L'enfant égocentrique

L'enfant égocentrique
Votre enfant ne pense qu’à lui… Comment l’aider à tenir compte des autres?


Il est normal pour un tout-petit d’être égocentrique, c’est-à-dire d’être centré sur lui. Il n’a pas encore la capacité de s’intéresser à ce que vivent les autres. Il a besoin de l’aide de ses parents pour apprendre à comprendre ce que les autres ressentent. Voyez comment aider votre tout-petit à tenir davantage compte des autres.

Pourquoi les enfants sont-ils égocentriques?

Avant 2 ans

À mesure qu’il grandit et qu’il est en contact avec d’autres, l’enfant apprend à être plus sensible aux autres.

L’univers de l’enfant se limite à ce qu’il connaît et à ce qui l’entoure, par exemple sa famille, son milieu de garde, sa maison, sa chambre et ses jouets. Il voit les choses de son point de vue uniquement.

Il est aussi habitué à ce que ses besoins soient satisfaits rapidement, par exemple quand vient le temps de se nourrir, de se faire habiller et changer de couche. Il n’a pas vraiment conscience du fait que les choses peuvent se passer autrement pour une raison ou pour une autre. Il peut donc réagir fortement si ses besoins ne sont pas satisfaits de la même façon et aussi rapidement que d’habitude.

Vers 2 ans

Le tout-petit commence à devenir un peu plus autonome, mais il peut vivre des frustrations lorsqu’il n’a pas ce qu’il veut ou quand il n’arrive pas à faire les choses comme il le souhaite. Sa vision du monde est toujours centrée sur lui puisqu’elle part de ses propres besoins et de ses envies. Il n’a pas encore conscience des besoins des autres.

À cet âge, le tout-petit ne joue pas vraiment avec les autres. Il aime toutefois jouer à côté d’autres enfants. C’est la période du jeu parallèle. Quand il va vers l’un d’eux, c’est souvent parce qu’il s’intéresse au jouet avec lequel l’autre enfant joue.

Vers 3 ans

Jouer avec d’autres enfants aide votre tout-petit à comprendre peu à peu ce que les autres peuvent ressentir.

L’enfant commence en général à comprendre ce qui n’est pas dit directement. Par exemple, il utilise des indices sur l’image de la page d’un livre pour deviner les émotions d’un personnage, le lieu de l’histoire et le moment de la journée.

Le tout-petit commence aussi à comprendre un peu mieux les émotions des personnes de son entourage. Il est toutefois incapable de prévoir leur réaction. Par exemple, il ne réalise pas qu’il fera pleurer son ami s’il lui enlève un jouet des mains.

De 4 à 6 ans

L’enfant développe son empathie. Peu à peu, il arrive à se mettre à la place des autres et à prévoir un peu leurs réactions. Il est maintenant capable de faire le lien entre une action et ses conséquences. S’il remarque que son ami est triste, il peut lui proposer de jouer avec lui à son jeu préféré.

Avec le temps, il comprend aussi que les personnes peuvent réagir différemment. Il découvre, par exemple, qu’un de ses amis aime bien recevoir des câlins, mais que ce n’est pas le cas d’un autre ami. Il adapte donc de plus en plus son comportement en fonction des réactions des autres.

Comment aider votre enfant à tenir compte des autres

Pour s’intéresser à ce que les autres ressentent et essayer de comprendre leur vision des choses, votre enfant a besoin de votre aide. Faites preuve de patience, car cet apprentissage demande du temps.

Voici comment vous pouvez soutenir le développement de l’empathie de votre enfant pour l’amener à être moins égocentrique.

  • Utilisez le jeu pour soutenir le développement cognitif de votre tout-petit. Par exemple, proposez-lui des jouets qu’il doit activer pour produire une réaction (ex. : sons, lumières, tour de blocs qui tombe) afin qu’il expérimente la relation de cause à effet. Jouez au jeu de coucou. Vers 18 mois, faites semblant que les objets d’un livre sont réels : sentez la fleur ou mangez la pomme sur la page. Invitez aussi votre enfant à observer ce qui se passe autour de lui (ex. : les nuages qui bougent dans le ciel, une abeille qui butine une fleur, le vent qui fait bouger les feuilles, une bulle de savon qui éclate).
  • Invitez votre enfant à observer les réactions et les émotions des autres. Par exemple, observez avec lui les enfants qui jouent au parc et faites-lui remarquer leurs réactions dans différentes situations (ex. : quand un enfant se fait pousser, se fait prendre sa place, se fait prêter un jouet, etc.). Aidez-le à se mettre à la place de l’autre en lui demandant par exemple : « Comment te sentirais-tu si un ami te faisait cela? »
  • Lorsque vous lisez un livre à votre enfant, parlez ensemble de ce que ressentent les personnages. Vous pouvez également inventer des histoires à partir d’images, en imaginant des liens entre elles, en attribuant des émotions aux personnages et en choisissant ce qu’ils vont faire.
Avec votre soutien, l’égocentrisme de votre enfant devrait diminuer grandement avant son entrée à l’école.
  • Lorsque votre tout-petit vit des émotions difficiles, offrez-lui votre empathie et accompagnez-le pour qu’il apprenne à les gérer. Par exemple, vous pouvez lui dire : « Je vois que ça te rend triste quand ton ami prend ton camion. Au lieu de le pousser, comment pourrais-tu lui dire autrement? »
  • Aidez votre enfant à prendre conscience des conséquences de ses actes sans toutefois le culpabiliser. S’il lance du sable dans les yeux de son ami, faites-lui remarquer que l’autre enfant pleure. Aidez-le à réfléchir sur ce qu’il pourrait faire pour régler cela et suggérez-lui un geste de réparation, au besoin. Au contraire, s’il a accepté de laisser sa place sur la balançoire à son ami, dites-lui : « Regarde, ton ami est content, il sourit! »
  • Offrez à votre tout-petit de nombreuses occasions de jouer avec d’autres enfants, surtout s’il ne va pas à la garderie. Être en contact avec d’autres enfants l’aidera à être moins égocentrique, à s’ouvrir aux autres et à considérer leurs besoins.
  • Servez de modèle en vous souciant de lui et des autres. Dites-lui ce que vous pensez, ce que vous souhaitez ou ressentez. Vous pouvez aussi lui expliquer pourquoi vous modifiez un de vos comportements.
  • Encouragez-le à être attentif aux autres. Par exemple, invitez-le à consoler son petit frère ou à prêter ses jouets à un ami. Assurez-vous que votre enfant vive des situations où il doit attendre son tour, partager un jouet ou collaborer avec d’autres enfants. Félicitez-le lorsqu’il le fait; cela lui donnera envie de recommencer. Jouer à des jeux de société aide également à développer ces compétences.
  • Parlez-lui de la joie que l’on ressent à faire plaisir aux autres et à être généreux. Proposez-lui, par exemple, de faire un dessin pour sa grand-maman ou de donner un jouet qu’il n’utilise plus à un enfant plus jeune.
  • Inventez des jeux de rôles. Ils peuvent aider votre enfant à comprendre le point de vue de l’autre. Par exemple, jouez à le soigner pendant qu’il fait semblant d’être malade et inversez ensuite les rôles.

Si vous sentez que ces stratégies ne sont pas efficaces pour votre tout-petit, vous pouvez en parler avec son éducatrice. Comme elle le voit dans un contexte de groupe, elle pourrait vous conseiller d’autres stratégies adaptées aux besoins de votre enfant.

Moi, mon frère, ma soeur…

Les relations de l’enfant avec ses frères et soeurs l’aident à être moins centré sur lui-même. Il apprend le partage, la patience et le respect de l’autre. L’enfant constate aussi que les autres ne partagent pas toujours son point de vue. Peu à peu, il apprend à tenir compte des autres. Des chercheurs ont montré que la capacité d’un enfant à coopérer et à partager au sein de sa famille s’observe ensuite avec ses amis.
Mais cela ne veut pas dire que l’enfant unique est nécessairement centré sur lui-même. Grâce aux interactions avec ses parents et aux limites qui lui sont imposées à la maison, un enfant qui n’a pas de frère ni de soeur comprend que les besoins des autres doivent être pris en considération. De même, avoir des contacts fréquents avec d’autres enfants, par exemple dans un milieu de garde, lui permet de développer son empathie.

À retenir

  • Avant 3 ans, il est normal qu’un enfant soit égocentrique, car il voit les choses uniquement de son point de vue.
  • Votre enfant a besoin de votre aide pour apprendre à s’intéresser aux autres et à comprendre ce qu’ils ressentent.
  • Être en contact avec d’autres enfants aide votre tout-petit à développer son empathie, ce qui lui permet d’être moins égocentrique.
Naître et grandir

Révision scientifique : Céline Blanc, psychoéducatrice
Recherche et rédaction : Équipe de Naître et grandir
Mise à jour : Décembre 2024

Photo : GettyImages/Sandra Milisavljevic

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • ENCYCLOPÉDIE SUR LE DÉVELOPPEMENT DES JEUNES ENFANTS. Cognition sociale. enfant-encyclopedie.com
  • FERLAND, Francine. Le développement de l’enfant au quotidien de 0 à 6 ans. Éditions du CHU Sainte-Justine, 2e éd., 2018, 264 p.
  • HAMEL, Sarah. Le Ti-pou d’Amérique : mieux le comprendre pour mieux intervenir. Laval, Saint-Jean Éditeur, 2022, 182 p.
  • VALLIÈRES, Suzanne. Les Psy-trucs : pour les enfants de 0 à 3 ans. N. éd., Montréal, Éditions de l’Homme, 2017, 248 p.

Pour les enfants

  • BOURQUE, Solène. Mini Loup vit un tourbillon d’émotions. Québec, Éditions Midi trente, 2017, 48 p.
  • COLE, Elizabeth. La gentillesse me rend plus fort. 2021, 30 p.
  • LALLEMAND, Orianne et Éléonore THUILLIER. P’tit Loup ne veut pas partager. Paris, Éditions Auzou, 2021, 20 p.
  • LAMBERT, Jonny. Partager? Ah non! Saint-Michel-sur-Orge, Éditions Piccolia, 2023, 30 p.
  • LEROY, Jean. Le petit roi : moi, moi, moi! Éditions Bayard jeunesse, 2018, 24 p.
  • POULIN, Andrée et Yves DUMONT. Donner. Montréal, Les Éditions de la Bagnole, 2020, 32 p.

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