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Comment aider un enfant à bien vivre un déménagement? Voici des trucs de parents et les conseils d’une psychologue.
29 avril 2021 | Quand on est parents de jeunes enfants, déménager est une étape à la fois excitante et stressante. Tout comme leurs parents, les tout-petits vivent toute une gamme d’émotions. Certaines astuces, recommandées par des parents qui sont passés par là, peuvent faciliter la transition.
Quand Alex, 3 ans, a visité sa nouvelle maison pour la première fois, à Laval, ses parents l’ont laissé apposer des autocollants d’animaux ici et là sur les murs vides. C’était une façon de « laisser sa trace ». « On voulait qu’il se souvienne qu’il était venu, qu’il avait visité toutes les pièces, qu’il était chez lui, confie Sophie Barbeau, 34 ans, enceinte de son deuxième enfant. Et je pense que cela a aidé à ce qu’il se sente à l’aise ».
Elle et son conjoint avaient aussi pris soin de laisser quelques jouets et peluches dans la nouvelle maison, afin que leur fils ait des repères et un petit coin à lui.
Faire participer les enfants au déménagement
Pour la psychologue Béatrice Vandevelde, impliquer son enfant tôt dans le déménagement est une bonne chose. « Vous pouvez préparer les boîtes avec lui et faire le tri des choses que vous emmènerez ou pas dans la nouvelle maison, dit-elle. Il faut lui parler et lui expliquer ce qui se passe. Dès l’âge de 2 ans, il comprend et il peut participer en choisissant, par exemple, de mettre dans une boîte ses choses préférées. »
C’est ce qu’a fait Marie-Michèle Bertrand lorsqu’elle a déménagé de Saint-Hyacinthe à Valcourt avec ses enfants de 1 et 3 ans. « Ils ont chacun rempli une boîte avec leurs jouets préférés, mentionne-t-elle, pour que ça soit concret pour eux aussi. Ils ont mis des toutous, des figurines… Je souhaitais qu’ils participent sans subir le stress du déménagement. »
Père de trois filles âgées de 4, 7 et 8 ans au moment de leur déménagement, Vincent Lepage-Doucet a eu le réflexe de donner des tâches et des responsabilités à ses enfants. « Erreur! lance-t-il. J’ai compris que les filles devaient vivre leur deuil de quitter la maison, le quartier et la ville pour pouvoir continuer d’avancer sereinement. J’étais rendu ailleurs, mais pas elles. »
Des émotions en montagnes russes
Tristesse, colère, anxiété, déception : les enfants peuvent vivre toutes sortes d’émotions lors d’un déménagement. Ces émotions sont normales et elles ne doivent pas être ignorées ni banalisées. D’où l’importance de ne pas brusquer les enfants, avance Béatrice Vandevelde. « Il faut être à l’écoute de ce que les enfants vivent et expriment. Peu importe l’émotion vécue, on l’écoute et on dit qu’on la comprend. Ainsi, l’enfant va pouvoir la vivre, s’en débarrasser et passer à autre chose! »
Il est préférable de parler franchement et de façon transparente à vos enfants, quel que soit leur âge, indique la psychologue. « Il ne faut pas embellir les choses. Si, par exemple, vous déménagez à cause d’une séparation et que vous passez d’une maison à un appartement, vous avez le droit de dire que vous aussi, vous trouvez ça plate, que ce n’est pas facile, mais que vous n’avez pas le choix. »
Youmna Boustani, 38 ans, a vécu cette situation : ses deux filles étaient âgées de 4 et 6 ans lorsqu’elle a quitté la maison familiale pour louer un appartement, le temps de trouver quelque chose qui lui convenait dans le même secteur de Laval. Ce sont donc deux déménagements qu’elle a vécus en peu de temps. « Ma charge mentale a doublé ou même triplé, dit-elle. Même si j’avais beaucoup de stress à gérer, je voulais minimiser l’impact pour les filles. Je savais qu’elles étaient attachées à la maison, alors je m’assurais qu’elles parlent de leurs sentiments. »
Lâcher prise, se préparer et s’organiser
Youmna Boustani a aussi décidé de pratiquer le lâcher prise… et de tenter de rester calme et sereine. « J’ai accepté que cela allait être le chaos, durant un certain temps, souligne-t-elle. Que tout ne serait pas parfait, mais que c’était temporaire. »
Marie-Pier Hinse, 33 ans, a quant à elle déménagé de Québec à Kingston en pleine crise de la COVID-19 avec sa conjointe et leurs deux garçons de 2 et 5 ans. « On les a préparés à l’avance, raconte-elle, et on leur a donné toutes les informations au fur et à mesure. On leur a parlé et on leur a montré la nouvelle école et la nouvelle garderie. Il faut faire confiance au chemin que font les enfants par eux-mêmes. »
En effet, les enfants sont résilients et s’adaptent généralement bien à un déménagement. Selon la psychologue Béatrice Vandevelde, le déménagement devient plus difficile lorsqu’il s’ajoute à d’autres événements nécessitant un ajustement, comme une séparation, un changement de pays, de ville, de langue ou de culture. « Il peut alors devenir la goutte qui fait déborder le vase », note-t-elle. Il est alors particulièrement important d’être à l’écoute et de répondre aux questions et aux préoccupations des enfants.
Faire garder les enfants durant le déménagement?
Le livre Je déménage, de Jennifer Tremblay et Yves Dumont, est un album d’activités et de souvenirs pour apprivoiser le changement. Il vient de paraître aux éditions du Petit Homme (19,95 $).
Plein d’énergie et excités, les jeunes enfants peuvent devenir turbulents et demander beaucoup de temps et d’attention, pendant un déménagement. Il revient aux parents de décider s’ils souhaitent faire garder leurs enfants le jour J, selon leur âge et leur tempérament.
Sophie Barbeau, qui a déménagé en mars 2020, a choisi une solution hybride. « C’est ma sœur qui surveillait notre garçon pendant que nous nous occupions du déménagement, dit-elle. Je ne voulais pas qu’il court partout pour assurer sa sécurité, mais il était sur place pour voir ce qui se passait. »
Vanessa-May Deschamps, mère de trois enfants de 1, 8 et 11 ans et conjointe de militaire, a vécu six déménagements en quatorze ans. Elle a instauré quelques rituels, auxquels elle tient beaucoup. « On regarde à l’avance, grâce à Google Maps, de quoi aura l’air notre futur quartier et quelles sont les activités à faire, précise-t-elle. On fait une liste des sites touristiques et si on est capable de le faire, on essaie d’organiser une petite activité le week-end du déménagement, pour se garder du temps en famille et avoir du plaisir ensemble. »
Et il y a toujours de la place pour un peu de fantaisie : la première nuit, la famille dort toujours sur des matelas gonflables, dans le salon, avec les boîtes autour, raconte cette maman de 34 ans. « On ne déballe que le nécessaire et on commande de la pizza, bien sûr! »
Maude Goyer – Naître et grandir
Photo : GettyImages/AND-ONE (photo principale) et PeopleImages (dans le texte)