Portrait d'une famille de réfugiés syriens: 1 an plus tard

Portrait d'une famille de réfugiés syriens: 1 an plus tard
Portrait d'une famille de réfugiés syriens: 1 an plus tard
Adnan Koj, sa femme et leurs trois filles font partie des réfugiés syriens arrivés au Québec il y a un an. Le père raconte comment s’est passée leur intégration.

28 décembre 2016 | De novembre 2015 à février 2016, le Canada a reçu 25 000 réfugiés syriens. Un an plus tard, comment se passe leur intégration? Adnan Koj, père de trois enfants, témoigne de l’expérience de sa famille.

« Les premiers mois ont été très difficiles », admet ce pédiatre qui a atterri à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau le 1er janvier dernier avec sa femme, Ghazal, et leurs trois filles, Antonia, 7 ans, Isabelle, 6 ans et Myriam, alors encore un bébé.

Depuis le Liban, où elle avait fui son pays en guerre, la famille avait loué un appartement à Laval puisque c’est dans cette ville que se trouve l’église syriaque qui a parrainé la venue des Koj au Canada.

Évidemment, la neige et le froid les ont impressionnés. Mais l’hiver n’est pas le plus grand défi que la famille a rencontré depuis son arrivée. « Le plus difficile, c’est la communication. Nous ne parlions pas du tout français, alors les démarches pour inscrire les filles à l’école n’ont pas été faciles, admet Adnan Koj. Et depuis qu’elles ont commencé l’école nous recevons tous les deux ou trois jours un document d’information à lire ou un formulaire à remplir ! »

Heureusement, les Koj ont pu compter sur l’aide d’organismes comme le Centre lavallois pour l’intégration et la cohésion sociale afin de mener à bien les démarches de ce genre.

L’adaptation des enfants

Évidemment, le déracinement a affecté les trois petites filles. « C’étaient des enfants tranquilles, mais elles sont devenues désobéissantes après notre arrivée ici, se souvient leur père. Elles se demandaient pourquoi nous étions ici, elles voulaient retourner en Syrie. Elles réclamaient leur grand-mère, leurs oncles, leurs jouets... »

Lorsque l’aînée a commencé à fréquenter une classe d’accueil, elle s’est repliée sur elle-même. « Antonia jouait toujours seule. Son enseignante s’inquiétait », raconte Adnan Koj.

Pour Isabelle, qui a repris ici la maternelle commencée en Syrie, la transition a été plus facile. Myriam fréquente quant à elle un CPE depuis juillet dernier. Malgré deux premières journées difficiles, elle a vite appris à s’y plaire, assure son père.

Un mode de vie à apprivoiser

Les Koj découvrent aussi un mode de vie complètement différent, jusque dans les moindres gestes. « Au début, nous ne comprenions pas comment fonctionnaient les feux de circulation! Même traverser une rue était compliqué », dit Adnan Koj.

Autre changement d’importance : le rôle de la voiture dans les déplacements. En Syrie, les trajets quotidiens des Koj s’effectuaient à pied, alors qu’ici, obtenir un permis de conduire a été une priorité pour le père de famille : « Les magasins et les services sont dispersés. Les filles vont à l’école et à la garderie dans trois établissements différents. Nous devons aussi nous lever à 6h pour être au Collège Montmorency à 8h 20 pour nos cours de francisation », avance-t-il.

La famille apprend aussi à apprivoiser sa société d’accueil. « Nous venons d’un pays où les interactions entre les gens sont très chaleureuses. Ici, les gens sont gentils, mais plus distants. Nous devons nous ajuster », dit Adnan Koj.

Ici pour rester

Un an plus tard, les Koj commencent à prendre le rythme de la vie québécoise. « Les filles aiment beaucoup l’école, elles apprennent le français et se sont fait des amis, affirme-t-il. Elles sont redevenues plus sages et sont plus heureuses, même si leur grand-mère leur manque encore beaucoup. »

Cela dit, la famille compte bien faire sa vie ici. « C’est une société sûre, bien organisée et où l’être humain est respecté », résume Adnan Koj, qui a entamé les démarches pour obtenir le droit de pratiquer la médecine chez nous. « J’en ai au moins pour trois ans », estime-t-il. Quant à sa femme, elle se consacre pour le moment à leurs enfants et à ses cours de français, mais elle espère reprendre dans quelques années sa carrière d’enseignante de mathématiques.

 

Anne-Hélène Dupont – 37e AVENUE

 

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