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Les pères seraient peu conscients de l’influence de leurs habitudes de vie sur la santé de leurs enfants.
16 juin 2015 | Les pères seraient peu conscients de l’effet de leurs habitudes de vie sur la santé de leurs enfants. Pourtant de plus en plus d’études démontrent que le père est plus important qu’il le pense, selon les experts invités au Café scientifique organisé récemment par le Réseau québécois en reproduction.
Lorsqu’elle demande aux étudiants de son cours de nutrition s’ils croient que leur alimentation peut influencer la santé de leurs futurs enfants, la réponse est toujours négative, raconte Sarah Kimmins, professeure à l’Université McGill. « L’information concernant la préconception est surtout dirigée vers les mères, » déplore-t-elle. Cet avis est également partagé par Janice L. Bailey, chercheuse à l’Université Laval. « On a tendance à mettre tout le blâme sur la mère et à oublier que le père est très important. »
Les spermatozoïdes sont très fragiles, explique Daniel Cyr, chercheur à l’Institut Armand-Frappier. Lorsque leur qualité est diminuée, il est alors possible que l’ADN du père soit affecté et que cela ait des conséquences pour les enfants. Guylain Boissonneault, professeur à l’Université de Sherbrooke, cite d’ailleurs une étude qui confirme que les hommes transmettent plus de mutations d’une génération à l’autre que les femmes.
Sarah Kimmins et Janice Bailey ont pour leur part réalisé des expériences chez des animaux pour mieux comprendre comment les habitudes de vie et l’environnement du père peuvent influencer la santé de ses enfants. Sarah Kimmins a ainsi observé que lorsqu’une souris mâle a une alimentation pauvre en acide folique, ses petits souffrent plus souvent de malformations congénitales. De son côté, Janice Bailey a remarqué que les rats mâles exposés à des polluants environnementaux pendant la grossesse présentent des anomalies sur le génome de leurs spermatozoïdes. Leurs arrières-petits-fils sont aussi plus susceptibles d’avoir des anomalies congénitales.
Selon les chercheurs, ces résultats vont dans le même sens que des recherches réalisées chez l’humain. Par exemple, une étude réalisée en Suède a conclu qu’un homme avec une alimentation trop importante pendant l’enfance augmente le risque que ses petits-enfants souffrent de diabète. Des chercheurs britanniques ont également montré qu’un homme qui fume avant la puberté favorise le développement de l’obésité chez ses fils à l’adolescence.
Tous les experts présents s’entendent donc sur l’importance de sensibiliser les futurs pères à l’importance d’adopter de saines habitudes de vie. Une alimentation riche en fruits et légumes serait à privilégier alors que le tabagisme et la consommation excessive d’alcool devraient être évités.
Kathleen Couillard – Équipe Naître et grandir