Pourquoi favoriser les contacts entre les tout-petits et les personnes âgées?

Pourquoi favoriser les contacts entre les tout-petits et les personnes âgées?
Pourquoi favoriser les contacts entre les tout-petits et les personnes âgées?
Découvrez les bienfaits des liens intergénérations à la fois pour les enfants et les aînés.

14 février 2023 | On entend souvent dire que les personnes âgées gagnent à être en contact avec des enfants, mais l’inverse est aussi vrai! Les tout-petits tirent plusieurs bienfaits des relations qu’ils ont avec les aînés à commencer par leurs grands-parents. Comment favoriser les rencontres entre les générations?

Pour les personnes âgées, les avantages de passer du temps avec des enfants sont bien documentés. Les recherches dans le domaine ont montré qu’échanger avec les enfants brise leur isolement. « Les enfants sont spontanés. Ils donnent de l’amour, de l’affection et de la tendresse. En vieillissant, les personnes âgées en reçoivent moins », explique Nathalie Parent, psychologue et auteure du livre Pour grands-parents seulement!

Ces contacts avec les enfants apportent énormément de bienfaits sur la santé physique et psychologique des aînés. On rapporte entre autres une diminution de la pression sanguine et des risques de maladie, un ralentissement du déclin cognitif, une plus grande satisfaction à l’égard de la vie, une meilleure forme physique et un sentiment d’être plus en santé.

De l’amour en plus pour les enfants

Les relations avec les aînés enrichissent aussi les enfants. « Ça leur permet de se sentir aimés, mentionne Nathalie Parent. Les personnes âgées sont généralement très attirées par les enfants. Ils ont une affection spontanée pour eux. » Ainsi, le regard aimant et bienveillant des aînés est bon pour développer l’estime de soi des tout-petits, note la psychologue. Il favorise aussi le développement de leurs habiletés sociales et émotionnelles.

Le contact avec les aînés est également une occasion pour les enfants de faire des apprentissages et de mieux comprendre le cycle de la vie. En effet, les enfants qui sont en contact avec les personnes âgées constatent que le vieillissement et la mort font partie de la vie. « Ça peut contribuer à diminuer leur peur ou leur anxiété par rapport à ce sujet si on les accompagne », indique Nathalie Parent.

De plus, « être en contact avec ses grands-parents donne un sentiment de continuité aux enfants. Ce sont les grands-parents qui portent l’histoire de la famille. Ils sont comme les racines de l’arbre », image la psychologue. Les familles ont donc intérêt à entretenir les liens avec les grands-parents lorsque c’est possible.

Comment favoriser les liens entre les générations?

Lors des rencontres familiales, l’idéal est de faire des activités rassembleuses qui intéressent autant les enfants que les grands-parents (ex. : jouer avec le chat, lire une histoire, colorier, chanter, faire une marche en nature). Les activités qui permettent aux aînés de transmettre leurs compétences ou leurs connaissances, comme la cuisine, le jardinage et le bricolage, sont également gagnantes.

Cela dit, les interactions entre les tout-petits et leurs grands-parents n’ont pas nécessairement besoin d’être planifiées. « Ce que les enfants veulent, c’est de l’attention et de la reconnaissance. Alors, il faut rester dans la simplicité », soutient Nathalie Parent. Les tout-petits qui habitent loin de leurs grands-parents peuvent maintenir des contacts grâce à des appels vidéo. Même à distance un grand-parent peut raconter une histoire à un enfant ou faire un jeu comme un concours de grimaces.

Quand les grands-parents sont absents…

Les tout-petits qui n’ont pas de relation avec leurs grands-parents peuvent créer des liens avec des personnes âgées extérieures à la famille. Pour ce faire, les parents peuvent se tourner vers des organismes communautaires, comme les Maisons des Grands-Parents, qui proposent plusieurs activités intergénérationnelles.

Par exemple, la Maison des Grands-Parents de Villeray, située à Montréal, offre des heures du conte animées par des bénévoles aînés. L’organisme propose aussi d’autres activités animées par des aînés pour des groupes de tout-petits (peinture sur bois, tricot avec les doigts, dessin sur tissu, fabrication de lanternes). De plus, cette Maison des Grands-Parents organise des événements pour permettre les contacts entre les générations (ex. : brunch du dimanche, fête de quartier).

Les parents peuvent également profiter d’une halte-garderie tenue par des « grands-parents » bénévoles lorsqu’ils participent aux ateliers de l’organisme. « On est comme les grands-parents du quartier », lance la directrice, Francine Goyette. En raison de la COVID-19 et des virus respiratoires qui circulent cet hiver, les activités de l’organisme sont toutefois temporairement suspendues.

En attendant que la programmation revienne à la normale, la directrice a un conseil simple pour les familles qui désirent entrer en contact avec des personnes âgées : « Regardez autour de vous, dit-elle. C’est sûr qu’il y a des aînés dans votre quartier, que ce soit un voisin ou au parc. Pourquoi ne pas les approcher et créer un lien? Cet échange enrichira tout le monde. »

Des CPE dans les maisons des aînés

Pour favoriser les liens intergénérationnels, le ministère de la Santé et des Services sociaux va profiter de la construction des nouvelles maisons des aînés pour y prévoir des locaux à louer à des CPE. Ce genre de projet de cohabitation existe déjà notamment à Québec où le CPE Les petits mulots est installé à même le CHSLD Champlain-des-Montagnes depuis 2005. Cette organisation permet à une soixantaine d’enfants et à plus de 90 personnes âgées d’être en contact au quotidien. « On ne visite pas les aînés, nous, on vit avec eux, précise Louise Touchette, la directrice du CPE. Chacun a ses locaux, mais on partage des aires communes, dont un grand salon. »
L’objectif est de faire en sorte que les enfants et les personnes âgées passent du temps ensemble par le biais d’activités organisées (jeux de société, activités physiques et musicales, zoothérapie) et spontanées (se balancer dans la cour extérieure, réunions dans le grand salon). « Ça finit presque toujours en party quand on est tous ensemble, rapporte Louise Touchette. C’est magique! Les enfants sautent, courent, tournent et prennent les mains des aînés pour danser, même ceux en fauteuil roulant. »
Certaines personnes ont des réserves quant aux projets de cohabitation intergénérationnelle au sujet par exemple de la transmission de virus ou du contact des enfants avec des aînés ayant un trouble cognitif ou un comportement agressif. « Il peut y avoir un risque, mais c’est un risque calculé, rassure Louise Touchette. Ce ne sont pas toutes les personnes âgées qui participent aux activités. Et on n’hésite pas à annuler une rencontre s’il y a un cas de gastro au CPE, par exemple. » D’ailleurs, les activités communes entre les enfants et les aînés sont encore suspendues jusqu’à nouvel ordre en raison de la COVID-19. La directrice ajoute qu’aucun incident n’est survenu en 18 ans. « Les contacts sont supervisés. Les aînés et les enfants ne sont pas laissés à eux-mêmes. Un aîné qui bougonne ou un enfant qui fait une crise, ce sont des choses qui arrivent. Les intervenants gèrent la situation et la vie continue », conclut-elle.

 

Pour en savoir plus sur le rôle et les bienfaits des grands-parents, consultez notre dossier Parents et grands-parents: favoriser l’harmonie. Et pour des suggestions d’activités à faire à distance, consultez notre chronique Idées de jeux pour jouer à distance avec vos proches.

Ressources

 

Amélie Cournoyer – Équipe Naître et grandir

Naître et grandir

Photo : GettyImages/ Lise Gagné

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