Comment les technologies permettent aux grands-parents de rester proches de leurs petits-enfants?
12 juin 2023 | Plusieurs grands-parents utilisent les technologies pour communiquer avec leurs petits-enfants. Une petite étude québécoise démontre que c’est un outil efficace pour maintenir et nourrir leur relation, peu importe la distance qui les sépare.
Bien des grands-parents utilisaient les écrans (ordinateurs, cellulaires ou tablettes) avant la pandémie pour rester en lien avec leurs petits-enfants. C’est entre autres ce que démontrent les réponses obtenues par Paul Hayotte dans le cadre de sa thèse de doctorat en psychologie, complétée récemment à l’UQAM.
Le diplômé a étudié la place des technologies durant les cinq premières années de la relation grand-parentale. Pour ce faire, il a questionné, en 2018, 366 grands-parents québécois ayant au moins un petit-enfant de 5 ans et moins afin de connaître leur utilisation des écrans.
Bienfaits des technologies pour les grands-parents
Que ce soit via un téléphone cellulaire, une tablette ou un ordinateur, la majorité des grands-parents sondés utilisent les appels vidéo pour entrer en contact avec leurs petits-enfants. « Ces appels s’insèrent plus facilement dans la routine familiale qu’une visite en personne à la maison qui pourrait déranger par exemple le dîner ou l’heure du bain », mentionne Paul Hayotte. Son étude a d’ailleurs révélé que les grands-parents ont le souci de respecter la vie de famille. Ils veulent être présents sans s’imposer. Les appels réalisés à partir d’ordinateurs ou d’appareils mobiles leur sont utiles pour cela.
L’utilisation des technologies permet aux grands-parents de tisser des liens plus forts avec leurs petits-enfants. « Ça renforce leur sentiment de proximité, mentionne le chercheur. En plus des appels vidéo, les grands-parents regardent aussi souvent des photos et vidéos de leurs petits-enfants envoyés par les parents pour partager des moments. » Cela les aide à se sentir proches de leurs petits-enfants même s’ils ne sont avec eux physiquement.
Des échanges courts, mais payants
La durée des appels vidéo avec un jeune enfant est très courte, surtout au début, note Paul Hayotte. Mais à son avis, ce n’est pas la durée des contacts qui importe, mais leur fréquence. « Ça peut être frustrant pour les grands-parents d’avoir seulement de courts échanges, mais c’est payant, dit-il. Même un échange d’une minute peut faire la différence. » C’est à force d’avoir plusieurs petits contacts, par exemple, une fois par semaine que la relation se nourrit et que les appels vidéo s’allongent.
« Ces échanges ne remplacent pas les visites en personne, indique toutefois Paul Hayotte, ils les complètent. » Et du point de vue d’un enfant de 5 ans et moins, ils facilitent la relation. Le fait d’avoir vu le visage de ses grands-parents et d’avoir entendu leur voix en vidéo, crée un meilleur contact quand la famille se retrouve en personne après des semaines sans visite. L’enfant reconnaît plus facilement ses grands-parents, plus que s’il leur avait seulement parlé au téléphone.
Les participants à l’étude encouragent d’autres grands-parents à utiliser les technologies pour entretenir la relation avec leur petit-enfant. Pour eux, c’est une façon d’avoir une place dans la vie de l’enfant sans être envahissants. La clé, c’est de s’entendre à l’avance avec les parents et d’en faire un rendez-vous.
Comment les grands-parents utilisent-ils les écrans?
Lorsque les grands-parents font un appel vidéo, ils adaptent leur discours et leurs activités à l’âge de l’enfant pour l’amuser. « Par exemple, les grands-parents font des grimaces ou s’amusent à disparaître et apparaître à l’écran, rapporte Paul Hayotte. D’autres participent à des mises en scène à distance, comme une grand-maman qui jouait à faire semblant de prendre le thé avec sa petite-fille et ses poupées. »
Le partage du quotidien est aussi au coeur de leurs appels vidéo. « C’est surtout axé sur le quotidien de l’enfant, dit le chercheur. Le petit-enfant raconte sa journée, il montre un dessin, ses jouets ou sa chambre à son grand-parent. » Dans ce contexte, les grands-parents ont dit rester à l’écoute et poser des questions pour nourrir la conversation.
Les grands-parents étudiés envoient aussi des photos et vidéos, par exemple par texto, courriel ou clavardage (ex. :Messenger), aux parents pour qu’ils les montrent à leur petit-enfant afin d’entretenir la relation. « Ils pensent aux intérêts de l’enfant pour faire une vidéo, décrit Paul Hayotte. Cela peut ensuite devenir un sujet de conversation lors d’un appel vidéo. » Il peut s’agir par exemple d’une photo drôle du chat de grand-maman ou d’une vidéo d’un tracteur envoyé à un petit-enfant qui aime les gros véhicules.
Encourager les appels vidéo ou limiter les écrans?Utiliser les appels vidéo pour maintenir des liens familiaux peut se faire en respectant les bonnes pratiques liées à la gestion des écrans. La Société canadienne de pédiatrie recommande en effet d’éviter les écrans pour les enfants de moins de 2 ans à l’exception d’appel vidéo pour parler à des proches. Quant aux enfants âgés de 2 à 5 ans, la limite recommandée est d’une heure par jour en privilégiant une utilisation active et interactive des écrans. Dans l’étude de Paul Hayotte, les appels vidéo avaient lieu environ une fois semaine et duraient en moyenne de 1 à 10 minutes. |
Pour en savoir plus sur les bienfaits pour les enfants d’avoir des liens avec les aînés à commencer par leurs grands-parents, consultez les textes suivants :
Julie Leduc - Équipe Naître et grandir
Photo : GettyImages/Maria Symchych-Navrotska