Comment réagir quand une tragédie survient

Comment réagir quand une tragédie survient
Les enfants peuvent se sentir inquiets lorsqu’ils sont témoins de tragédies dans les médias ou dans leur entourage. Comment réagir?


Les enfants peuvent se sentir inquiets et démunis lorsqu’ils sont témoins de catastrophes et d’événements tragiques qu’ils voient dans les médias ou qui surviennent dans leur entourage. La plupart du temps, ils se tournent vers leurs parents et les autres adultes qui les entourent pour être rassurés et pour tenter de comprendre l’événement. Comment réagir?

Tragédies : en parler ou non?

Doit-on parler d’une tragédie très médiatisée (p. ex. : une tuerie dans une école, une guerre, un écrasement d’avion ou un tremblement de terre) avec un enfant? S’il n’en parle pas, il n’est pas conseillé d’aborder le sujet avec lui, puisque cela risque de l’inquiéter inutilement. Toutefois, si un événement touche de près un enfant ou s’il aborde le sujet avec vous, mieux vaut ne pas minimiser ce qu’il a vu ou entendu et le lui expliquer avec des mots simples qui correspondent à son niveau de développement. L’idéal est de partir de ses questionnements. Par contre, il faut le tenir loin des images violentes de l’actualité qui pourraient être traumatisantes pour lui.

Les signes à surveiller à la suite d’une tragédie

Les réactions diffèrent d’un enfant à un autre et dépendent de son âge, de sa personnalité et du contexte. Votre enfant ne sait pas toujours comment exprimer ses craintes par des mots. Restez à l’affût des signes qui peuvent indiquer qu’il est perturbé. En voici quelques exemples.

Voici quelques façons d’aborder le sujet avec votre enfant s’il vous pose des questions ou si vous sentez qu’il est perturbé par les événements.
  • Il pose beaucoup de questions sur l’événement ou a peur que quelque chose de semblable lui arrive (à lui ou à son entourage).
  • Il reproduit les scènes dont il a été témoin dans ses jeux.
  • Son comportement change : il est plus agité qu’avant, plus impatient, plus agressif, plus irritable ou plus colérique et pleure sans raison apparente.
  • Il a des troubles de sommeil : il refuse de dormir seul, il a soudainement peur du noir, il se réveille plusieurs fois par nuit, il fait des cauchemars ou il recommence à faire pipi au lit.
  • Il a souvent des maux de ventre, des maux de tête, des nausées.
  • Il manque d’appétit.
  • Il est plus anxieux qu’à l’habitude, il refuse d’aller à l’école et il ne veut plus quitter ses parents.
  • Il délaisse ses jouets et ses amis.
  • Il a de la difficulté à se concentrer.

Plan d’urgence et exercice de confinement à l’école

Les milieux scolaires sont invités à se doter d’un plan d’urgence en cas d’intrusion armée. Il appartient aux écoles et aux centres de services scolaires de décider si ce plan inclut, ou non, un exercice de confinement, c’est-à-dire une simulation de cas d’irruption d’un tireur dans une école, comme on le fait habituellement pour les alertes d’incendie. Les avis sont partagés sur le bien-fondé d’un exercice de confinement chez les jeunes élèves. Les établissements scolaires peuvent opter pour une sensibilisation du personnel et l’explication du plan sans faire vivre l’expérience de confinement aux enfants. Si un tel exercice est prévu à l’école de votre enfant et que vous croyez que celui-ci pourrait être perturbé par un tel exercice, discutez-en avec le personnel enseignant et la direction pour prendre une décision éclairée sur sa participation ou non.

Comment aider votre enfant

Voici quelques moyens d’aider votre enfant si vous sentez qu’il est perturbé par une tragédie.

  • Rassurez votre enfant. Avant tout, votre enfant a besoin d’être rassuré. Durant cette période de stress, informez votre enfant si vous devez vous absenter et qui s’occupera de lui durant ce moment. N’hésitez pas à le cajoler et à passer du temps avec lui. Jouer avec lui peut aussi lui permettre d’exprimer ses émotions et ses inquiétudes.
  • Soyez à l’écoute. Restez attentif à ce que vit votre enfant. Questionnez-le sur ce qu’il a compris de l’événement et comment il se sent par rapport à la situation. Rectifiez les faits au besoin. Vous pouvez l’inciter à vous parler, mais s’il n’en a pas envie, n’insistez pas. Vous pourrez y revenir plus tard avec lui. Respectez ses émotions et son rythme.
  • Répondez aux questions simplement. S’il vous pose des questions, répondez-y honnêtement en expliquant la situation de façon simple et en utilisant des mots qu’il comprendra. Il est important de tenir compte de son âge. Par conséquent, si vous avez plus d’un enfant à la maison, il pourrait être pertinent de tenir plusieurs conversations différentes. Inutile de donner trop de détails à votre enfant, car il risquerait de ne pas comprendre, et ces détails pourraient alimenter son anxiété au lieu de le rassurer. Insistez sur la rareté de tels événements.
  • Parlez de vos émotions avec calme. Nommez, vous aussi, vos émotions. Montrez votre compassion, mais évitez d’avoir l’air perturbé devant votre enfant. Dites-lui que vous comprenez qu’il peut se sentir inquiet. Rassurez-le en lui démontrant que vous êtes là pour lui, qu’il peut compter sur vous, et demandez-lui ce qui pourrait le rassurer. Passez plus de temps avec lui si vous sentez que cela le rassure.
  • Déculpabilisez votre enfant. Parfois, les enfants peuvent se sentir coupables. En effet, ils peuvent rapporter les événements à eux-mêmes. Répétez-leur que ce n’est pas leur faute, qu’ils ne sont pas responsables de ce qui est arrivé. Rappelez-vous que pour les enfants la conception de la distance et du temps n’est pas la même que pour vous.
  • Évitez l’exposition aux images violentes. Limitez le temps que votre enfant passe devant un écran de télévision ou devant l’ordinateur et soyez vigilant à propos de ce qu’il regarde. C’est d’autant plus important si l’enfant vient de vivre un drame. Offrez-lui plutôt des images positives. De votre côté, choisissez les émissions que vous regardez, même si votre enfant n’est pas dans la même pièce. Ne laissez pas la télévision et la radio ouvertes en permanence.
  • Agissez. Malgré la tristesse d’un événement, démontrez de l’admiration pour ceux qui viennent en aide aux sinistrés et aux gens dans le besoin. Informez votre enfant sur les organisations qui offrent leur aide en cas de catastrophe et qui tentent de prévenir de nouveaux drames. Si possible, parlez en famille de ce que vous pourriez faire pour aider. Si votre enfant veut participer à une activité d’aide, encouragez-le. L’action est le meilleur remède pour chasser l’impuissance et l’anxiété liées à un événement malheureux.
  • Parlez des mesures d’urgence en cas de catastrophe. Une tragédie peut aussi être l’occasion de faire le point avec votre enfant sur certaines mesures de sécurité. Que feriez-vous en cas d’incendie à la maison, ou s’il arrivait un accident? Assurez-vous que votre enfant connaît les règles de sécurité de base et les mesures prises en cas d’urgence. Répétez-les au besoin sous forme de jeu. Le but n’est pas de l’inquiéter, mais au contraire de le rassurer et de faire en sorte qu’il sache comment réagir en cas d’urgence.
  • Demandez de l’aide. Pour les enfants, comme pour les adultes, un événement tragique peut causer un stress prolongé, surtout s’il est survenu près d’eux et a un impact important sur leur vie. Il pourrait s’agir d’une anxiété difficile à contrôler. Si vous voyez que les signes de perturbation perdurent, n’hésitez pas à consulter un médecin, le CLSC de votre région ou un psychologue. Ce n’est pas un signe de faiblesse de demander une aide extérieure. Au contraire, c’est un réflexe sain et bénéfique pour la santé de tous.
  • Prenez soin de vous. Si vous avez été témoin ou si vous avez vous-même été victime d’un accident ou d’une tragédie, n’hésitez pas à aller chercher de l’aide.

 

Trouble de stress post-traumatique

Si votre enfant a été témoin d’un événement ayant une teneur possiblement traumatique, cela ne veut pas dire qu’il développera automatiquement un trouble. Vous pouvez tout de même être vigilant envers certaines manifestations si elles sont persistantes dans le temps : présence de souvenirs répétitifs, involontaires et envahissants; rêves répétitifs qui provoquent une détresse et qui sont en lien avec l’événement; impressions que l’événement va se reproduire (flashbacks); sentiment intense de détresse lorsque l’enfant est exposé à des situations qui lui rappellent l’événement; évitement persistant des souvenirs ou des sentiments associés à l’événement; changements marqués sur le plan de l’humeur et de la réactivité (p. ex. : sursauts, comportements destructeurs, etc.). Si vous remarquez ces manifestations chez votre enfant, il est important d’aller chercher de l’aide.

 

À retenir

  • Il vaut mieux partir des questions de l’enfant et ne pas entrer inutilement dans les détails de l’événement.
  • Limitez l’exposition à l’actualité.
  • Prenez soin de vous pour mieux prendre soin de votre enfant.
  • N’hésitez pas à aller chercher de l’aide professionnelle pour vous ou pour votre enfant.

 

Naître et grandir

Révision : Ariane Leroux-Boudreault, psychologue
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Octobre 2021

 

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • BERTHIAUME, Caroline. 10 questions sur l’anxiété chez les enfants et les adolescents. Éditions Midi trente, 2017,128 p.
  • HabilosMédias. Comment éviter que les jeunes soient bouleversés par la couverture médiatique de guerres ou de catastrophes. habilomedias.ca
  • Hôpital de Montréal pour enfants. Centre universitaire de santé McGill. Tragédie : en parler ou non avec votre enfant? www.hopitalpourenfants.com
  • KUTLU, Nadielle. « Comment parler de fusillade aux enfants? », La Presse, 9 janvier 2015. www.lapresse.ca
  • DCIU. « Talking to Kids About Racism, Issues and Current Events ». www.dciu.org
  • SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE. Soins de nos enfants. Aider les enfants et les adolescents à affronter des événements publics stressants. www.soinsdenosenfants.cps.ca
  • UNICEF. Parler d’une tragédie avec votre enfant. www.unicef.ca
  • Ressource pour les victimes d’actes criminels. cavac.qc.ca

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