Accouchement: feu vert aux accompagnantes dans les hôpitaux

Accouchement: feu vert aux accompagnantes dans les hôpitaux
Accouchement: feu vert aux accompagnantes dans les hôpitaux

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Écartées en raison de la pandémie, les accompagnantes à la naissance peuvent à nouveau être présentes dans les hôpitaux.

9 mars 2022 | Après deux ans de restrictions en raison de la pandémie, les accompagnantes à la naissance devraient être de retour dans tous les hôpitaux du Québec grâce à une nouvelle directive. Ce changement est le résultat de plusieurs mois de mobilisation chez les doulas québécoises.

La directive du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), publiée le 28 février dernier, mentionne que « la femme enceinte, son ou sa partenaire, de même que l’enfant, doivent être considérés comme une unité familiale ».

Le document insiste aussi sur le fait qu’une « personne significative peut également être choisie par la famille pour l’accompagner, particulièrement pendant l’accouchement, en période postnatale ou lors d’une hospitalisation prolongée. Tout doit être mis en œuvre pour faciliter sa présence auprès de l’unité familiale. »

Cette nouvelle directive est accueillie avec un soupir de soulagement par Annick Bourbonnais, présidente de l’Association québécoise des doulas. En effet, jusqu’à tout récemment, des hôpitaux dans différentes régions du Québec leur refusaient toujours l’accès.

« Nous espérons que ces nouvelles recommandations vont amener un changement drastique dans l’approche de certains centres hospitaliers, remarque-t-elle. Les hôpitaux qui continuent de refuser l’accès à un deuxième accompagnateur devront maintenant justifier leur décision. »

Une longue bataille pour les accompagnantes

Les accompagnantes québécoises ont connu des moments difficiles depuis le début de la pandémie. « Depuis deux ans, nous nous battons pour pouvoir travailler, rappelle Annick Bourbonnais. Le processus été très long et difficile. »

Pourtant, le ministère avait permis la présence des doulas dès l’automne 2020. « Le MSSS avait alors mis en place une directive spéciale pour les accompagnantes à la naissance, explique Annick Bourbonnais. Dans les zones vertes et jaunes, deux personnes pouvaient être aux côtés de la mère. Dans les zones orange, seules les accompagnantes pouvaient soutenir le couple. » Ce n’est qu’en zone rouge où leur présence n’était pas permise.

Si les maisons de naissance et certains centres hospitaliers reconnus pour être à l’écoute des parents ont rapidement rouvert leurs portes aux doulas, plusieurs ne l’ont pas fait. Puis, les recommandations ont changé à nouveau. Dans un document du MSSS mis à jour en décembre 2021, on spécifie que la présence d’une accompagnante à la naissance ou d’une deuxième personne significative est permise lors de l’accouchement, sauf en présence d’une éclosion dans un secteur.

Cette directive manquait toutefois de clarté, selon Annick Bourbonnais. « Cela a créé le chaos parce qu’on ne définissait pas ce qu’on voulait dire par éclosion, souligne-t-elle. C’était laissé à la discrétion des établissements et ceux-ci ne donnaient pas de raison pour refermer leurs portes aux accompagnantes. »

Cette absence de justifications des hôpitaux est aussi dénoncée par les doulas. « On pouvait comprendre ces mesures au printemps ou même à l’automne 2020 puisqu’on était encore dans l’incertitude. Cependant, il est maintenant extrêmement difficile de justifier ces restrictions auprès des familles », explique Annick Bourbonnais.

Les accompagnantes et les parents ont d’ailleurs fait beaucoup de pression afin que la situation change. « Avec le Collectif accoucher en pandémie, nous avons fait une campagne de courriels au ministre et des représentations auprès de la Direction santé mère-enfant du MSSS, raconte Annick Bourbonnais. Nous avons aussi fait des pétitions et préparé des formulaires de plaintes pour que les parents puissent agir. »

Des impacts lors de l’accouchement

La présidente de l’Association québécoise des doulas souligne par ailleurs que ce ne sont pas seulement les accompagnantes qui se sont fait interdire l’accès aux salles d’accouchement. « C’était aussi le cas pour toute personne significative pour la famille comme une grand-mère, une cousine, ou une amie, explique-t-elle. Pourtant, le droit pour la mère d’avoir deux personnes à ses côtés lors de l’accouchement est protégé. Offrir un environnement positif lors de la naissance est fondamental pour les personnes qui désirent devenir parents. »

Selon elle, cela est d’autant plus important dans un contexte où le manque de personnel touche également les départements d’obstétrique. « Sur le terrain, les conditions n’ont jamais été aussi difficiles, observe Annick Bourbonnais. Alors qu’on suggère habituellement une infirmière par femme qui accouche, on observe plutôt une infirmière pour trois patientes. » De plus, dans ce contexte, il y aurait eu une augmentation des interventions médicales durant les accouchements, ont remarqué les accompagnantes à la naissance.

Enfin, les couples sont moins bien préparés en période prénatale en raison de la diminution de l’offre de cours prénataux, soutient Annick Bourbonnais. « Les familles se retrouvent donc dans des conditions difficiles et pourtant on les prive des personnes qui pourraient les soutenir, ajoute-t-elle. Cela augmente les risques non seulement pour la santé de la mère et de l’enfant, mais aussi pour la santé psychologique et émotionnelle de la famille. »

Source : MSSS

 

Kathleen Couillard – Naître et grandir

Naître et grandir

 

Photo : GettyImages/FatCamera

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