Parler d'abus sexuel à un enfant de plus de 5 ans

Parler d'abus sexuel à un enfant de plus de 5 ans
Pourquoi est-il important de parler d’abus sexuel avec son enfant? Comment en parler? Quels sont les signes à surveiller?



Pourquoi est-il important de parler d’abus sexuel?

Plus les enfants vieillissent, plus ils sont en contact avec des personnes à l’extérieur du cercle familial, ce qui les rend plus vulnérables. Il n’est donc pas surprenant de constater qu’il y a davantage de victimes d’abus sexuels chez les enfants de 6 à 11 ans. Même si parler d’abus sexuel n’est pas facile, il est important de discuter de ce sujet avec son enfant. Cela pourrait le protéger puisqu’il n’a pas encore la maturité pour comprendre que certains adultes autour de lui pourraient profiter de lui.

De plus, un enfant qui a été informé sur les risques d’abus sexuels se confiera plus facilement si jamais il en est victime. L’objectif n’est toutefois pas de lui donner l’impression que tout le monde est dangereux, mais plutôt de l’informer au sujet des risques d’abus sexuels. Il sera alors mieux outillé pour refuser tout geste à connotation sexuelle.

Ce qu’est un abus sexuel

Un abus sexuel est un geste à caractère sexuel d’un adulte envers un enfant ou d’un enfant envers un autre enfant. Lorsqu’il s’agit de deux enfants, il faut savoir distinguer un abus sexuel d’un jeu sexuel.

Dans le jeu sexuel, les deux enfants ont à peu près le même âge et ils sont tous les deux consentants. Les gestes qui se produisent relèvent alors avant tout de la curiosité. Par exemple, un enfant peut se montrer nu ou toucher les parties génitales de l’autre. Lorsque l’enfant est forcé, manipulé ou victime de chantage, il ne s’agit toutefois plus d’un jeu sexuel.

Dans de nombreux cas, les abus sexuels sont commis par quelqu’un que l’enfant connaît, comme un membre de la famille ou une connaissance. Les abus sexuels sur les garçons sont toutefois plus souvent commis par des personnes à l’extérieur de la famille alors que les abus sexuels commis sur les filles sont davantage le fait de membres de la famille. Cette différence s’explique probablement par le fait que les parents accordent souvent plus de liberté aux garçons.

Comment prévenir?

Pour prévenir les abus sexuels, il est important de discuter de ce risque avec votre enfant. Donnez-lui des informations claires, mais évitez d’en parler sans arrêt. Si vous dramatisez trop, cela pourrait inciter votre enfant à se taire pour éviter de vous bouleverser s’il se trouvait en difficulté. Il pourrait aussi développer une telle crainte qu’il ne fasse plus confiance à personne.

N’oubliez pas non plus que même si vous faites des mises en garde à votre enfant, la responsabilité de prévenir les abus sexuels est d’abord la vôtre.

Voici quelques conseils pratiques pour diminuer le risque que votre enfant soit victime d’un abus sexuel.

  • Apprenez à votre enfant à écouter la petite voix à l’intérieur de lui qui lui dit qu’il n’est pas bien ou que la situation le rend inconfortable.
  • Reconnaissez le droit de votre enfant de dire non à des gestes qui le rendent inconfortable comme des baisers.
  • Respectez l’intimité de chacun à la maison afin que votre enfant apprenne que le respect de son corps est important et que la nudité est quelque chose de personnel.
  • Parlez avec votre enfant et soyez une personne de confiance à qui il peut se confier en toutes circonstances.
  • Assurez-vous que les personnes qui s’occupent de votre enfant en votre absence sont dignes de confiance et que vous les connaissez suffisamment. À votre retour, demandez à votre enfant comment les choses se sont passées, ce qu’il a aimé et ce qu’il a moins aimé.

Mais avant tout, votre enfant a besoin d’entendre parler d’amour. Il doit apprendre à se faire confiance, à développer une bonne estime de lui et à exprimer ses émotions. Il sera ainsi mieux en mesure de se respecter et de dire non aux situations dans lesquelles il se sent inconfortable.

Voici quelques pistes pour discuter des risques d’abus sexuels avec votre enfant.

  • Expliquez-lui que son corps est à lui et que personne d’autre n’a le droit de le toucher ou de le regarder nu.
  • Dites-lui de ne pas parler aux gens qu’il ne connaît pas et de ne jamais suivre un inconnu. Enseignez à votre enfant qu’il doit aller voir un employé ou un agent de sécurité de l’endroit où il se trouve s’il se perd au cours d’une sortie.
  • Mentionnez-lui que si un adulte lui demande d’avoir des comportements à caractère sexuel (ex. : baisers, caresses, attouchements sexuels), il doit dire « non » et vous en parler le plus vite possible.
  • Apprenez-lui ce qu’est un bon et un mauvais secret. Un bon secret est une surprise qui fait plaisir alors qu’un mauvais secret est quelque chose qu’on nous demande de garder pour soi, mais qui nous rend inconfortables et qu’on sait, au fond de nous, que ce n’est pas bien.
Que ferais-tu si…
Certaines mises en situation peuvent vous aider à aborder les risques d’abus sexuels avec votre enfant. Demandez-lui : « Que ferais-tu si… »
  • la voisine venait te chercher à l’école sans que papa ou maman t’ait prévenu?
  • la personne qui te garde te disait : « Tu pourras aller te coucher plus tard si tu me laisses te voir nu… »?
  • quelqu’un que tu connais bien te proposait de t’amener au parc sans notre autorisation?
  • quelqu’un que tu aimes voulait avoir un secret avec toi et te demandait de ne pas me le dire?
  • ton moniteur de natation te touchait souvent le sexe en t’apprenant à nager?
  • un adulte « sympathique » te demandait, dans la rue, de l’aider à retrouver son chat?
  • un enfant plus vieux te demandait de le toucher?
  • un adulte voulait prendre des photos de toi nu ou te demander de lui envoyer une photo de toi nu par Internet?
  • un adulte voulait te montrer des images de gens nus?

Source : Te laisse pas faire! Les abus sexuels expliqués aux enfants, Jocelyne Robert, Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2005, 112 pages.

Les signes d’un abus sexuel

Les comportements suivants ne sont pas communs chez un enfant et méritent une attention particulière.

Comportements qui pourraient être le signe d’un abus sexuel

  • L’enfant touche ses parties génitales si souvent qu’il néglige ses autres activités.
  • Il continue à toucher ses organes génitaux en public même si on lui a répété à maintes reprises d’arrêter.
  • Il continue à dire de gros mots (ou des mots à connotation sexuelle) même si on lui a répété plusieurs fois d’arrêter en lui expliquant pourquoi ce n’était pas approprié et en lui apprenant les mots qu’il pourrait utiliser à la place.

Comportements plus à risque d’être le signe d’un abus sexuel

  • Il oblige les autres enfants à se déshabiller.
  • Il caresse les parties génitales d’autres enfants.
  • Il en sait trop sur le sexe pour son âge. Par exemple, il est au courant des relations sexuelles buccogénitales et des positions sexuelles.
  • Il simule des rapports sexuels ou d’autres comportements sexuels adultes.
  • Il utilise la menace, le chantage ou la contrainte dans ses « jeux sexuels » avec d’autres enfants.
  • Il a des comportements sexualisés envers des adolescents ou des adultes.
  • Il introduit des objets dans son vagin ou son rectum ou dans ceux d’autres enfants.
  • Il demande à regarder des images sexuellement explicites.
Vous êtes inquiet?
Si les comportements sexuels de votre enfant vous inquiètent, consultez son médecin. Si vous craignez qu’on ait agressé sexuellement votre enfant, communiquez avec le bureau de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de votre région ou votre CLSC.

Le comportement d’un adulte m’inquiète

Votre enfant peut être en contact avec une personne (ex. : membre de votre famille, personne qui garde votre enfant, voisin, moniteur) qui vous met mal à l’aise à cause de sa façon de toucher votre enfant. Quelle que soit la personne en question, tentez de découvrir ce qu’il en est au lieu de vous dire que vous vous trompez et d’éviter la situation.

Comment réagir

  • Discutez avec votre enfant afin de découvrir comment il se sent en présence de la personne que vous soupçonnez. Parlez calmement, sans porter d’accusation et sans faire de suggestions, car vous essayez juste, pour le moment, d’obtenir des informations.
  • Si vous ne l’avez pas encore fait, parlez à votre enfant des contacts physiques qui sont appropriés et de ceux qui ne le sont pas. Expliquez-lui que personne n’a le droit de toucher son corps d’une façon qui le met mal à l’aise, qui le dérange ou qui l’effraie.
  • Dites-lui de vous prévenir si jamais il subit des contacts physiques inappropriés. Assurez-lui que vous ne vous mettrez pas en colère. Tout ce que vous voulez, c’est qu’il se sente bien et en sécurité.
Vous avez vous-même été abusé?
Si vous avez vous-même été victime d’abus sexuels dans votre enfance, il se peut que vous soyez mal à l’aise de parler de risques d’abus avec votre enfant ou que vous soyez paniqué à l’idée que cela puisse lui arriver. Dans ce cas, n’hésitez pas à consulter un professionnel spécialisé en abus sexuels, comme un sexologue ou un psychologue.

Vous pouvez aussi communiquer avec le centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) de votre région. Consultez le site du regroupement québécois des CALACS pour connaître le numéro de téléphone du centre le plus près de chez vous.

Que faire si un enfant me confie qu’il est abusé?

Les enfants ont souvent peur de parler des mauvais traitements qu’ils subissent. L’auteur des sévices peut leur avoir fait promettre de garder le secret, les avoir menacés ou les avoir manipulés. Ils peuvent aussi avoir honte de ce qui leur est arrivé, se sentir coupables ou craindre que personne ne les croie.

Si un enfant vous dit qu’il est victime d’abus ou qu’il l’a été dans le passé, c’est qu’il se sent en sécurité avec vous et qu’il vous fait confiance. Quand un enfant parle franchement d’abus, il montre qu’il sait que c’est mal et qu’il désire qu’on l’aide à y mettre fin.

Comment réagir

  • Faites-lui comprendre que vous l’écoutez attentivement et que vous prenez ses paroles au sérieux. Dites-lui : « Raconte-moi » plutôt que « En es-tu sûr? » pour qu’il ne pense pas que vous ne le croyez pas.
  • Laissez-le vous raconter dans ses mots ce qui s’est passé, sans lui mettre de mots dans la bouche ni lui suggérer ce qui a pu arriver.
  • Dites-lui que vous le soutenez et qu’il a bien fait de se tourner vers vous.
  • Gardez votre calme, même si vous êtes choqué par ses révélations. Si vous vous mettez en colère ou montrez que vous êtes bouleversé et que vous vous en voulez, l’enfant risque de se sentir coupable de vous avoir troublé et de porter alors le poids de votre propre peine.
  • Rassurez-le en lui disant que ce n’est pas sa faute. Les enfants sont vulnérables, c’est pourquoi la responsabilité de les protéger revient aux adultes.
  • Si l’enfant vous demande de garder le silence, dites-lui que vous comprenez qu’il ait peur, mais que vous êtes là pour l’aider. Expliquez-lui que ce qu’il vous a dit est trop important pour que vous gardiez le silence et, qu’en fait, c’est le silence qui permet à la personne qui l’agresse de continuer ses gestes et que ceux-ci doivent s’arrêter.
  • Signalez l’abus à la police ou au bureau de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de votre région. Votre identité demeurera confidentielle. N’oubliez pas que l’enfant s’est confié à vous, car il compte sur votre aide.
Ce que dit la loi
Au Québec, la Loi sur la protection de la jeunesse oblige quiconque à faire un signalement s’il croit qu’un enfant a été victime d’abus sexuel.

 

Naître et grandir

Révision scientifique : Geneviève Parent, sexologue et psychothérapeute
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Novembre 2016

 

Photo : iStock.com/skynesher

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

Ressources pour les enfants

  • GRANDIR EN SÉCURITÉ AVEC SIMA LE CHIEN. www.grandirensecurite.com
  • LEDWON, Peter. Le secret de Mia : une histoire sur... l’abus sexuel. Saint-Lambert, Enfants Québec, 2008, 24 p.
  • MINISTÈRE DE LA JUSTICE. Le secret du petit cheval. Ottawa, ministère de la Justice, Communications et affaires publiques, 1989, 15 p.
  • ROBERT, Jocelyne. Te laisse pas faire! Les abus sexuels expliqués aux enfants. Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2005, 112 p.
  • ROBERT, Jocelyne. Parlez-leur d’amour... et de sexualité. Montréal, Les Éditions de l’Homme, 1999, 192 p.

Ressources pour les parents

  • BOIVIN, Janique et Joëlle BOUCHER-DANDURAND. Comment protéger nos enfants contre les agresseurs sexuels, pédophiles et autres prédateurs. Montréal, Éditeurs réunis, 2009, 240 p.
  • COMMISSION DES DROITS DE LA PERSONNE ET DES DROITS DE LA JEUNESSE. Où s’adresser pour faire un signalement à la Direction de la protection de la jeunesse? www.cdpdj.qc.ca
  • DIRECTION DE LA PROTECTION DE LA JEUNESSE. Faire un signalement au DPJ, c’est déjà protéger un enfant : quand et comment signaler? Québec, Direction des communications du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, 2008, 28 p. www.cdpdj.qc.ca
  • ÉQUIPE DU CAVAC DES LAURENTIDES. Si ton enfant te dit que quelqu’un l’a touché sexuellement, écoute-le! 2003, 39 p. www.cavac.qc.ca
  • SAINT-PIERRE, Frédérique et Marie-France VIAU. L’enfant victime d’agression sexuelle : comprendre et aider. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, 2010, 240 p.
  • VERMONT, Charline. Corps, amour, sexualité : les 120 questions que vos enfants vont vous poser. Paris, Albin Michel, 2022, 208 p.

Organismes

  • Centres d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC). Visitez leur site pour découvrir le centre le plus près de chez vous. www.cavac.qc.ca
  • Organismes ESPACE. Ce regroupement offre des ateliers de prévention des abus sexuels aux enfants de milieux scolaires et préscolaires. www.espacesansviolence.org
  • Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS). www.rqcalacs.qc.ca

 

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