Philosopher à 4 ans? Pourquoi pas!

Philosopher à 4 ans? Pourquoi pas!
Philosopher à 4 ans? Pourquoi pas!

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Les ateliers de philosophie apprennent aux jeunes enfants à réfléchir par eux-mêmes, à s’exprimer et à respecter les idées des autres.

18 avril 2019 | Parler du bonheur, d’amitié, de tristesse, mais aussi de justice ou de politique avec de jeunes enfants, c’est possible. Des ateliers permettent d’ailleurs de les initier à la philosophie, sans qu’il ne soit question d’Aristote ni de Platon.

Tous les parents le remarquent : dès qu’ils savent parler, les enfants posent beaucoup de questions sur des thèmes très variés. Dans les ateliers de philosophie, les enfants essayent de trouver ensemble des réponses aux questions. « Ces ateliers doivent aider les enfants à penser par eux-mêmes, et à plusieurs », explique Dalila Assefsaf qui organise des rencontres philosophiques gratuites, dans certaines bibliothèques de Montréal pour les enfants de 4 ans et plus.

Respecter les idées des autres

Les ateliers débutent par de la méditation : « Tu fermes les yeux, tu sens l’air qui entre dans ton corps et qui en sort... », chuchote Dalila Assefsaf au groupe. L’exercice terminé, elle lit un conte durant quelques minutes puis la conversation peut commencer autour d’un thème ou d’une question, toujours dans une démarche bienveillante.

« Quand on se parle, on peut ne pas avoir les mêmes idées, nous avons le droit de penser différemment, mais il est important de ne pas insulter et de respecter la parole de ton voisin », dit l’animatrice aux enfants.

S’exprimer et approfondir sa pensée

Le papa de Kacem a déjà inscrit son fils à plusieurs ateliers. « Mon enfant adore ça. J’ai l’impression que ça lui offre un espace d’expression et de liberté. Il dit ce qu’il pense alors qu’en général, il ne parle pas beaucoup. Cela développe son estime de soi. » Dans cet espace de parole, chaque enfant peut en effet s’exprimer et approfondir sa pensée.

« Quand ils réfléchissent ensemble, les enfants vont beaucoup plus loin et sont capables de réflexions abstraites », explique le professeur Michel Sasseville, qui a créé le certificat d’animateur en philosophie pour enfant à l’Université Laval et qui a lui-même été formé par Matthew Lipman, considéré comme le père de la philosophie pour enfants.

Pour Michel Sasseville, la philosophie « est une question de droit des enfants à penser, c’est leur permettre d’apprendre à être critiques, et à se protéger contre les manipulations. C’est ce qui prépare à la vie. » La maman d’Orane, 7 ans, le remarque : « L’atelier apprend à ma fille à se remettre en question, à voir que d’autres enfants ne pensent pas comme elle, mais cela développe aussi une pensée créative, parfois même amusante! »

À prendre au sérieux

Actuellement en plein développement, cette pratique ne doit pas pour autant devenir « une activité bonbon », précise Michel Sasseville. « La philosophie a un impact sur le comportement de l’enfant seulement si la fréquence est régulière », dit le professeur qui aimerait que la discipline apparaisse dans le programme scolaire au primaire.

Faire participer des enfants à des ateliers ou lire des ouvrages philosophiques peut donner le goût d’explorer un sujet plus en profondeur. « Ça peut devenir une activité intoxicante! prévient même Michel Sasseville. Plus on en fait, plus on a envie d’en faire. Et ça ne change pas juste la vie des enfants, mais aussi celle des parents. »

Philosopher en famille?
Pour Dalila Assefsaf comme Michel Sasseville, la philosophie, même pour enfant, est une « discipline à part entière et rigoureuse » qui ne s’improvise pas. Selon eux, les parents qui souhaitent faire de la philosophie avec leurs enfants doivent être bien préparés pour dépasser le simple bavardage et éviter de tomber dans la critique ou la morale. Des livres comme Méditer et philosopher avec les enfants et Mon premier livre de philo peuvent d’ailleurs bien les guider. Il existe aussi des formations pour ceux qui souhaitent s’initier à la pratique de la philosophie avec les enfants.

Néanmoins, comme l’explique Dalila Assefsaf, il y a certains comportements de base que l’on peut adopter à la maison : « Sur un sujet précis comme l’argent, le bonheur, on peut d’abord demander à l’enfant ce qu’il en pense. Il est toutefois important de considérer l’enfant comme un être capable de réfléchir. Ne pas faire de la morale. Ne pas l’infantiliser ni le sous-estimer, ne pas l’influencer. Il faut l’amener à aller au bout de sa pensée et à puiser dans ses ressources intérieures. C’est toujours surprenant d’écouter les réponses de ses propres enfants. »

Ressources

Livres pour accompagner les parents

  • Boyer, Geneviève, Boucher, Nancy, Mon premier livre de philo, Dominique et compagnie, 2018.
  • Furlaud, Sophie, Pettier, Jean-Charles, Les P’tits philosophes #02, Bayard jeunesse, 2014.
  • Lenoir, Frédéric, Méditer et philosopher avec les enfants, Albin Michel, 2016.

Ateliers et formations

 

Agathe Beaudoin - Équipe Naître et grandir

Naître et grandir

 

Photos : Agathe Beaudoin

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