L'enfant qui dit qu'il n'aime plus son parent

L'enfant qui dit qu'il n'aime plus son parent
Contrarié, votre enfant vous lance qu’il ne vous aime plus ou qu’il vous déteste… Comment réagir?


Se faire dire par son enfant qu’il ne nous aime plus peut être blessant et bouleversant pour de nombreux parents, et c’est tout à fait normal. Il n’est pas toujours facile de rester en contrôle de ses émotions dans ces situations. Tenter de comprendre l’émotion qui se cache sous les mots de l’enfant est toutefois important.

Pourquoi un enfant dit-il qu’il n’aime plus ses parents?

Des phrases comme « Tu n’es plus ma maman (ou mon papa) » ou « Je ne t’aime plus! » sont fréquentes chez les tout-petits. Il arrive aussi que les enfants un peu plus vieux s’emportent et disent des choses comme « Je te déteste ». Ces mots sont exprimés sous le coup de l’émotion. Certains enfants vont même jusqu’à dire qu’ils vont partir habiter ailleurs.

Par ces phrases, les enfants expriment maladroitement différentes émotions qu’ils ressentent. La frustration face à un refus, la déception de ne pas avoir passé plus de temps avec son parent, la peine de le voir partir ou même la jalousie de devoir le partager peuvent entraîner ce genre de réaction. L’immaturité du cerveau de l’enfant ne lui permet pas toujours de raisonner et de s’adapter quand il est aux prises avec des émotions intenses.

Même si ces paroles sont blessantes, les enfants ne les disent jamais avec l’intention de briser le lien d’amour qui les unit à leurs parents. Chez les plus jeunes, ces mots sont d’ailleurs vite oubliés une fois l’émotion passée, car ils vivent dans le moment présent. Ils ne sont pas non plus conscients de la portée de leurs paroles.

Les tout-petits sont davantage centrés sur eux-mêmes et jugent une situation selon leur propre point de vue. C’est pourquoi ils trouvent maman et papa méchants lorsqu’ils leur refusent un plaisir, et gentils s’ils répondent à leurs désirs. En grandissant, ils comprennent que les autres peuvent voir les choses différemment.

Le développement du langage et des capacités de raisonnement des enfants plus vieux les aide à mieux contrôler leurs émotions fortes. Ils prennent conscience des effets de leurs gestes sur les autres. Malgré les sensations désagréables, ils sont de plus en plus capables d’affirmer leur désaccord avec des explications.

Comment réagir?

  • Portez attention à ce que votre enfant vit sans vous arrêter à ses paroles blessantes. Ainsi, vous pourrez l’aider à comprendre ce qu’il vit ainsi qu’à l’exprimer autrement.
  • Répétez-vous : « Je suis un bon parent qui vit une situation normale dans laquelle mon enfant, avec qui j’ai un lien très fort, vit un moment difficile. » Cela vous aidera à rester calme et à ne pas céder à l’émotion face aux mots blessants de votre enfant.
Être un bon parent, ce n’est pas éviter des frustrations à votre enfant. Les difficultés vécues au quotidien par votre enfant représentent des moments clés pour lui apprendre à mieux communiquer ses besoins et à comprendre ses réactions. Ces apprentissages lui permettent de grandir en étant mieux outillé pour interagir avec les autres.
  • Prenez une pause si les mots dits par votre enfant sont trop douloureux pour intervenir calmement et attendez d’être calme pour lui répondre. Prendre un pas de recul peut parfois permettre de mieux orienter la suite des événements.
  • Décrivez ce qui se passe en disant par exemple à votre enfant : « Ouf, tu vis vraiment quelque chose de difficile dans ton coeur. » Vous l’aidez ainsi à démêler ce qu’il se passe. Par exemple, vous pourriez dire ensuite : « Ça te dérange très fort que le temps de jeu soit terminé. Tu souhaitais que maman (ou papa) ne te dise pas d’arrêter. »
  • Rassurez votre enfant en lui répondant calmement : « Moi, je t’aime. Même quand tu vis des émotions difficiles, je continue de t’aimer. Ça irait mieux si tu me racontais plutôt ce qui se passe. Je vais t’écouter. »
  • Évitez les réponses du type : « Moi non plus, je ne t’aime plus quand tu me parles ainsi. » Cela peut rendre votre enfant anxieux. Il pourrait s’inquiéter de la fragilité de l’amour que vous lui portez. De plus, une réponse agressive de votre part risque de vous amener, vous et votre enfant, à vous dire davantage de paroles blessantes.
  • Quand votre enfant n’obtient pas ce qu’il veut et vous dit : « Tu es méchant! », encouragez-le à nommer ce qui le dérange. Il apprendra ainsi à mieux communiquer ses besoins. Par exemple, vous pouvez dire : « Tes yeux et tes mots me disent que ça te fait réagir très fort que je refuse la sortie au parc. Je comprends mieux quand tu m’expliques ce qu’il se passe dans ton coeur. »
  • Évitez de céder à la demande qui a causé la colère de votre enfant. Il ressentirait alors votre vulnérabilité. En maintenant votre refus, vous lui montrez que les limites sont claires, et cela le sécurisera.
  • Si votre tout-petit se prépare à partir avec son sac à dos et son toutou pour aller, par exemple, habiter chez ses grands-parents, dites-lui : « Tu es mon enfant. Je t’aime et je te protège. C’est pour cette raison que je ne te laisse pas partir et te mettre en danger. »
  • Rassurez votre tout-petit sur l’amour que vous lui portez, surtout si un événement (ex. : naissance d’un petit frère, séparation ou dispute avec vous) peut l’amener à croire qu’il a perdu votre affection. La tristesse qu’il ressent peut le pousser à vérifier l’amour que vous éprouvez pour lui.

 

Les mots qui font de la peine

« Niaiseuse, idiote, laide. » Les tout-petits ne se rendent pas compte des répercussions de leurs mots sur l’autre. Ils sont centrés sur ce qu’ils ressentent dans le moment présent : une frustration, un besoin d’attention ou l’exploration des réactions. Vous devez donc accompagner votre enfant pour qu’il devienne sensible aux autres. Il doit comprendre que certains mots font de la peine et peuvent nuire à ses amitiés.
De la même manière, si votre enfant vous fait remarquer la différence physique d’une personne, vous pouvez répondre : « C’est ce que tu observes, mais parfois les choses qu’on dit peuvent faire de la peine à la personne qui les entend. Tu peux me le dire, juste à moi. » Vous pouvez aussi sensibiliser votre enfant à voir les différences entre les gens comme des traits qui les rendent uniques, tout comme lui.

 

À retenir

  • Les mots agressifs de votre enfant sont des réactions normales qui traduisent souvent les émotions intenses que son cerveau en développement a de la difficulté à intégrer. Ces mots ne remettent pas en question la qualité de votre relation.
  • Avec ses mots, votre enfant tente seulement de vous faire comprendre à quel point il est bouleversé. Il sera rassuré d’entendre que vous continuez de l’aimer même dans ces moments difficiles.
  • Votre enfant a besoin d’être accueilli, écouté et accompagné pour apprendre à mieux exprimer ce qui le dérange et comment il se sent.

 

Naître et grandir

Révision scientifique : Chloé Gaumont, M. Sc., psychoéducatrice
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Juillet 2022

 

Photo : GettyImages/Hispanolistic

 

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • BOURCIER, Sylvie. Comprendre et guider le jeune enfant : à la maison, à la garderie. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, 2004, 168 p.
  • ENCYCLOPÉDIE SUR LE DÉVELOPPEMENT DES JEUNES ENFANTS. Cognition sociale. enfant-encyclopedie.com
  • GROSS, James J. Handbook of emotion regulation. 2e éd., New York, The Guilford Press, 2015, 669 p.
  • SIEGEL, Daniel et Tina PAYNE-BRYSON. Le cerveau de votre enfant : manuel d’éducation positive pour les parents d’aujourd’hui. Laval, Guy Saint-Jean Éditeur, 2018, 264 p.
  • SUNDERLAND, Margot. La science au service des parents : comprendre et élever son enfant grâce aux avancées scientifiques. N. éd., Montréal, Éditions Hurtubise, 2016, 288 p.
  • ZEANAH, Charles H. Handbook of Infant Mental Health. 4e éd., New York, The Guilford Press, 2018, 678 p.

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