Déconfinement: comment revenir à un usage normal des écrans?

Déconfinement: comment revenir à un usage normal des écrans?
Déconfinement: comment revenir à un usage normal des écrans?

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Plusieurs enfants ont passé beaucoup plus de temps que d’habitude devant les écrans ces dernières semaines. Comment les aider à revenir à de meilleures habitudes?

2 juin 2020 | Avec la fermeture des écoles et des garderies, et les parents en télétravail, bien des enfants ont passé beaucoup de temps devant les écrans ces dernières semaines. Et c’est normal! Toutefois, maintenant que le déconfinement est commencé, il peut être bon d’aider votre enfant à revenir à un usage plus modéré des écrans.

Malgré tout, les parents ne devraient pas culpabiliser si leur enfant dépasse les limites recommandées sur le temps-écran, affirme Catalina Briceño, professeure invitée à l’École des médias de l’UQAM et coauteure du livre Parents dans un monde d’écrans. « Nous vivons une situation inhabituelle. Pour bien des familles, ce n’est pas réaliste de respecter les directives sur le temps d’exposition des enfants aux écrans », dit-elle.

Rappelons que la Société canadienne de pédiatrie conseille d’éviter tout écran avant 2 ans et de limiter à une heure par jour le temps d’écran des 2 à 5 ans. Elle n’a pas établi de temps maximal pour les 6 ans et plus, mais elle souligne que les écrans ne doivent pas nuire à leurs autres activités (sommeil, activité physique, jeux, etc.).

Être souple, mais encadrer

Il y a des raisons à ces recommandations sur le temps-écran. Pour bien se développer, les enfants ont besoin d’interagir avec les autres, de bouger et de faire toutes sortes d’activités et de jeux autrement que sur des écrans. Or, en cette période où nombre de parents essaient de concilier travail à la maison et responsabilités familiales, ils ont dû se montrer plus souples quant au temps d’écran.

Cependant, il est tout de même important que les parents encadrent leur enfant, rappelle Cathy Tétreault, fondatrice du Centre Cyber-aide et auteure du livre Jeunes connectés, parents informés. « Pour garder un équilibre, vous pouvez vous assurer que votre enfant fait des activités sans les écrans, qu’il mange et qu’il dort bien. Et si vous lui laissez plus de latitude avec les écrans en ce moment, vous devriez lui répéter que c’est temporaire. »

Miser sur la qualité

Les parents devraient profiter du contexte actuel pour s’interroger sur ce que fait leur enfant sur les écrans, selon Catalina Briceño. Car écouter en boucle des vidéos sur YouTube est moins stimulant pour son développement que de regarder Passe-Partout ou faire un appel vidéo avec grand-papa.

« Plutôt que de se concentrer sur le temps d’écran, mieux vaut aider votre enfant à choisir des contenus de qualité, diversifiés et adaptés à son âge », estime-t-elle. L’idée est de l’encourager à utiliser les écrans de manière active, notamment pour apprendre, créer et bouger. Ce n’est pas le choix qui manque : jeux éducatifs, sites de bricolage et de vulgarisation scientifique, ateliers de danse, applications pour dessiner, etc. Le site de Télé-Québec regorge aussi de trouvailles. Voici d’autres suggestions.

Une bonne chose également consiste à se servir de ce que votre enfant a vu à l’écran pour lui faire vivre des activités dans la vraie vie. « Par exemple, s’il a regardé une émission où des gens faisaient du camping, vous pouvez sortir une couverture et une lampe de poche pour qu’il joue à faire semblant de camper », suggère Catalina Briceño.

Vous pouvez aussi demander à votre enfant de faire le bricolage qu’il a vu dans une vidéo, mimer ou raconter l’histoire d’un film, imaginer une autre fin, etc. Les écrans deviennent alors un moyen de stimuler son imagination et sa créativité.

Cette façon d’utiliser les écrans est particulièrement utile si vous êtes en télétravail pendant la pandémie. Ainsi, pour être tranquille lors d’une vidéoconférence, par exemple, vous pourriez donner un « devoir » à votre enfant : « Tu écoutes un épisode de ton émission. Ensuite, j’aimerais que tu dessines un des personnages et que tu me racontes l’histoire après ma réunion. »

Aider son enfant à se divertir sans les écrans

Idéalement, vous devriez aussi aider votre enfant à se divertir sans les écrans. Par exemple, vous pouvez préparer une boîte d’activités contenant de la pâte à modeler, des crayons et du papier, un livre, un casse-tête, des figurines, des déguisements, etc.

Cathy Tétreault propose pour sa part de planifier les journées en tenant compte de l’âge et de ses besoins de chaque enfant. Vous pouvez y inclure du temps d’écran, mais « vous devez aussi prioriser d’autres activités comme du bricolage, des tâches, des jeux extérieurs, des moments de relaxation, du temps pour la lecture ou des activités en famille », dit-elle. Votre enfant sera plus coopératif s’il a son mot à dire dans le choix des activités que vous lui proposez pour remplacer les écrans.

Évidemment, tout cela nécessite du temps. « Mais moins vous improvisez, plus il vous sera facile d’aider votre enfant à organiser ses journées et à s’occuper sans toujours se servir des écrans, dit Catalina Briceño. Peut-être que ça ne fonctionnera pas du premier coup. Mais il faut le voir comme une démarche vers l’autonomie. »

Lui apprendre à bien se servir des écrans

Dès l’âge de 4 ou 5 ans, il est possible de commencer à apprendre à votre enfant à s’autoréguler avec les écrans, c’est-à-dire à gérer lui-même son comportement avec les écrans.

« Il s’agit d’apprendre à votre enfant à se poser des questions avant d’allumer la télévision ou la tablette, explique Catalina Briceño. Est-ce que j’ai fait mon lit? Déjeuné? Rangé mes jouets? Est-ce que je pourrais faire une autre activité que de l’écran? Est-ce que j’ai joué dehors aujourd’hui? » L’enfant devrait aussi prendre l’habitude d’avoir un but avant de s’installer devant un écran (ex. : regarder une émission en particulier) et de se fixer une durée (ex. : deux épisodes).

Une autre bonne pratique est de lui montrer comment sortir de l’application et éteindre son appareil lorsqu’il a terminé son activité. « Par ce geste, l’enfant exerce un contrôle sur son utilisation des écrans, souligne Catalina Briceño. De plus, ça le responsabilise. On lui apprend à ranger ses jouets après une période de jeu. C’est la même chose avec les écrans. »

Le principe derrière tout cela, c’est d’éviter que votre enfant utilise les écrans sans y réfléchir, par automatisme. « Votre rôle de parent est d’aider votre enfant à développer un dialogue intérieur pour qu’il n’allume pas la télévision ou la tablette chaque fois qu’il s’ennuie, poursuit Catalina Briceño. En s’entraînant à penser à ce qu’il pourrait faire d’autre, votre enfant devrait passer moins de temps devant les écrans. »

Faire un bilan
Maintenant que les familles se préparent graduellement à un retour à la normale de leurs activités, cela peut être une bonne occasion de prendre le temps de réfléchir à l’usage des écrans au cours des derniers mois. Vous pourriez ouvrir un dialogue avec votre enfant et l’autre parent pour repenser à l’usage individuel et familial des appareils numériques, propose Catalina Briceño. Voici quelques questions auxquelles vous pouvez réfléchir ensemble :
  • Quels écrans ont été les plus souvent utilisés dans la maison pendant le confinement? (ex. : la télévision pour des activités familiales ou chacun dans sa chambre sur le téléphone ou la tablette?)
  • Qu’est-ce que les écrans ont apporté de positif durant le confinement?
  • Quels ont été les éléments négatifs? (les parents et les enfants doivent pouvoir s’exprimer sur un pied d’égalité à ce sujet.)
  • Les écrans me permettent-ils de découvrir ou d’apprendre quelque chose de nouveau chaque jour?
  • Qu’est-ce-qui est vraiment essentiel parmi les outils numériques pour mon travail, pour l’école, pour les loisirs, pour le temps en famille et avec les amis?
  • De quoi peut-on se passer?
  • Quelles applications sur nos appareils utilise-t-on rarement, voire jamais? (C’est le moment de faire du ménage et de les désinstaller!)
  • Qu’est-ce qu’on pourrait changer ou garder dans nos habitudes en lien avec les écrans? (ex. : conserver les rencontres virtuelles avec les grands-parents, choisir une journée – ou deux demi-journées - par semaine de déconnexion, cesser de partager des nouvelles sans vérifier la source, etc.)

 

Nathalie Vallerand - Naître et grandir

Naître et grandir

 

Photos : GettyImages/Morsa Images

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