Disputes parents-enfants

Disputes parents-enfants
Tous les parents se disputent de temps en temps avec leurs enfants! Voyons pourquoi…


La plupart des parents et des enfants se disputent de temps en temps. Même si les chicanes sont normales, elles peuvent créer une ambiance familiale tendue et provoquer des émotions désagréables, comme la colère, la déception et la tristesse. Heureusement, il est possible de les régler, de les diminuer et même de les prévenir.

Causes des disputes entre parents et enfants

Pour diminuer la fréquence des disputes entre parents et enfants, comprendre pourquoi elles ont lieu est nécessaire. Voici quelques-unes des raisons pouvant mener à une chicane.

  • Les enfants sont très centrés sur eux-mêmes. Ce n’est que vers 4 ou 5 ans qu’ils apprennent à tenir compte du point de vue des autres. Puis, vers 8 ans, ils commencent à se mettre à la place de l’autre et à comprendre son point de vue et ses émotions.
  • Les enfants n’ont pas appris à négocier ni à le faire avec respect. Pour les aider, il est important que leurs parents donnent l’exemple en gérant leurs conflits de façon respectueuse et en s’assurant que leurs propos envers leur enfant, les autres et eux-mêmes demeurent respectueux.
  • Les enfants n’ont pas encore appris qu’il faut faire des compromis pour arriver à bien s’entendre. Apprendre à faire des compromis débute lorsque les enfants commencent à s’intéresser au jeu collaboratif, vers 3 ans. Cette aptitude s’apprend avec la pratique et au fur et à mesure que le cerveau se développe. Voir des adultes ou d’autres enfants faire des compromis, faire preuve de souplesse et proposer des solutions autres que la chicane aide à apprendre à faire des compromis.
  • Les enfants argumentent parfois pour se sentir indépendants. Ils cherchent à définir leur identité et ils ont besoin de s’affirmer. Cela fait partie du développement normal d’un enfant.
  • Les enfants ne sont pas encore capables de gérer leurs émotions et de dire clairement ce qu’ils ressentent. Une accumulation de frustrations peut donc survenir. C’est pourquoi une situation que l’adulte considère comme un détail est parfois un grand déclencheur de colère pour l’enfant. Par ailleurs, les mots ou les comportements de l’enfant peuvent provoquer une dispute si le parent ne maîtrise pas ses émotions.
  • L’humeur des parents, leur niveau d’énergie, leur journée au travail et l’accumulation de petits stress influencent grandement leurs réactions envers leur enfant. Ils peuvent avoir moins de patience certains jours et, pour cette raison, réagir plus vivement. Cela mène parfois à une dispute avec leur enfant. Pour des conseils pour garder son sang-froid, consultez notre fiche Comment garder son calme avec son enfant.

Comment régler les chicanes parents-enfants?

Votre enfant a besoin de votre aide pour régler des chicanes ainsi que pour apprendre à collaborer et à faire des compromis. Vous êtes un modèle pour votre enfant, même lorsque vous êtes à l’origine de la chicane.

Voici des conseils pour vous aider à régler les conflits avec votre enfant.

  • Prenez le temps de vous calmer avant d’essayer de régler le conflit. Au besoin, éloignez-vous un peu et prenez de grandes respirations. Dites à votre enfant que vous allez prendre le temps de vous calmer. Cela lui montre une stratégie d’autoapaisement qu’il pourra utiliser à son tour. Il comprend aussi que vous pouvez vivre des émotions désagréables et que vous tentez de les apaiser pour maintenir une relation harmonieuse.
  • Aidez votre enfant à se calmer. Faites-lui un câlin, invitez-le à serrer un toutou dans ses bras ou encouragez-le à prendre de grandes respirations. Amenez-le à l’écart, loin de la situation frustrante ou des stimuli. Certains enfants peuvent avoir besoin de se défouler pour se calmer. Si c’est le cas de votre enfant, proposez-lui de frapper sur un coussin pour libérer ses tensions.
Lorsque vous aidez votre enfant à nommer ses émotions, il se sent écouté et compris. Cela le rassure et facilite la recherche de solutions. Cette approche peut aussi aider à diminuer les chicanes.
  • Lorsque vous et votre enfant avez retrouvé votre calme, mettez des mots sur vos émotions et sur celles de votre enfant. Dites-lui comment vous vous sentez, par exemple : « Je suis fâché parce que tu lances tes blocs au lieu de les ranger. » Aidez aussi votre enfant à reconnaître son émotion et à nommer ce qu’il ressent. Par exemple : « Tu es fâché parce que tu veux continuer à jouer au lieu d’aller prendre ton bain? »
  • Exprimez vos attentes et écoutez celles de votre enfant lorsque tout le monde est calme. Dites-lui, par exemple : « J’aimerais que tu ranges tes jouets parce qu’il est tard. C’est le moment de prendre ton bain. » Demandez-lui ensuite ce qu’il veut. Si ce n’est pas réaliste, répétez votre consigne, sous forme positive. Par exemple, s’il dit : « Je ne veux pas prendre mon bain, je veux continuer à jouer », vous pouvez lui répondre : « Je comprends que tu veux continuer à jouer, mais maintenant c’est l’heure du bain ».
  • Cherchez des solutions avec votre enfant. Proposez-lui vos idées, par exemple : « Je te laisse encore 5 minutes pour jouer. Ensuite, je t’aide à ranger tes jouets et tu vas prendre ton bain. » Demandez-lui également ses idées. Si sa solution est déraisonnable, déclinez-la et revenez à la vôtre. S’il refuse de collaborer, offrez-lui deux options. Faites ensuite un décompte de 5 secondes. S’il ne répond pas après ce délai, prenez la décision pour lui et énoncez-la explicitement.

Ce n’est pas toujours facile de se calmer et d’arriver à passer par toutes ces étapes pour régler une chicane. L’important est d’essayer de le faire le plus souvent possible. Et si vous n’y arrivez pas sur le coup, n’hésitez pas à vous reprendre plus tard pour régler le conflit.

Vous pouvez aussi passer le relais à votre partenaire si la situation vous dépasse et que c’est une option dans votre réalité familiale. N’oubliez toutefois pas de créer un moment de reconnexion avec votre enfant, une fois que vous serez tous les deux calmés.

Si vous avez crié et réagi fortement, excusez-vous auprès de votre enfant. Il apprend ainsi qu’il est normal de ne pas être parfait, mais qu’il est toujours possible de corriger ses erreurs. Consultez Faut-il s’excuser à son enfant? pour comprendre pourquoi il est important de s’excuser quand on s’emporte.

Comportements à éviter lors d’une dispute avec votre enfant

Certains comportements et paroles ne sont pas utiles pour régler une chicane parce qu’ils ne font qu’empirer le conflit. Voici les comportements à éviter lors d’une dispute avec votre enfant.

Évitez d’argumenter avec votre enfant

À la base, votre enfant argumente parce qu’il n’est pas d’accord. Il cherche aussi à contrôler la situation, ce qui est normal. Dans certaines situations, les compromis ne sont toutefois pas possibles et l’argumentation doit être évitée.

Elle peut vite devenir un moyen pour votre enfant de ne pas répondre à votre demande. Elle peut aussi faire dévier la discussion et retarder le moment où votre enfant devra se conformer à votre demande.

Si votre enfant argumente, ramenez-le à votre demande initiale, par exemple : « Je comprends que ça ne te tente pas, mais je t’ai demandé d’arrêter de jouer, car nous allons manger. »

Évitez de répondre aux attaques de votre enfant

Votre enfant peut avoir du mal à nuancer ses propos et à exprimer sa colère. Il peut alors lancer des attaques du genre : « Tu n’es pas fine! Je ne t’aime plus! » Pour éviter d’alimenter le conflit, ignorez ces paroles blessantes sans répliquer.

Lorsque le calme est revenu, dites-lui : « Ça me fait de la peine lorsque tu me dis des choses comme ça. Mais je comprends que c’est parce que tu étais déçu et fâché, n’est-ce pas? La prochaine fois, tu pourrais me dire que tu es fâché contre moi, à la place. »

Votre enfant apprend ainsi à nuancer ses propos. Il comprend aussi que ses paroles blessantes peuvent faire de la peine aux gens qu’il aime. Il apprend à trouver de meilleures manières d’exprimer ce qu’il ressent.

Évitez d’exagérer le comportement de votre enfant

Sur le coup de la colère, vos paroles peuvent dépasser votre pensée. Mais il est important d’éviter les généralisations et les étiquettes.

Au lieu de dire : « Tu ne m’écoutes jamais », dites plutôt : « En ce moment, je suis fâché parce que tu n’écoutes pas ma demande ». De la même façon, au lieu de dire : « Tu n’es qu’un menteur! » ou « Tu es tannante! », dites plutôt à votre enfant : « Je n’aime pas quand tu racontes des mensonges ou quand tu n’écoutes pas les consignes ».

Si, dans un moment de colère, vous utilisez les généralisations ou les étiquettes, pas de panique. Une fois que vous et votre enfant serez apaisés, revenez sur vos paroles. Excusez-vous et nuancez ce que vous vouliez dire.

L’évitement : une mauvaise stratégie

Certains parents qui n’aiment pas les conflits ont tendance à éviter les chicanes. Au lieu de les régler, ils passent à un autre sujet. Certains changent aussi les idées de leur enfant en faisant une autre activité. Un parent peut donc laisser tomber sa consigne ou revenir sur sa décision pour éviter un conflit.
Un parent qui refuse un deuxième dessert à son enfant pourrait finir par lui laisser pour éviter la chicane. Ce n’est toutefois pas une bonne idée. Cette façon de faire montre à l’enfant que les limites n’ont pas réellement à être respectées. Elle lui montre aussi qu’il peut obtenir ce qu’il veut en criant, en pleurant, en faisant une crise, etc.
L’évitement peut favoriser une accumulation d’émotions désagréables et de frustrations. Celles-ci peuvent alors faire éclater un conflit dans une autre situation.

Comment prévenir les disputes avec votre enfant?

Il est possible au quotidien d’entretenir des relations plus harmonieuses avec votre enfant et de prévenir bien des disputes. Voyez comment.

Une maman parle des émotions avec son enfant.
  • Parlez souvent des émotions, autant de celles qui sont agréables (joie, surprise, fierté) que de celles qui le sont moins (tristesse, colère, stress). N’attendez pas qu’une chicane se présente pour parler des émotions avec votre enfant. Prenez l’habitude de lui dire ce que vous ressentez et encouragez les autres membres de la famille à faire de même. Prévoyez un moment, comme le souper, pour que chacun partage ce qu’il a aimé et moins aimé dans sa journée. Cela habitue votre enfant à s’exprimer, en plus d’éviter que les émotions désagréables s’accumulent et provoquent ensuite des conflits.
  • Prenez les émotions de votre enfant au sérieux. Dites-lui que vous comprenez qu’il puisse être triste, en colère ou joyeux, selon la situation. Il se sentira alors compris et réconforté. Il acceptera plus facilement son émotion et aura moins tendance à l’exprimer de manière inacceptable. Encouragez aussi votre enfant à écouter ce que les autres disent. Petit à petit, il apprendra à tenir compte du point de vue des autres.
  • Expliquez clairement vos attentes. Ainsi, votre enfant comprend mieux ce qui est permis ou non. Cela évite les malentendus, qui sont souvent à la source des conflits. Formulez des règles claires, concrètes, courtes et adaptées à son âge. Puis, appliquez-les avec constance. Par exemple, concentrez-vous sur un petit nombre de règles importantes, comme « on est doux avec les amis », « on range les jouets sans les lancer » et « on parle d’une voix douce ».
  • Instaurez des routines. Elles rassurent votre enfant, car elles lui permettent de savoir ce qui va arriver et de se situer dans le temps. Quand votre enfant connaît bien sa routine, il se sent plus en contrôle : il sait ce qu’il doit faire et dans quel ordre. Par exemple, la routine du soir peut éviter que votre enfant vive des frustrations lorsque vous lui demandez de ranger ses jouets pour prendre le bain, car il sait que sa routine du dodo commence.
  • Accordez-vous le droit d’être imparfait. Si vous êtes plus fatigué et moins patient qu’à l’habitude, n’hésitez pas à le dire à votre enfant, par exemple : « J’ai eu une grosse journée au travail, je suis fatigué et je n’ai pas beaucoup de patience ce soir. » Cela peut l’encourager à mieux collaborer, et ainsi éviter des conflits.
  • Gardez en tête que vous parlez à un enfant, qui n’a pas les mêmes capacités à s’exprimer, à réfléchir et à réagir qu’un adulte. C’est vrai dans une chicane, comme dans toute autre situation. Adaptez votre langage à l’âge de votre enfant et ayez des attentes réalistes.

Conséquences des chicanes parents-enfants

Même si les chicanes ne sont pas agréables à vivre, elles sont des occasions d’apprentissage. En effet, si vous prenez le temps de régler vos conflits, vous apprenez à votre enfant à exprimer ses émotions, à tenir compte des autres et à trouver des solutions.

Cette approche fait grandir le lien de confiance et d’attachement qui vous unit à votre enfant. Votre relation s’en trouve améliorée. Sans compter que prendre le temps de régler les conflits à mesure qu’ils se présentent permet de diminuer leur fréquence.

Des conséquences négatives

Les disputes peuvent avoir un impact négatif sur la relation parents-enfants, surtout lorsqu’elles sont fréquentes. Par exemple, lors d’une chicane, vos paroles peuvent parfois dépasser vos pensées. Vous pouvez alors tenir des propos blessants envers votre enfant.

Les commentaires négatifs répétés nuisent à l’estime de soi de votre enfant. Par exemple, à force de se faire dire qu’il est tannant ou méchant, il finira par le croire. Il aura le sentiment qu’il a moins de valeur que les autres.

Au lieu de lui donner une étiquette, mettez plutôt l’accent sur le comportement à améliorer. Par exemple, s’il frappe un ami, dites-lui que son geste n’est pas gentil au lieu de dire qu’il n’est pas gentil.

Si, malgré les efforts de votre enfant, vous êtes toujours insatisfait de son comportement et le chicanez, il risque de se décourager. Il peut même en venir à ne plus tenter d’adopter de bons comportements, ce qui peut amener d’autres conflits. Vous risquez alors d’entrer dans un cercle vicieux.

Pour éviter que votre enfant se décourage, vous pouvez, entre autres, souligner ses efforts, même si le résultat attendu n’est pas tout à fait au rendez-vous. Vous pouvez aussi diminuer vos attentes si vous constatez que votre enfant ne les atteint généralement pas. Il doit vivre des réussites pour se sentir compétent. En effet, le sentiment de compétence est l’une des quatre composantes de l’estime de soi.

À retenir

  • Vous êtes un modèle pour apprendre à votre enfant comment régler des disputes.
  • Mettre des mots sur vos émotions, exprimer vos attentes et trouver ensemble des solutions sont de bons moyens de régler les chicanes avec votre enfant.
  • Prendre le temps d’écouter votre enfant tout en ayant des attentes claires et des routines sont des stratégies qui permettent de prévenir les conflits.
Naître et grandir

Révision scientifique : Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Juillet 2025

Photos : Adobe Stock/fizkes et GettyImages/triloks

Ressources et références

  • BILODEAU, Mélanie. Soyez l’expert de votre tout-petit : éduquer dans la parentalité sécurisante. Québec, Édition Midi trente, 2022, 240 p.
  • BOURQUE, Solène. Les grandes émotions des tout-petits. Québec, Éditions Midi trente, 2020, 144 p.
  • HAMEL, Sarah. Le ti-pou d’Amérique : mieux le comprendre pour mieux intervenir. Laval, Saint-Jean Éditeur, 2022, 182 p.
  • HAMEL, Sarah. Le ti-pou d’Amérique de 7 à 12 ans : mieux le comprendre pour mieux intervenir. Laval, Saint-Jean Éditeur, 2023, 256 p.

Pour les enfants

  • BOURQUE, Solène. Mini Loup vit un tourbillon d’émotions. Québec, Éditions Midi trente, 2017, 48 p.
  • DUFOUR, Marianne. Guide d’entraînement pour apprivoiser son lion intérieur. Québec, Éditions Midi trente, 2017, 48 p.
  • ÉDITIONS MIDI TRENTE. Jouons avec les émotions. Cartons psychoéducatifs pour comprendre et mieux vivre les émotions. 27 cartons.
  • HÉBERT, Ariane. Les émotions racontées aux enfants. Boucherville, Éditions de Mortagne, 2018, 71 p.

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