COVID-19: le point sur la vaccination des enfants

COVID-19: le point sur la vaccination des enfants
COVID-19: le point sur la vaccination des enfants

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Quand les enfants seront-ils vaccinés contre la COVID-19?

31 mars 2021 | Depuis quelques mois, des compagnies pharmaceutiques ont commencé à tester leur vaccin contre la COVID-19 chez les moins de 18 ans. Est-ce que cela signifie que la vaccination des enfants est pour bientôt? Nous faisons le point avec la Dre Caroline Quach, épidémiologiste au CHU Sainte-Justine et présidente du Comité consultatif national de l’immunisation.

L’entreprise Moderna a annoncé récemment qu’elle commencerait les essais cliniques chez des milliers d’enfants canadiens et américains âgés de 6 mois à 11 ans. Même si des résultats préliminaires pourraient être disponibles d’ici 3 à 4 mois, il faudra vraisemblablement attendre 2022 pour que les essais soient terminés chez les enfants.

« D’après nous, les enfants ne seront toujours pas vaccinés à l’automne prochain », croit la Dre Caroline Quach. L’épidémiologiste demeure prudente dans ses estimations puisque les scientifiques nous ont réservé plusieurs surprises depuis le début de la pandémie.

Par ailleurs, la compagnie Pfizer vient d’annoncer que son vaccin est efficace et sécuritaire chez les adolescents de 12 à 15 ans. L’entreprise Moderna a aussi déjà recruté des enfants américains âgés de 12 à 17 ans en décembre dernier.

Les adolescents devraient donc être les premiers à être vaccinés chez les moins de 18 ans. « Ce sera de leur côté que nous aurons les premières données et c’est parmi eux que la transmission du virus est la plus importante », explique la Dre Caroline Quach. Les enfants plus jeunes seront probablement vaccinés plus tard.

Pourquoi des essais cliniques chez les enfants?

Avant de pouvoir utiliser les vaccins contre la COVID-19 chez les enfants, il est essentiel de réaliser des essais cliniques. « L’enfant n’est pas un petit adulte, insiste la Dre Caroline Quach. Son système immunitaire est en fait bien meilleur que celui des plus vieux. »

Ces vaccins ont toutefois été mis au point avec l’objectif d’être efficaces chez les personnes âgées qui sont plus vulnérables. « Tout ce qu’on a dû mettre en place pour que ces personnes répondent bien au vaccin n’est peut-être pas nécessaire chez l’enfant », souligne-t-elle. Grâce aux essais cliniques, nous pourrons donc savoir si ces vaccins sont adéquats en pédiatrie et déterminer la dose optimale.

Par ailleurs, avec un système immunitaire plus réactif, les enfants pourraient développer davantage d’effets secondaires au vaccin, comme des réactions locales plus importantes, plus de fièvre ou d’autres manifestations inhabituelles. « Les essais randomisés contrôlés nous permettront de comparer la réponse immunitaire selon la dose utilisée, mais aussi d’évaluer la proportion d’enfants qui connaissent des effets secondaires », ajoute l’épidémiologiste.

Il faut également se rappeler que les enfants ne sont pas très malades lorsqu’ils attrapent la COVID-19 et que beaucoup d’adultes ne sont toujours pas vaccinés. « Dans ce contexte, je pense qu’il faut attendre les données des études cliniques avant de commencer à vacciner les enfants », conclut la Dre Caroline Quach.

Vacciner les enfants pour atteindre l’immunité collective

Lorsque les adultes auront été vaccinés, la pression sur le système de santé sera beaucoup moins grande. Pourtant, il sera toujours aussi important de vacciner les enfants. Selon les experts, pour atteindre l’immunité collective, 80 % de la population doit être vaccinée. Cet objectif sera toutefois difficile à atteindre sans vacciner les enfants qui représentent 20 % de la population.

Par ailleurs, même si nous atteignons l’immunité collective contre la souche originale du virus, cette immunité tombera à zéro si un nouveau variant qui n’est pas couvert par les vaccins fait son apparition. Il est alors d’autant plus important de vacciner les enfants.

En effet, même si les enfants ne développent pas de symptômes graves, ils participent à la transmission du virus. « Quand le virus se transmet, il se réplique et il a tendance à faire des erreurs », explique la Dre Caroline Quach. Ce sont ces erreurs qui donnent naissance aux variants. Par conséquent, plus on vaccine rapidement le plus de gens possible, y compris les enfants, plus on diminue les risques que de nouveaux variants apparaissent.

Doit-on vacciner en priorité les femmes enceintes?

Il est de plus en plus clair que les femmes enceintes qui attrapent la COVID-19 ont un risque plus élevé de complications pendant la grossesse ou à l’accouchement. L’Ontario a d’ailleurs choisi d’en faire un groupe prioritaire lors de la vaccination.
« Le frein à mettre les femmes enceintes dans un groupe prioritaire est le manque de données dans les études randomisées contrôlées, souligne la Dre Caroline Quach. C’est vraiment une question de risques et de bénéfices. »
Par exemple, les travailleuses de la santé enceintes devraient être vaccinées puisque le risque de complications si elles attrapent la COVID-19 est supérieur aux dangers théoriques du vaccin. Au contraire, pour une femme enceinte en retrait préventif à la maison qui n’est à peu près pas exposée au virus, il est préférable d’attendre d’avoir plus de données sur la sécurité du vaccin pendant la grossesse.

Pour en savoir plus, consultez notre nouvelle COVID-19: doit-on vacciner les femmes enceintes?.

Sources : Journal de Montréal, L’actualité, La Presse, L’actualité, La Presse

 

Kathleen Couillard – Naître et grandir

Naître et grandir

 

Photo : GettyImages/surabky

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