S’adapter aux tempéraments des enfants pour mieux intervenir

S’adapter aux tempéraments des enfants pour mieux intervenir
S’adapter aux tempéraments des enfants pour mieux intervenir
Voyez comment tenir compte du tempérament d’un enfant pour soutenir son développement et ses apprentissages

12 septembre 2023 |Timide, inquiet, colérique, inattentif, énergique… Ajuster ses attentes et ses interventions selon le tempérament d’un enfant pourrait l’aider à la garderie et à l’école, démontre une étude canadienne.

« Par hasard, notre étude a débuté avec la pandémie, indique Élizabeth Harvey, une des auteures de l’étude et professeure en sciences de l’éducation à l’Université Sainte-Anne en Nouvelle-Écosse. Au printemps 2020, on a mesuré le tempérament de 316 enfants âgés en moyenne de 3 ½ ans à l’aide d’un questionnaire complété par leurs parents. Au printemps 2021, on a évalué leur développement à partir d’un autre questionnaire. »

Le tempérament de l’enfant, c’est la réaction constante qu’il adopte face aux stimulations de son environnement. C’est sa façon de réagir et d’agir face aux situations.

Le but était de déterminer si le développement des enfants variait en fonction des profils de tempérament établis. L’étude a révélé la présence de quatre profils de tempérament parmi les participants :

  • 41,5 % des enfants étudiés avaient un profil timide et inquiet;
  • 29,1 % avaient un profil énergique et attentif;
  • 16,1 % présentaient un profil colérique et inattentif;
  • 13,3 % montraient un profil calme et persévérant.

Être calme et persévérant, un atout

L’évaluation du développement de ces enfants réalisée un an plus tard indique que ceux du groupe « calme et persévérant » avaient des habiletés supérieures aux autres dans les domaines de la communication, de la motricité fine, de la résolution de problèmes et des habiletés sociales.

L’étude n’a pas montré de différences dans le développement de la motricité globale. Tous les enfants étudiés avaient à peu près les mêmes habiletés dans ce domaine, peu importe leur profil.

Les enfants au profil « colérique-inattentif » montraient de leur côté une motricité fine plus faible que celle des enfants au profil « énergique et attentif ». « En bref, les résultats montrent que les enfants calmes et persévérants arrivent avec de meilleures dispositions à la garderie ou à l’école », mentionne la chercheuse. On parle ici d’enfants tranquilles, qui n’ont pas de défis de comportement et qui sont capables de s’investir dans une tâche.

« On ne peut toutefois pas s’attendre à ce que tous les enfants soient calmes et persévérants, prévient Élizabeth Harvey. Chacun naît avec son tempérament. Ce profil ne représente que 13 % de notre échantillon. Cela veut dire que 77 % des enfants n’ont pas le profil le plus avantageux. »

Des interventions influencées par le tempérament

Pour la chercheuse, l’étude démontre l’importance d’ajuster nos attentes et nos interventions au tempérament des enfants pour les aider à bien se développer et à vivre des expériences positives à la garderie ou à l’école. Parce que le tempérament influence aussi la façon dont les adultes réagissent.

Par exemple, un enfant qui réagit toujours de manière négative à la garderie, qui n’est jamais content et qui a tendance à se mettre en colère peut amener une éducatrice à être plus impatiente avec lui et à utiliser davantage de mesures de conséquences. Il y a alors danger d’entrer dans une spirale d’interventions négatives qui va accentuer les comportements négatifs de l’enfant.

Comment s’adapter au tempérament d’un enfant?

« Comme adulte, il faut comprendre que le comportement est une manifestation du tempérament, dit Élizabeth Harvey. L’enfant n’adopte pas un comportement pour nous faire réagir, c’est son tempérament qui ressort. Comprendre ça, nous amène à voir comment on peut agir pour favoriser qui il est comme enfant et définir nos attentes envers lui. »

Lorsqu’il y a une meilleure harmonie entre le tempérament de l’enfant et nos exigences, ce dernier collabore plus et se développe mieux. Cela vaut autant pour le personnel éducateur et enseignant que pour les parents. Voici des conseils pour y arriver :

  • Apprenez à reconnaître le tempérament de votre enfant et essayez d’identifier ses forces et ses défis;
  • Acceptez ses différences individuelles et le fait qu’il peut avoir besoin de plus de temps et d’accompagnement pour composer avec certaines exigences;
  • Proposez-lui des activités pour l’aider à se développer dans les domaines qui présentent plus de défis pour lui. Par exemple, les jeux de rôles et les jeux de société peuvent l’aider à apprendre à attendre son tour et à se contrôler quand il vit une frustration;
  • Soyez un bon modèle, par exemple pour gérer vos émotions et persévérer dans une tâche;
  • Assurez-vous que la majorité des activités que fait votre enfant correspondent à son tempérament.

Réduire les diagnostics en tenant compte du tempérament des enfants?

Selon Élizabeth Harvey, si on s’attardait davantage au tempérament des enfants pour ajuster nos exigences, notamment à l’école, il y aurait moins de diagnostics, par exemple de TDAH. « Cette idée n’est pas soutenue par des études, c’est mon opinion professionnelle, précise celle qui a aussi été psychologue scolaire. Mais si je m’intéresse au tempérament, c’est parce que ça nous éloigne d’une approche médicale. Ça nous permet d’avoir une approche globale de qui est l’enfant. Je ne dis pas que le TDAH n’existe pas. Il y a vraiment des enfants qui ont des défis neurologiques et qui ont besoin de médication. Mais ce ne sont pas tous les enfants actifs, énergiques, colériques et inattentifs qui ont un TDAH. Parfois, c’est une question de tempérament. »

 

Pour en savoir plus, consultez notre fiche Personnalité et tempérament

 

Julie Leduc – Équipe Naître et grandir

Naître et grandir

Photo : GettyImages/Rawpixel

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