Arrêtez de vous chicaner!

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Les parents ne savent pas toujours pourquoi leurs enfants se disputent. Les explications d’Isabelle Filliozat pour mieux comprendre les chicanes entre frères et soeurs.

22 septembre 2017 | Les parents qui ont plus d’un enfant ne comprennent pas toujours pourquoi leurs tout-petits se disputent autant. La psychologue française Isabelle Filliozat a discuté de cette question avec les parents présents lors de l’atelier Fratries, du conflit à la coopération, organisé par Famille en harmonie le 9 septembre dernier.

Selon elle, les enfants n’aiment pas se disputer. Il s’agit souvent pour eux d’une façon de libérer le stress dans leur cerveau, car ils ne savent pas faire autrement. Isabelle Filliozat ajoute même que « les enfants qui se disputent le plus sont souvent ceux qui essaient le plus de se rapprocher ».

Elle reconnaît toutefois que les chicanes dans la fratrie ne sont pas faciles à vivre pour les parents, qui sont à la fois les parents de « l’agresseur » et ceux de la « victime ». Pour la psychologue, le rôle du père et de la mère comporte donc deux aspects :

  • comprendre pourquoi l’enfant agresse son frère ou sa soeur afin de pouvoir modifier son comportement;
  • protéger l’autre enfant afin qu’il ne soit pas blessé, physiquement et psychologiquement.

Rang de naissance et jalousie

Selon Isabelle Filliozat, il est normal que le plus vieux de la famille ressente de la jalousie et même de la haine envers ses frères et soeurs plus jeunes. Elle explique d’ailleurs qu’à la naissance du deuxième enfant, l’aîné se sent rejeté et blessé.

Du point de vue de l’enfant, ses parents ont eu un deuxième bébé parce que lui ne devait pas être assez bien et pas à la hauteur de leurs attentes. Bien sûr, cette réflexion est inconsciente, ajoute-t-elle.

La haine que l’aîné peut ressentir envers son petit frère ou sa petite soeur est d’ailleurs proportionnelle à la peur qu’il a de ne plus être à la hauteur aux yeux de ses parents, soutient la psychologue. Cette peur expliquerait aussi pourquoi les premiers de famille sont souvent des enfants qui veulent plaire, qui désirent être les meilleurs, qui vont au-delà des attentes et qui ont de la difficulté à montrer leur vulnérabilité.

Malgré les conflits qui peuvent exister entre lui et son aîné, le deuxième enfant veut être aimé de son grand frère ou de sa grande soeur, souligne Isabelle Filliozat. C’est important pour lui. Inconsciemment, il se dit que ses parents sont obligés de l’aimer, car ils sont ses parents. Par contre, si son aîné ne l’aime pas, c’est qu’il ne doit pas être quelqu’un qui peut être aimé.

Tous les enfants veulent s’aimer

Malgré la haine que peut ressentir un premier de famille, la psychologue est convaincue que « tous les enfants veulent s’aimer ». Pour qu’ils y parviennent, il faut toutefois que « les parents osent nommer la réalité telle qu’elle est, en disant à l’aîné par exemple “tu dois le haïr, ton frère?” Après l’avoir dit une fois, les parents demandent à l’enfant comment il se sent. »

C’est alors l’occasion pour lui de faire sortir le « poison » de son coeur pour pouvoir ensuite aimer son petit frère ou sa petite soeur. Il est ensuite important que les parents rassurent leur aîné sur l’amour qu’ils lui portent.

Isabelle Filliozat invite aussi les parents à mesurer la douleur et la crainte de l’aîné de ne pas être à la hauteur. Il a avant tout besoin d’être valorisé et rassuré sur la place qu’il occupe dans le coeur de ses parents.

Comme les aînés veulent souvent se montrer parfaits, commettre une erreur est dramatique pour eux, ajoute la psychologue. Ils ne se donnent d’ailleurs pas beaucoup le droit à l’erreur.

Pour cette raison, elle recommande aux parents de donner la permission à leur aîné de faire des erreurs, de ne pas être parfait, tout en lui montrant que cela ne changera rien à l’amour qu’ils lui portent.

Une fois que l’aîné ne ressent plus de haine envers son cadet, les relations devraient être beaucoup plus harmonieuses entre eux. De plus, lorsqu’il se sent aimé de son grand frère ou de sa grande soeur, le plus jeune est rassuré sur sa capacité à être aimé d’autres personnes que ses parents.

La jalousie, pas la seule cause de conflits entre frères et soeurs
Bien sûr, la jalousie n’est pas la seule cause de chicane entre frères et soeurs. Isabelle Filliozat souligne d’ailleurs que la faim, la soif, la fatigue et le fait de ne pas être assez actif physiquement peuvent conduire à des disputes, car l’enfant est alors stressé. « L’enfant sous stress va souvent prendre son frère ou sa soeur comme cible », explique-t-elle.
De même, le besoin d’avoir des choses à soi et d’avoir son territoire, la différence d’âge et de tempérament ainsi que le besoin d’attention sont quelques-unes des autres raisons qui sont à l’origine des conflits.
Pour les parents, l’important est donc d’observer ce qui se passe pour chacun de leurs enfants afin de trouver le besoin non comblé caché derrière le comportement (ex. : soif, besoin d’attention, calme, besoin de se sentir aimé, etc.). En fait, il faut décoder pourquoi les enfants se chicanent.


Marilyne Dubois – Naître et grandir

Naître et grandir

 

Photo : Gettyimages/Zabavna

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