Tous les parents se disputent de temps en temps avec leurs enfants! Voyons voir pourquoi...
La plupart des parents et des enfants se disputent de temps en temps. Les chicanes peuvent créer une ambiance familiale tendue en plus de faire vivre des émotions désagréables, comme la colère, la déception et la tristesse. Elles peuvent aussi nuire à la relation parent-enfant si elles sont intenses et fréquentes. Heureusement, il est possible de régler, de diminuer et même de prévenir les chicanes.
Pourquoi on se dispute avec son enfant?
Pour diminuer la fréquence des disputes entre parents et enfants, il est important de comprendre pourquoi elles ont lieu :
- Les tout-petits sont très centrés sur eux-mêmes. En effet, ils apprennent à tenir compte du point de vue des autres seulement vers 4 ou 5 ans. Et ce n’est que vers 8 ans qu’ils commencent à pouvoir vraiment se mettre à la place de l’autre, à comprendre son point de vue et ses émotions.
- Les enfants n’ont pas toujours appris à négocier ni à le faire avec respect. Il est important que les parents donnent l’exemple en montrant aux tout-petits comment gérer les conflits. Votre famille résout-elle les désaccords dans le calme ou dans la colère? Les membres de votre famille se traitent-ils avec respect pendant qu’ils règlent leurs chicanes?
- Les tout-petits n’ont pas encore appris qu’il faut faire des compromis pour arriver à bien s’entendre.
- Les enfants argumentent parfois simplement pour se sentir indépendants. Ils cherchent à définir leur identité et ils ont besoin de s’affirmer. Cela fait partie du développement normal d’un enfant.
- Les disputes surviennent souvent en raison d’une accumulation d’émotions. Les tout-petits mettent du temps à apprendre à gérer leurs émotions et à dire clairement ce qu’ils ressentent. C’est pourquoi n’importe quelle petite chose peut déclencher une vive réaction. De plus, les mots ou les comportements des enfants peuvent provoquer une dispute si le parent ne maîtrise pas lui-même ses émotions.
- L’humeur des parents, leur niveau d’énergie, leur journée de travail et l’accumulation de petits stress influencent grandement leurs réactions envers leur enfant. Les parents peuvent donc avoir moins de patience certains jours et, pour cette raison, réagir vivement, ce qui peut mener à une dispute avec leur enfant. Pour des conseils pour garder son sang-froid, consultez notre fiche Perdre le contrôle.
Comment régler les chicanes parents-enfants?
Pour régler des chicanes, votre tout-petit a besoin de votre aide pour apprendre à collaborer et, lorsqu’il est plus vieux, à faire des compromis. Vous êtes d’ailleurs un modèle pour votre enfant, même lorsque vous êtes à l’origine de la chicane. Voici des conseils pour régler vos conflits.
- Prenez le temps de vous calmer. C’est la première chose à faire avant d’essayer de régler le conflit. Vous pouvez dire à votre enfant que vous allez prendre le temps de vous calmer. Au besoin, éloignez-vous un peu, changez de pièce et prenez de grandes respirations.
- Aidez votre tout-petit à se calmer. Vous pouvez lui faire un câlin, l’inviter à serrer un toutou dans ses bras ou l’encourager à prendre de grandes respirations. Le diriger dans un endroit à l’écart peut aussi l’aider à se calmer. Certains enfants peuvent avoir besoin de se défouler pour se calmer. Si c’est le cas de votre enfant, vous pouvez lui proposer de frapper sur un coussin pour libérer ses tensions.
- Mettez des mots sur vos émotions et sur celles de votre enfant. Dites à votre tout-petit comment vous vous sentez et essayez d’expliquer votre émotion. Dites, par exemple : « Je suis fâché parce que tu lances tes blocs au lieu de les ranger. » Aidez aussi votre tout-petit à reconnaître son émotion et à dire ce qu’il ressent. Par exemple : « Tu es fâché parce que tu veux continuer à jouer au lieu d’aller prendre ton bain? »
Lorsque vous aidez votre enfant à nommer ses émotions, il se sent écouté et compris. Cela le rassure et facilite la recherche de solution. Cette approche peut aussi aider à diminuer les chicanes.
- Exprimez vos attentes. Une fois que tout le monde est calmé et que les émotions sont nommées, parlez de ce que vous voulez. Dites, par exemple : « J’aimerais que tu ranges tes jouets parce qu’il est tard. C’est le moment de prendre ton bain. » Encouragez aussi votre enfant à dire ce qu’il veut. Si sa demande n’est pas réaliste, par exemple, s’il dit : « Je ne veux pas prendre mon bain. Je veux continuer à jouer », répétez votre consigne clairement, sous forme positive : « Je comprends que tu veux continuer à jouer, mais ce n’est pas possible pour le moment. Maintenant, c’est l’heure du bain. »
- Cherchez des solutions. Voyez avec votre enfant ce que vous pourriez faire pour régler la situation. Proposez vos idées, par exemple : « Je te laisse encore 5 minutes pour jouer. Ensuite, je t’aide à ranger tes jouets et tu vas prendre ton bain. » Demandez également à votre enfant ses idées. Il pourrait vous dire, par exemple : « Moi, je veux jouer encore plus longtemps! »
- Choisissez ensemble la meilleure solution. Il se peut que la solution proposée par votre enfant ne soit pas possible. C’est alors le moment de lui montrer à faire des compromis. Dites, par exemple : « D’accord, je te laisse encore 10 minutes pour jouer. Ensuite, je t’aide à ranger et tu vas prendre ton bain. » Vous pouvez aussi voir comment vous pourriez améliorer la situation une prochaine fois. Par exemple, vous pourriez dire : « Demain, nous allons pouvoir souper plus tôt et tu auras plus de temps pour jouer avant l’heure du bain. »
Bien sûr, ce n’est pas toujours facile de se calmer et d’arriver à passer par toutes ces étapes pour régler une chicane. L’important, c’est d’essayer de le faire le plus souvent possible. Et si vous n’y arrivez pas sur le coup, n’hésitez pas à vous reprendre plus tard pour régler le conflit. Si vous avez crié et réagi fortement, excusez-vous auprès de votre tout-petit. Il apprend ainsi qu’il est normal de ne pas être parfait, mais qu’il est toujours possible de corriger ses erreurs.
Consultez notre fiche Faut-il s’excuser à son enfant? pour comprendre pourquoi il est important de s’excuser quand on s’emporte.
Des comportements à éviter lors d’une dispute avec votre enfant
Certains comportements et certaines paroles ne sont pas utiles pour régler une chicane parce cela ne fait qu’empirer le conflit. Voici ce qu’il faut éviter :
- N’argumentez pas avec votre enfant. À la base, votre tout-petit argumente parce qu’il n’est pas d’accord, mais cela peut vite devenir un moyen pour lui de ne pas répondre à votre demande et de faire dévier la discussion. Mieux vaut le ramener à votre demande initiale : « Je comprends que ça ne te tente pas, mais je t’ai demandé d’arrêter de jouer, car nous allons manger. »
- Ne répondez pas aux attaques de votre tout-petit. Il a encore du mal à nuancer ses propos et à exprimer son mécontentement. Il peut alors lancer des attaques du genre : « Tu n’es pas fine! Je ne t’aime plus! » Mieux vaut ignorer ces paroles blessantes au lieu de répliquer pour ne pas alimenter le conflit. Lorsque le calme est revenu, vous pouvez dire à votre tout-petit : « Ça me fait de la peine lorsque tu me dis des choses comme ça. Mais je comprends que c’est parce que tu étais déçu et fâché, n’est-ce pas? La prochaine fois, tu pourrais me dire que tu es fâché contre moi, à la place. »
- N’exagérez pas son comportement. Sur le coup de la colère, vos paroles peuvent aussi dépasser votre pensée. Mais il est important d’éviter les généralisations et les étiquettes. Au lieu de dire : « Tu ne m’écoutes jamais », dites plutôt qu’en ce moment vous êtes fâché parce qu’il n’écoute pas votre demande. De la même façon, au lieu de dire : « Tu n’es qu’un menteur! » ou « Tu es tannante! », dites à votre enfant que vous n’aimez pas quand il vous raconte des mensonges ou quand il n’écoute pas les consignes.
L’évitement : une mauvaise stratégie
Certains parents qui n’aiment pas les conflits ont tendance à éviter les chicanes. Ainsi, au lieu de les régler, ils passent à un autre sujet ou changent les idées de leur enfant en faisant une autre activité. Un parent peut ainsi laisser tomber sa consigne ou revenir sur sa décision pour éviter un conflit. Par exemple, un parent qui a refusé un dessert au chocolat à son enfant peut finalement le laisser le manger parce que son tout-petit se fâche et qu’il n’a pas le goût de gérer une chicane. Ce n’est toutefois pas une bonne idée. Cette façon de faire démontre à votre enfant qu’il finira par obtenir ce qu’il veut et que les limites n’ont pas à réellement être respectées. L’évitement peut aussi favoriser une accumulation d’émotions désagréables et de frustrations qui peuvent faire éclater un conflit dans une autre situation.
Que faire pour prévenir les disputes?
Il est possible au quotidien d’entretenir des relations plus harmonieuses avec votre enfant et de prévenir bien des disputes. Voyez comment.
- Parlez de vos émotions. Les émotions font partie de la vie de tous les jours. N’attendez pas qu’une chicane se présente pour parler des émotions avec votre enfant. Prenez l’habitude de lui dire ce que vous ressentez. Encouragez aussi tous les membres de la famille à le faire. Que vos émotions soient agréables (joie, surprise, fierté) ou plus négatives (tristesse, colère, stress), c’est bon d’en parler. Prévoyez par exemple un moment comme le souper pour que chacun parle de ses moments préférés et de ses moins bons moments de la journée. En plus d’habituer votre tout-petit à s’exprimer, vous évitez ainsi que de mauvaises émotions s’accumulent et provoquent des conflits par la suite.
- Prenez les émotions de votre enfant au sérieux. Dites-lui que vous comprenez qu’il puisse être triste, en colère ou joyeux, selon la situation. Il se sentira alors compris et réconforté. Il acceptera ainsi plus facilement son émotion et aura moins tendance à l’exprimer de manière inacceptable. Encouragez aussi votre enfant à écouter ce que les autres disent. Petit à petit, il apprendra à tenir compte du point de vue des autres.
- Expliquez clairement vos attentes. Quand vous avez des attentes claires quant aux comportements de votre enfant, il comprend mieux ce qui est permis ou non. Cela évite les malentendus qui sont souvent à la source des conflits. Formulez des règles claires, concrètes, courtes et adaptées à l’âge de votre enfant. Puis, appliquez-les avec constance. Par exemple, concentrez-vous sur un petit nombre de règles importantes, comme « on est doux avec les amis », « on range les jouets sans les lancer », « on parle d’une voix douce ».
- Instaurez des routines. Les routines, comme celle du dodo, rassurent votre enfant, car elles lui permettent de savoir ce qui va arriver et de se situer dans le temps. Quand un tout-petit connaît bien sa routine, il se sent plus en contrôle parce qu’il sait ce qu’il doit faire et dans quel ordre. Par exemple, cela peut éviter que votre enfant vive des frustrations quand vous lui demandez de ranger ses jouets pour aller dans le bain parce qu’il sait que c’est sa routine du dodo qui commence.
- Accordez-vous le droit d’être imparfait. Si une journée vous êtes plus fatigué et, donc, moins patient, n’hésitez pas à le dire à votre enfant : « J’ai eu une grosse journée au travail, je suis fatigué et je n’ai pas beaucoup de patience ce soir. » Cela ne veut pas dire que votre tout-petit va automatiquement devenir très sage, mais ça peut l’encourager à mieux collaborer et à éviter ainsi des conflits.
- N’oubliez pas que vous parlez à un enfant. Dans une chicane comme dans toute autre situation, votre enfant n’a pas les mêmes capacités à s’exprimer, à réfléchir et à réagir qu’un adulte. Adaptez votre langage à son âge et ayez des attentes réalistes. C’est vous qui lui servez de modèle.
Les conséquences des chicanes parents-enfants
Même si les chicanes ne sont pas agréables à vivre, il faut les voir comme des occasions d’apprentissage. En effet, si vous prenez le temps de régler vos conflits, vous apprenez à votre enfant à exprimer ses émotions, à tenir compte des autres et à trouver des solutions. Cette approche fait grandir le lien de confiance et d’attachement qui vous unit à votre tout-petit. Votre relation s’en trouve améliorée. Sans compter que prendre le temps de régler les conflits à mesure qu’ils se présentent permet de diminuer leur fréquence.
Par contre, les disputes peuvent avoir un impact négatif sur la relation parents-enfants, surtout lorsqu’elles sont fréquentes. Par exemple, lors d’une chicane, il peut arriver que vos paroles dépassent vos pensées. Vous pouvez alors tenir des propos blessants envers votre enfant.
Les commentaires négatifs répétés nuisent à son estime de lui-même. À force de se faire dire par exemple qu’il est tannant ou méchant, votre tout-petit finit par croire qu’il est vraiment comme ça et par avoir le sentiment qu’il a moins de valeur que les autres. Au lieu de lui donner une étiquette, il est conseillé de mettre plutôt l’accent sur le comportement à améliorer plutôt que sur sa personne. Par exemple, s’il frappe un ami, dites-lui que son geste n’est pas gentil au lieu de dire qu’il n’est pas gentil.
De plus, si malgré les efforts de votre enfant, vous vous montrez toujours insatisfait de son comportement et le chicanez, il risque de se décourager. Il peut même en venir à ne plus tenter d’adopter de bons comportements, ce qui peut amener d’autres conflits. Vous risquez alors d’entrer dans un cercle vicieux.
À retenir
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Vous êtes un modèle pour apprendre à votre tout-petit comment régler des disputes.
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Mettre des mots sur vos émotions, exprimer vos besoins et trouver ensemble des solutions sont de bons moyens de régler les chicanes avec votre enfant.
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Prendre le temps d’écouter votre tout-petit ainsi qu’avoir des attentes claires et des routines sont des stratégies qui permettent de prévenir les conflits.
| Recherche et rédaction : Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice Mise à jour : Mai 2019
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Photos : iStock.com/TatyanaGI et GettyImages/triloks
Ressources et références-
BOURQUE, Solène. Mini Loup vit un tourbillon d’émotions. Éditions Midi trente, 2017, 48 p.
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DUFOUR, Marianne. Guide d’entraînement pour apprivoiser son lion intérieur. Éditions Midi trente, 2017, 48 p.
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ÉDITIONS MIDI TRENTE. Jouons avec les émotions. Cartons psychoéducatifs pour comprendre et mieux vivre les émotions. 27 cartons.
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HÉBERT, Ariane. Les émotions racontées aux enfants. Éditions de Mortagne, 2018, 56 p.
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