COVID-19: les défis des cours prénataux en ligne

COVID-19: les défis des cours prénataux en ligne
COVID-19: les défis des cours prénataux en ligne

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La pandémie de COVID-19 a obligé les régions à revoir leur offre de cours prénataux pour les futurs parents.

13 avril 2021 | La pandémie a bouleversé les services de santé partout au Québec. Les cours prénataux ont eux aussi été affectés par la situation sanitaire, et les régions ont dû faire preuve d’imagination pour préserver ces rencontres essentielles pour les futurs parents.

« Nous avons dû cesser les rencontres prénatales en présentiel comme prescrit par le ministère de la Santé et des Services sociaux », raconte Kellie Forand du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec. Cette situation devrait se poursuivre pour un certain temps. « Pour le moment, il n’est toujours pas prévu de reprendre les rencontres en présentiel malgré le passage en zone orange », indique-t-elle.

« Qu’on soit en palier vert, jaune, orange ou rouge, la règle est la même, confirme Julie Di Tomasso du CIUSSS de l’Estrie. Nous devons diriger les parents vers les ressources en ligne et offrir du soutien téléphonique ou par vidéo. »

Des cours prénataux adaptés à la pandémie

« La pandémie a entraîné son lot de bouleversement, incluant l’arrêt momentané des rencontres prénatales en personne, mais elle nous a aussi forcés à user de créativité pour développer une nouvelle offre de services sécuritaires dans le contexte de la COVID-19 », souligne Marlène Mainville, infirmière clinicienne en Abitibi-Témiscamingue.

Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, pendant les premiers mois de la pandémie, le CISSS a d’abord mis en place une ligne téléphonique d’information pour les parents afin de pallier l’absence des cours prénataux. Pour sa part, la région de Chaudière-Appalaches a opté pour des capsules disponibles sur son site web.

Une stratégie similaire a été adoptée dans certains secteurs de Montréal. « En raison de la pandémie, la séance d’information à l’intention des parents qui avait lieu en personne auparavant a été préenregistrée par nos infirmières et est maintenant disponible sur le site web de l’Hôpital », explique Barry Morgan de l’Hôpital général juif de Montréal. Un vidéo permettant de « visiter » le Centre familial des naissances est aussi disponible.

Comment s’assurer de répondre aux besoins des parents

Les formations en ligne où il n’y a pas de possibilités de poser des questions ne sont toutefois pas idéales selon la Dre Catherine Dea, médecin spécialisée en santé publique. « La force des rencontres prénatales, ce sont les interactions dans un climat de confiance », insiste-t-elle.

Cette préoccupation était d’ailleurs présente en Outaouais. « Sur Internet, il y a une quantité industrielle de capsules, explique Danielle Bouchard, chef de programme des services périnatalité-communautaire et SIPPE au CISSS de l’Outaouais. Nous ne voulions donc pas de cours magistraux où c’est seulement l’infirmière qui parle. Les parents devaient avoir une tribune pour qu’on réponde à leurs questions. »

Les régions du Bas-Saint-Laurent et du Saguenay–Lac-Saint-Jean ont également opté pour des ateliers interactifs. « Chaque groupe rassemble une douzaine de couples qui peuvent poser des questions et interagir entre eux », mentionne Simone Lalancette-Larouche du CISSS du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

« Les parents ont la possibilité d’émettre des commentaires ou de partager leur vécu », ajoute Sylvie Lamontagne du CISSS du Bas-Saint-Laurent. Des rencontres prénatales virtuelles sont aussi offertes en ligne en Abitibi-Témiscamingue, en Montérégie et dans les Laurentides.

Selon la Dre Catherine Dea, il est important de créer dans une rencontre prénatale une relation de confiance entre l’animatrice et les parents qui participent. Ils doivent se sentir bienvenus et à l’aise de poser leurs questions.

« Cela peut être plus difficile en Zoom qu’en personne, souligne-t-elle. La dynamique est différente pour lever la main ou prendre le micro. » Avoir accès à un endroit calme pour écouter peut aussi être un défi pour certaines familles.

Certaines régions ont ainsi développé des stratégies pour s’assurer de répondre à leurs besoins. « Une semaine avant, l’infirmière envoie le lien Teams, les documents et les graphiques pour la rencontre, explique Eric Forest du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. Les parents ont donc la chance de les consulter avant la réunion et d’envoyer des questions à notre adresse courriel. » Un sujet peut ensuite être approfondi selon l’intérêt des parents.

« On nous nommait beaucoup le stress de vivre la naissance pendant la pandémie, remarque pour sa part Danielle Bouchard de l’Outaouais. Nous avons dû nous ajuster et développer sur ce sujet. Nous sommes en lien avec le principal hôpital où les femmes accouchent dans la région et nous nous tenons informés des mesures en place. »

Une formule à conserver?

« Au-delà de la pandémie, c’est une initiative qui demeurera, car elle est facilement accessible aux parents », mentionne Sylvie Lamontagne du CISSS du Bas-Saint-Laurent. Cette opinion est partagée par Julie Di Tomasso en Estrie. « Cette nouvelle modalité favorise la participation en évitant les déplacements des usagers », souligne-t-elle.

La Dre Catherine Dea appelle toutefois à la prudence. « Si c’est un service complémentaire qui répond aux besoins de certaines familles, alors pourquoi pas? Cependant, notre crainte est qu’on annule les rencontres en présence pour offrir seulement une version en ligne. »

Il existe en effet un risque de ne pas rejoindre certains parents avec la formule virtuelle. Par exemple, la pandémie a révélé que certaines familles avaient des problèmes d’accès à l’Internet.

De plus, les rencontres en ligne compliquent le travail des infirmières qui veulent détecter les situations problématiques comme les enjeux de santé mentale, de vulnérabilité socio-économique ou de violence conjugale. « Je vois mal une mère en parler ouvertement sur Zoom devant tout le monde, remarque la Dre Catherine Dea. Dans une rencontre en personne, ces conversations ont habituellement lieu à la pause ou sur le pas de la porte après la rencontre. » Le virtuel peut aussi être un frein pour les mères qui voudraient aller chercher du soutien ou s’informer sur les services, mais qui n’osent pas le demander en présence du groupe.

 

Collaborer avec le milieu communautaire

Dans certaines régions, la pandémie a été l’occasion de renforcer les liens entre le réseau de la santé et les groupes communautaires. Par exemple, au Bas-Saint-Laurent, l’équipe du CISSS a collaboré avec le regroupement d’organismes communautaires COSMOSS pour développer ses ateliers prénataux virtuels.
D’autres régions, comme l’Estrie, dirigent les nouveaux parents directement vers ces organismes. « En fonction d’une entente avec notre partenaire Naissance Renaissance Estrie, une ressource en périnatalité, nous référons la clientèle qui désire aborder plus spécifiquement le thème de l’allaitement vers une séance offerte gratuitement et en ligne par cet organisme », raconte Julie Di Tomasso. C’est aussi le cas de Chaudière-Appalaches, de Lanaudière et de Laval.

 

Kathleen Couillard – Naître et grandir

Naître et grandir

 

Photo : GettyImages/Nopphon Pattanasri

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