez lui demander s’il a entendu parler de ce qui se passe, conseille la psychologue. Si ça ne l’intéresse pas, n’insistez pas, et dites-lui qu’il peut venir vous voir s’il a des questions. »

Et bien sûr, quel que soit son âge, si votre enfant montre des changements d’humeur et de comportement, il faut lui poser des questions pour essayer de comprendre ce qui ne va pas.

Vous êtes vous-même inquiet?

Il ne faut pas nier vos inquiétudes si votre enfant s’aperçoit de votre état. Vous pouvez lui dire simplement que vous n’aimez pas cette chicane. L’inquiétude et la colère sont souvent causées par un sentiment d’impuissance. Pour mieux gérer vos émotions et ne pas les transmettre à votre enfant, la psychologue Geneviève Beaulieu Pelletier propose de réfléchir à des façons de retrouver un sentiment de contrôle dans votre quotidien et de vous concentrer là-dessus. Par exemple, cela peut être en boycottant certains produits, mais aussi en conservant vos habitudes et en veillant à vos besoins (ex. : sport, loisir et sommeil). De plus, il est essentiel d’éviter la surexposition aux nouvelles pour ne pas nourrir vos inquiétudes.

Roxanne Bélair – Équipe Naître et grandir

Naître et grandir

Photo : GettyImages/diane555

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