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À quoi ressemble le quotidien quand on est parents et cultivateurs? Entrevue avec François et Mélina qui exploitent une ferme maraîchère.
29 septembre 2015 | François et Mélina sont les propriétaires d’une ferme maraîchère en Montérégie qui cultive des fruits et légumes biologiques. Ils sont aussi les parents de Florent qui a presque 2 ans. À quoi ressemble le train-train quotidien quand on est parents et cultivateurs?
La vie à la ferme, était-ce votre projet de vie?
François - C’était d’abord par envie de faire évoluer l’agriculture, une pratique somme toute polluante, vers une façon de faire plus écologique. Quand je me suis lancé dans cette aventure en 2010, je n’avais pas encore ma famille, ni même rencontré Mélina. Mais c’est vrai qu’il n’était pas question pour moi de travailler de 9 à 5 et d’avoir une famille dans ce cadre-là. Je me voyais plutôt élever mes enfants sur une terre.
Et à quoi ressemble votre quotidien en famille sur la ferme?
Mélina - Florent a commencé la garderie récemment, 4 jours par semaine. Garderie ou non, le matin, on prend notre temps. Même si on a une grosse journée de travail, il n’est pas question pour moi que notre fils subisse ce stress-là. Comme on est notre propre patron, on peut se le permettre. Ensuite, on travaille fort jusqu’au moment où on va le chercher, en fin d’après-midi. Notre journée est loin d’être finie, mais on arrête tout et on se concentre sur notre fils ! Une fois qu’il est couché, on reprend le travail.
Quant aux journées sans garderie, eh bien, on les passe ensemble. François travaille, mais puisqu’on est tous à la ferme, ils peuvent s’improviser leurs moments père-fils à travers la journée. D’autant plus que, comme Florent adore jouer dehors et être dans l’action, il n’est jamais bien loin! Ce qu’il préfère ? « Aider » les autres travailleurs de la ferme. On joue aussi ensemble, bien sûr, mais entre jouer avec maman et le moteur d’un quatre-roues ou d’un tracteur… son choix est facile à faire !
Pendant vos journées ensemble, arrivez-vous à travailler?
Mélina - Oh, ça non! Je m’en suis rapidement rendu compte et j’ai abandonné l’idée, autrement ce serait trop frustrant. Quand il est à la maison, c’est moi qui m’en occupe, et je ne fais que ça.
Vous parliez de vouloir ralentir, mais vous travaillez beaucoup au bout du compte... C’est plus que du 9 à 5, n’est-ce pas?
François - Ça, c’est sûr! De mai à novembre, c’est 7 jours sur 7. En hiver, ce sont nos petites semaines… de 40 heures. Les journées sont longues, mais travailler sur une ferme, je crois, c’est moins pire que quelqu’un qui fait des heures de fou à l’extérieur de la maison.
Florent est encore jeune, mais qu’est-ce que grandir sur une ferme lui apporte, selon vous?
Mélina - De l’espace! Dans mon enfance, il y avait la cour et c’était tout. Ailleurs, il fallait toujours être prudent. Ici, on a 40 acres de champs et de boisés : c’est tout un terrain de jeu! J’aime croire que cette nature fera partie de lui pour toujours.
François - Il voit aussi que les choses n’arrivent pas toutes faites. Il peut, par exemple, comprendre toutes les étapes nécessaires avant qu’un légume arrive à sa table, prêt à être consommé. Il sait que c’est le fruit d’un processus derrière lequel il y a beaucoup de travail, comme c’est le cas pour bien des choses. Il apprendra aussi la débrouillardise. Sur une ferme, il y a toujours des petits travaux à faire ici et là, des choses à réparer, et peu de moyens.
Quels sont les inconvénients à élever sa famille sur une ferme?
François - C’est beaucoup de travail tout le temps, c’est certain. Moi-même, je ne m’attendais pas à ça au début. Et les enfants aussi, c’est beaucoup de temps et de travail, tout le temps… et ça aussi, ça a été une surprise !
Mélina - Ce qui me désole le plus, ce sont les vacances d’été. Ce sont mes plus beaux souvenirs d’enfance en famille, et ce n’est pas certain qu’on arrivera à vivre de tels moments avec Florent. Sur une ferme, prendre des vacances, c’est quasiment une mission impossible !
L’enfance est-elle plus isolée sur une ferme?
François - Ici, il y a toujours du monde. Des employés qui viennent nous aider, des clients… ça bouge! Tout le monde aime interagir avec Florent; d’ailleurs, c’est un de nos employés qui s’en occupe pendant qu’on se parle. Ils S’ADORENT !
Mélina - Quant aux amis à venir, c’est certain que Florent ne pourra pas y aller à sa guise en vélo, comme on l’a fait pendant notre enfance. Ici, on doit prendre l’auto! Mais à l’école – et d’ici là, à la garderie –, il y aura des activités avec d’autres enfants.
Propos recueillis par Véronique Champagne – 37E AVENUE