Les crises de colère en public

Les crises de colère en public
Il hurle au milieu du magasin! Comment éviter les crises de colère en public?


Pourquoi un enfant fait-il des crises en public?

Faire des courses ou une sortie en public avec un de ses parents peut faire vivre des émotions intenses à un enfant. Il est exposé à plusieurs tentations (ex. : jouets, gâteries) et stimulations variées (ex. : lumière, beaucoup de monde, bruits, température).

Par exemple, face à un jouet de son personnage préféré au magasin, le réflexe premier de l’enfant est de le vouloir, maintenant. Le désir de posséder ce jouet occupe toutes ses pensées et son cerveau n’est pas encore suffisamment développé pour l’empêcher de le vouloir. Face à l’impossibilité d’avoir ce jouet, l’enfant est envahi par ses émotions et peut ainsi se retrouver en crise.

Chez les jeunes enfants, le contrôle des émotions et des impulsions est encore bien difficile. Lorsqu’un enfant se retrouve en crise, ses émotions prennent toute la place dans son coeur, dans son corps et dans sa tête. Il est alors difficile pour lui de raisonner. L’enfant a besoin de son parent pour réussir à se calmer. L’habileté à mieux se contrôler se développe peu à peu à mesure que le cerveau et le langage de l’enfant se développent.

Prévenir les crises en public

Voici ce que vous pouvez faire pour tenter de réduire le risque de crises lorsque vous êtes dans un lieu public :

Pour prévenir une crise en public, expliquez clairement vos règles avant la sortie. Nisrine, maman de trois enfants, témoigne.
  • Habituez votre enfant très jeune à fréquenter des lieux publics autres que les commerces. Les sorties ne seront alors pas associées automatiquement à des achats.
  • Avant de partir, indiquez à votre enfant les endroits où vous irez et ce que vous y ferez. Par exemple, dites-lui : « Nous irons à la pharmacie pour acheter du shampoing pour maman. Puis, nous irons à l’épicerie pour acheter la nourriture pour la semaine. » Précisez-lui avant d’arriver à l’épicerie que vous allez acheter seulement ce qu’il y a sur la liste, mais que vous le laisserez, par exemple, choisir les céréales.
  • Apportez une collation et de l’eau. Boire et manger sont des besoins qui doivent être comblés rapidement chez les enfants. Sinon, ils deviennent plus irritables et impatients.
  • Emportez quelques livres ou jouets lorsque vous allez dans un endroit public. Cela pourra distraire votre tout-petit s’il trouve le temps long.
  • Parlez à votre tout-petit pendant vos courses afin de le garder occupé et, du même coup, profiter de l’occasion pour passer un bon moment avec lui. Vous pouvez lui confier une petite tâche, comme mettre les oranges dans un sac, vous aider à trouver un produit ou vous montrer des objets rouges, jaunes, etc. Comme votre tout-petit peut se concentrer sur une pensée à la fois, l’occuper avec une tâche diminue les risques qu’il se laisse distraire par une tentation quelconque.
  • Encouragez-le à participer à ce que vous faites. Par exemple, laissez-le choisir les fruits quand vous faites l’épicerie en lui proposant des choix : « Préfères-tu des pommes rouges ou des pommes jaunes? »
  • Adaptez vos attentes à l’âge de votre enfant. Faire des courses avec un jeune enfant demande plus de temps que d’y aller seul. Attendez-vous à recevoir de nombreuses demandes. Acceptez aussi qu’un refus puisse faire vivre à votre tout-petit de la déception et de la colère. Essayez de rester calme et de l’accompagner dans la gestion de ses émotions.
  • Choisissez de ne pas sortir ou de diminuer votre temps de sortie si vous ou votre enfant êtes fatigué ou de mauvaise humeur.
  • Apprenez à reconnaître les premiers signes d’agitation chez votre enfant. Par exemple, votre enfant a du mal à rester en place, parle plus fort, touche à tout, se frotte les yeux, se couche à différents endroits, refuse les missions proposées, etc. Vous pourrez ainsi intervenir avant qu’il ne soit plus disponible et envahi par ses émotions, par exemple en faisant une pause collation.
  • Essayez de garder les sorties aussi courtes que possible. La patience d’un tout-petit est loin d’être aussi développée que celle d’un adulte.

Comment intervenir lors d’une crise de colère en public

L’important est d’agir de façon cohérente, le plus souvent possible, même dans les lieux publics.

Accompagner la colère ou la déception de son enfant en présence d’autres personnes n’est pas toujours facile. Le regard des autres adultes peut amener certains parents à se sentir jugés dans leurs habiletés parentales. Il peut alors sembler plus facile de céder à l’enfant pour que la situation gênante cesse plutôt que de l’affronter sur-le-champ.

Toutefois, même en donnant à l’enfant ce qu’il souhaite, rien ne garantit qu’il ne désirera pas autre chose quelques minutes plus tard. Il est en effet difficile pour le cerveau de l’enfant de l’empêcher de vouloir quelque chose.

Pendant la crise

Vivre de la colère et de la déception, c’est aussi acceptable que de vivre de la joie, de la tristesse ou de la peur. Votre enfant a besoin de vous pour apprendre à reconnaître l’émotion vécue, la nommer et l’exprimer avec des gestes et des comportements acceptables.

Voici ce que vous pouvez faire pendant la crise :

  • Approchez-vous de votre enfant et tentez de lui parler doucement pour l’apaiser et le calmer. Toutefois, ne tentez pas de résoudre la situation avec des explications logiques. Quand il est envahi par les émotions, il ne peut pas raisonner.
  • Permettez-lui de parler de ce qu’il veut avoir. Par exemple, s’il veut avoir un jouet, dites-lui : « Oh, c’est vrai qu’il est intéressant ce jouet! À quoi jouerais-tu avec ce jouet? » Pendant que vous parlez avec lui, l’excitation provoquée par le jouet diminue peu à peu. Dites-lui ensuite que ce ne sera pas possible de l’acheter aujourd’hui, mais que vous pouvez le prendre en photo pour l’avoir en tête lorsqu’il aura à donner des idées de cadeaux.
  • S’il se retrouve en crise malgré tout, prenez le temps de nommer comment il peut se sentir : « C’est vrai que cela peut paraître injuste, c’est frustrant quand on ne peut pas avoir ce que l’on désire… » Évitez toutefois d’ajouter une explication logique du genre « mais c’est comme ça, on ne peut pas toujours avoir ce que l’on veut ». Votre enfant n’est pas disponible à ce moment pour vous entendre, car son émotion prend le dessus sur sa raison.
Plus votre enfant vous sentira calme et en contrôle de la situation, plus il pourra s’apaiser rapidement.
  • Restez près de lui en lui rappelant que vous êtes avec lui pour l’aider à traverser cette grosse tempête d’émotions. Lorsque c’est possible, isolez-vous des gens. Ainsi, le jugement des autres vous stressera moins. Être à l’écart permettra aussi à votre tout-petit de se calmer et évitera de lui faire vivre de la honte, ce qui peut nuire à son estime de soi.
  • Ne changez pas d’idée quand votre enfant se retrouve en crise, même s’il est parfois très tentant de lui donner ce qu’il veut quand il crie et vous frappe. Il doit apprendre, avec votre aide, à apprivoiser le refus et l’insatisfaction, et à gérer les émotions que cela provoque.

Vous avez finalement acheté ce qu’il voulait?

Faire preuve de cohérence en tout temps, c’est impossible. Il peut donc arriver, pour une raison ou une autre, que vous cédiez devant les cris de votre enfant et lui achetiez ce qu’il désirait. Il ne faut pas le voir comme un échec ou une erreur. Profitez-en toutefois pour analyser ce qui s’est passé et vous demander comment vous pourriez faire autrement la prochaine fois.

Après la crise

Comment aider votre enfant à mieux gérer ses émotions en cas de crise. 

Voici ce que vous pouvez faire après la crise :

  • Aidez votre enfant à parler de ce qui s’est passé, de ce qu’il a ressenti et de la cause de sa colère. Mettre des mots sur ce qu’il vit le rassurera.
  • Voyez avec lui comment il pourrait s’exprimer ou faire autrement la prochaine fois.
  • Félicitez votre enfant pour s’être calmé et indiquez comment il a réussi afin de lui faire prendre conscience de ses compétences. Faites-le toutefois avec des mots, et non en lui achetant une surprise au magasin.

À retenir

  • Devant un objet qu’il aime au magasin, le premier réflexe de l’enfant est de le vouloir, car son cerveau n’est pas encore assez développé pour l’empêcher de le vouloir.
  • Lorsque l’enfant est envahi par ses émotions, il ne peut plus raisonner. Il peut alors se retrouver en crise.
  • Accompagner votre enfant lorsqu’il se retrouve en crise l’aide à apprivoiser le refus ou l’insatisfaction et à développer petit à petit ses propres capacités pour faire face à ces situations.

 

Naître et grandir

Révision scientifique : Marie-Hélène Chalifour, psychoéducatrice
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Novembre 2022

 

Photo : GettyImages/FangXiaNuo

 

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • ENCYCLOPÉDIE SUR LE DÉVELOPPEMENT DES JEUNES ENFANTS. Agressivité – Agression. enfant-encyclopedie.com
  • ENCYCLOPÉDIE SUR LE DÉVELOPPEMENT DES JEUNES ENFANTS. Émotions. enfant-encyclopedie.com
  • HAMEL, Sarah. Le Ti-pou d’Amérique : mieux le comprendre pour mieux intervenir. Laval, Saint-Jean Éditeur, 2022, 200 p.
  • HAMMARRENGER, Benoît. De l’opposition à la communication : entendre et comprendre vraiment vos enfants et vos adolescents. Québec, Éditions Midi trente, 2022, 200 p.
  • MACNAMARA, Deborah. Jouer, grandir et s’épanouir : le rôle de l’attachement dans le développement de l’enfant. Montréal, Éditions au Carré, 2017, 309 p.

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