Les peurs au coucher

Les peurs au coucher
Pourquoi votre enfant a peur du noir ou des monstres quand vient le temps de se coucher?


Les peurs au moment du coucher sont présentes chez plusieurs enfants. Vers 3 ans, les peurs les plus fréquentes sont celles du noir, des monstres et des bruits que l’enfant ne reconnaît pas. À partir de 5 ans, d’autres s’ajoutent comme la peur des agressions et des catastrophes.

Pourquoi votre enfant a peur au moment de se coucher?

Avant 5 ans

L’enfant a beaucoup d’imagination et il ne fait pas encore très bien la distinction entre ce qui est réel ou pas. S’il entend un bruit qu’il ne reconnaît pas, il peut imaginer que c’est un monstre qui grogne.

Comme il ne voit pas bien dans sa chambre le soir, il peut aussi se mettre à imaginer qu’un vêtement est un fantôme ou que l’ombre d’un toutou est un loup. Pour votre tout-petit, le fantôme qu’il dit voir dans sa chambre est bien réel. Il ressent donc une vraie peur en l’imaginant.

Lorsque votre enfant exprime des peurs à l’heure du dodo, il a besoin d’être rassuré.

De plus, tout au long de la journée, votre enfant ressent différentes émotions qu’il ne comprend pas encore très bien. Certaines de ces émotions sont positives, comme la joie d’avoir fait une activité qu’il aime avec ses amis ou avec vous.

Mais d’autres émotions peuvent aussi être moins agréables à ressentir. Par exemple : il a eu peur de tomber, il a sursauté en voyant un chien l’approcher au parc. Parfois, ces émotions difficiles s’expriment en peurs lorsque votre enfant se retrouve seul dans sa chambre pour dormir.

Après 5 ans

L’enfant a encore beaucoup d’imagination. De plus, il commence à saisir certains concepts, comme la mort et les dangers de blessure, d’agression ou de catastrophes.

Il peut se créer des scénarios dans sa tête qui mélangent des bouts de réalité et de son imagination, mais qui provoquent une réelle peur chez lui. Par exemple, votre enfant peut avoir peur de ne pas se réveiller si la maison brûle durant la nuit ou avoir peur qu’un méchant entre par la fenêtre de sa chambre pour l’enlever pendant qu’il dort.

Votre enfant peut aussi avoir des peurs à l’heure du dodo même s’il ne s’est rien passé de particulier durant la journée.

À cet âge, les émotions qui lui font vivre du stress pendant la journée peuvent aussi s’exprimer en peurs au moment du coucher. Elles sont souvent liées à des situations où l’enfant ne se sent pas en contrôle et ne sait pas quoi faire.

Par exemple, votre enfant peut avoir peur dans son lit parce qu’il vit de l’anxiété à l’école, parce qu’il a eu une chicane avec un ami ou qu’il a vu des images qui lui ont fait peur à la télévision.

Comment aider un enfant qui a peur au coucher?

Pour surmonter ses peurs, votre enfant a besoin que vous preniez ses peurs au sérieux et que vous le rassuriez en l’aidant à faire la différence entre son imaginaire et la réalité.

Voici des stratégies qui peuvent l’aider :

  • Mettez en place un rituel calme au moment du dodo : histoire, musique douce, petit massage, bain. Vous permettez ainsi à votre enfant de se débarrasser des tensions de sa journée et de se préparer au sommeil. Évitez les discussions, les activités, les histoires ou les jeux qui risquent de l’exciter ou de l’inquiéter une heure avant le dodo.
  • Essayez de le coucher à la même heure chaque soir. Avoir une routine sécurise votre enfant, et cela peut l’aider à s’endormir.
Lorsque vous réconfortez et rassurez votre enfant, vous l’aidez à se sentir en sécurité. Ce sentiment lui donne le courage dont il a besoin pour affronter et surmonter ses peurs.
  • Écoutez votre enfant vous dire ce qui lui fait peur et dites-lui que vous le comprenez. Ne ridiculisez pas ses peurs, même si elles ne vous semblent pas fondées. Dites par exemple : « Je comprends que cela te fasse peur et que tu n’arrives pas à dormir. On va regarder ensemble comment faire partir cette peur. » L’important est de le rassurer en l’aidant à faire la différence entre les situations dangereuses et celles qui ne le sont pas.
  • Rassurez-le en lui disant que les monstres n’existent pas, sauf dans les livres et dans les émissions et les films. Vous pouvez vérifier une fois sous le lit, avec lui, mais pas plus. Si vous le faites chaque fois, vous lui donnez raison d’avoir peur. Vous pouvez aussi lui dire que vous viendrez le voir quand il sera endormi pour veiller à ce que tout se passe bien.
  • Rappelez-lui que la maison est sécuritaire. Dites-lui que les portes et les fenêtres sont verrouillées et que le système d’alarme est activé s’il y a lieu. Laissez la porte de sa chambre entrouverte. Cela peut le rassurer de vous entendre continuer vos activités lorsqu’il est au lit. Dites-lui que vous êtes là près de lui.
  • Installez une veilleuse afin de le rassurer. Il n’est pas nécessaire de l’allumer systématiquement. Mieux vaut laisser le choix à votre enfant de l’utiliser ou non. Vous pouvez aussi laisser une lampe de poche dans sa chambre qu’il peut allumer au besoin. Cela lui permet d’avoir un certain contrôle, et c’est rassurant pour lui.
  • Parlez-lui de vos propres peurs quand vous étiez enfant et de vos trucs pour les éloigner. Il réalisera ainsi qu’il n’est pas le seul à avoir des peurs et qu’il y a plusieurs moyens de les surmonter.
  • Utilisez les jeux et les dessins pour l’aider à parler de ce qui lui fait peur. Vous pouvez par exemple faire des jeux de rôle avec des figurines ou des toutous, demander à votre enfant de dessiner sa peur ou d’inventer une histoire qui finit bien au sujet de sa peur. Exprimer ses peurs de cette façon peut l’aider à les apprivoiser et à les surmonter.
  • Proposez-lui une action imaginaire pour augmenter son sentiment de contrôle quand vos paroles ne le rassurent pas. Par exemple, offrez-lui une épée en plastique pour combattre un monstre ou un loup. Savoir quoi faire permet à votre enfant d’avoir assez confiance en lui pour réussir à sendormir. Toutefois, même si cela le rassure, répétez-lui que les monstres n’existent pas et qu’il n’y a pas de loups dans la maison. Il réalisera qu’il n’a jamais besoin d’utiliser l’épée, et donc qu’il n’y a pas de danger. Cette stratégie fonctionne bien avec les tout-petits, mais elle est moins efficace après 6 ans.
  • Essayez de savoir si votre enfant a vécu une situation stressante ou difficile dans la journée. Posez-lui des questions comme : « Est-ce que tu t’es bien sentie aujourd’hui à l’école? », « Qu’est-ce que tu as fait durant ta pratique de soccer? » ou « T’es-tu bien amusé chez ton ami? » Parlez avec votre enfant pour trouver le problème et des solutions qu’il pourrait essayer pour régler la situation. Cette stratégie est plus efficace avec les enfants à partir de 7 ans.

Faut-il éviter de raconter des histoires qui font peur aux enfants?

Non. Les histoires mettant en scène des personnages qui peuvent faire peur (ex. : monstre, sorcière, loup) permettent aux enfants de nommer les émotions quils ressentent face à ces personnages. Comme les contes présentent souvent des héros qui triomphent sur les méchants, votre enfant peut s’identifier aux personnages et surmonter ainsi sa peur.
Choisissez des livres remplis d’humour. Cela permet à votre enfant de dédramatiser ses craintes. Ne vous inquiétez pas s’il redemande souvent la même histoire. Cela peut être le signe quil est en train d’apprivoiser sa peur!Évitez toutefois de lui raconter ces histoires directement avant le dodo pour ne pas réveiller sa peur. Regardez-les plutôt à un autre moment de la journée.

À retenir

  • Les peurs au coucher sont fréquentes chez la plupart des enfants.
  • L’imaginaire de l’enfant lui fait percevoir les objets différemment au moment du dodo : il est donc important de le rassurer.
  • Mettre en place une routine calme permettra à votre enfant de mieux vivre l’heure du coucher.
Naître et grandir

Révision scientifique : Annie Goulet, psychologue
Recherche et rédaction :
Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Juin 2023

Photos : GettyImages/princessdlaf et PeopleImages

Ressources et références

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Pour les parents

  • BOURQUE, Solène. Les grandes émotions des tout-petits : comprendre et soutenir les apprentissages émotionnels chez les 2 à 6 ans. Québec, Éditions Midi trente, 2020, 139 p.
  • FILLIOZAT, Isabelle. Au coeur des émotions de l’enfant. Vanves, Marabout, 2013, 322 p.
  • GAGNIER, Nadia. Maman j’ai peur, chéri je m’inquiète. Coll. « Vive la vie en famille », vol. 2, Montréal, Les ÉditionsLa Presse, 2010.
  • Hôpital de Montréal pour enfants. Aidez vos enfants à gérer leurs peurs et leurs phobies. www.hopitalpourenfants.com
  • SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE. Soins de nos enfants. « Aider les enfants à affronter leurs peurs ». soinsdenosenfants.cps.ca
  • VALLIÈRES, Suzanne. Les psy-trucs pour les enfants de 0 à 3 ans. Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2017, 240 p.

Pour les enfants

  • BERGERON-GAUDIN, Marie-Ève et Solène BOURQUE. Léa a peur de dormir. Québec, Éditions Placote, 2020, 16 p.
  • BERGERON-GAUDIN, Marie-Ève et Solène BOURQUE. Noah a peur de dormir. Québec, Éditions Placote, 2020, 16 p.
  • BOURQUE, Solène. Mini loup vit un tourbillon d’émotions. Québec, Éditions Midi trente, 2017, 48 p.
  • BUTTERFIELD, Mora. Moi aussi, j’ai peur. Markham, Éditions Scholastic, 2016, 24 p.
  • CLÉLAURIN, Julie. J’ai peur, peur, peur. Paris, Éditions du Seuil, 2013, 12 p.
  • COUTURIER, Stéphanie. Le livre de mes émotions : la peur. Paris, Éditions Grund, 2018, 24 p.
  • DE LAMBILLY, Élisabeth. Tom a peur du noir. Paris, Éditions Mango, 2015, 32 p.
  • DE SAINT-MARS, Dominique. Lili ne veut pas se coucher. Coppet, Éditions Calligram, 1996, 48 p.
  • DE SAINT-MARS, Dominique. Max et Lili ont peur des images violentes. Coppet, Éditions Calligram, 2015, 48 p.
  • LALLEMAND, Orianne et Éléonore THUILLIER. P’tit loup a peur du noir. Montréal, Éditions Auzou, 2013, 24 p.
  • LATULIPPE, Martine et Nathalie PARENT. La peur de Mathis. Laval, Mammouth rose, 2020, 32 p.
  • LLENAS, Anna. La couleur des émotions. Paris, Éditions Quatre Fleuves, 2017, 46 p.
  • SAMSON, Nahlie et Jessica CHARBONNEAU. Vaincre ses peurs, un jeu d’enfant! Coll. « L’étoile polaire », Éditions Victor et Anaïs, 2023, 24 p.
  • SWEET, Susan D. et Brenda. S. MILES. Jacqueline et le haricot magique. Saint-Lambert, Dominique et compagnie, 2018, 40 p.
  • WADDELL, Martin et Barbara FIRTH, Tu ne dors pas, petit ours? Paris, L’école des loisirs, 1988, 32 p.
  • WATT, Mélanie. Frisson l’écureuil. Markham, Éditions Scholastic, 2006, 40 p.

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