Les tics chez l'enfant

Les tics chez l'enfant
Si votre enfant a des tics, il a besoin d’être apaisé, compris et soutenu.



Certains enfants clignent des yeux, froncent le nez ou reniflent à répétition de manière involontaire. Même si ces tics disparaissent en général d’eux-mêmes, la réaction de l’entourage peut influencer leur fréquence et leur évolution.

Qu’est-ce qu’un tic?

Les tics sont des mouvements involontaires ou des sons qu’un enfant fait de façon soudaine. Ces mouvements sont rapides, répétitifs et non rythmiques. Certains enfants peuvent avoir plusieurs tics à la fois et d’autres n’en ont qu’un seul.

Selon les études, 4 % à 12 % des enfants d’âge scolaire présentent des tics.

Les tics les plus fréquents se situent au niveau du visage. Ce sont d’ailleurs les premiers à apparaître (ex. : cligner des yeux ou les plisser, froncer le nez, faire une drôle de grimace). Les tics peuvent toutefois toucher toutes les parties du corps (ex. : secouer la tête, hausser les épaules, étendre les bras, plier soudainement les jambes). Ces mouvements sont aussi appelés tics moteurs.

Les tics peuvent aussi se manifester sous forme de « bruits » (ex. : reniflement, toussotement, répétition de mots). Ils sont alors appelés tics vocaux ou sonores.

Les tics peuvent se produire plusieurs fois par heure, puis disparaître ou être peu présents pendant un certain temps. Ils ne se produisent toutefois pas pendant le sommeil. Les tics apparaissent habituellement autour de l’âge de 5 à 7 ans, bien qu’ils puissent parfois se manifester plus tôt. Dans la majorité des cas, les tics disparaissent d’eux-mêmes après quelques semaines ou quelques mois et sont sans conséquence.

Qu’est-ce qui cause des tics?

Les tics sont généralement causés par un surplus de tension chez l’enfant. Pour cette raison, le stress, un changement dans la routine, une excitation, une frustration ou une période de fatigue peuvent provoquer l’apparition ou l’augmentation des tics. C’est le cas, par exemple, lorsque l’enfant vit des perturbations passagères qui le bouleversent, telles que l’arrivée d’un bébé, le passage à la maternelle, la rentrée scolaire, le décès d’un proche ou un déménagement.

Parfois, les tics traduisent des émotions que l’enfant n’arrive pas à gérer, comme la nervosité, la frustration, le stress, la tristesse et l’ennui. Les tics permettent à l’enfant de décharger ses tensions, ce qui lui permet de retrouver son calme et son niveau d’attention.

Un enfant qui ressent une forte pression de son entourage peut aussi exprimer sa tension par des tics. L’enfant doit-il exceller dans un sport? Doit-il souvent demeurer tranquille alors qu’il a de grands besoins de bouger? Doit-il donner l’exemple parce qu’il est l’aîné? Éprouve-t-il des difficultés à suivre le rythme des apprentissages en classe? Dans de tels cas, il est pertinent, comme parent, de revoir les attentes et les exigences afin de diminuer la pression ressentie par l’enfant.

Un excès de tension n’est toutefois pas nécessairement associé à une cause négative. Par exemple, partir en voyage pourrait provoquer une grande fébrilité, de l’excitation et des tensions pour l’enfant, et ainsi entraîner des tics.

Est-ce que mon enfant peut contrôler ses tics?

Certains enfants sont capables de supprimer leur tic pendant quelques instants, ce qui peut donner l’impression qu’il est produit de façon semi-volontaire. Cependant, le tic supprimé ne l’est pas pour toujours. Au contraire, le tic augmente souvent temporairement après que l’enfant a essayé de le contrôler.

La nature, la fréquence et l’intensité des tics peuvent varier considérablement d’un enfant à l’autre selon la situation vécue. Les situations stressantes ont tendance à augmenter la fréquence des tics, alors que la relaxation, l’activité physique ou la concentration peuvent les atténuer.

Comment réagir?

Votre réaction face aux tics de votre enfant peut avoir une influence sur leur fréquence et leur évolution. Insister pour que votre enfant arrête ses tics peut augmenter sa tension intérieure et risque d’entraîner davantage de tics. De même, les remarques ironiques font croître son anxiété et son besoin d’évacuer la tension.

Si votre enfant a des tics, il a besoin d’être apaisé, compris et soutenu dans ce qu’il vit.
  • Montrez-vous patient et ne demandez pas à votre enfant d’arrêter de faire ses tics, car il a peu de contrôle sur eux.
  • Dédramatisez la présence des tics. Le sujet ne doit pas être considéré comme tabou, surtout pour les parents et la famille élargie. Parler de ses tics avec vous aidera votre enfant à les accepter. Cela favorisera son estime de soi et facilitera ses relations avec les autres.
  • Lorsque votre enfant fait un tic, tentez de découvrir ce qui provoque cette tension et ne le réprimandez pas. Observez à quels moments les tics se manifestent.
  • Favorisez l’expression de ses émotions sans le juger, en lui accordant, par exemple, des occasions pour se confier.
  • Parlez avec lui des causes possibles du malaise : « Je pense que tu es inquiet de... »
  • Proposez-lui des activités pour évacuer la tension. Par exemple, jouer dehors, dessiner, peindre, chanter, danser au son de sa musique préférée ou lui faire un massage.
  • Faites des exercices de respiration et de relaxation (ex. : yoga). Ces pratiquesont généralement un effet calmant sur les tics.
  • Encouragez votre enfant à pratiquer des sports individuels, comme la natation, le judo, la course, le ski ou le vélo. L’activité physique favorise la confiance en soi, fait sortir le surplus d’énergie et canalise positivement l’agressivité.
  • Demandez à son enseignante ou à son enseignant si votre enfant peut utiliser en classe des balles antistress ou d’autres petits objets à manipuler afin de libérer son stress.

Dans la grande majorité des cas, la détente, le plaisir, l’exercice et l’écoute sensible des préoccupations de votre enfant sont les meilleurs remèdes pour que les tics disparaissent peu à peu.

Quand consulter?

En général, les tics disparaissent naturellement après quelques semaines ou quelques mois sans intervention particulière.

Un tic qui dure plus d’un an risque de devenir chronique.

Toutefois, il est conseillé de consulter un médecin ou un psychologue si les tics persistent dans le temps ou encore s’ils changent de localisation, s’ils prennent de l’ampleur ou s’ils causent des douleurs à votre enfant (ex. : secouer la tête ou se mordre les lèvres), s’ils sont accompagnés d’un autre trouble (ex. : difficulté à gérer les émotions, impulsivité, hyperactivité, obsessions-compulsions, trouble de l’opposition, crises de colère) ou encore si les tics nuisent à son estime de soi.

Le médecin ou le psychologue pourra discuter avec votre enfant et vous donner des conseils pour vous aider à le soutenir.

Est-ce que c’est le syndrome Gilles de la Tourette?

Le syndrome Gilles de la Tourette, qui touche davantage les garçons que les filles, est considéré comme un trouble neurologique caractérisé par de nombreux tics moteurs accompagnés d’un ou de plusieurs tics vocaux. Ces tics apparaissent généralement vers l’âge de 6 ans et atteignent un pic au cours de l’adolescence pour diminuer peu à peu par la suite chez la majorité des jeunes.
Les tics « grossiers » (ex. : usage répétitif et involontaire de jurons, faire un doigt d’honneur) sont l’exception à la règle et sont présents chez moins de 10 % des personnes ayant le syndrome Gilles de la Tourette.
Le diagnostic du syndrome Gilles de la Tourette repose uniquement sur la présence de tics. Cependant, la plupart des enfants aux prises avec ce syndrome présenteront un ou plusieurs troubles associés. Parmi les plus fréquents se trouvent le déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (60 à 80 %), des obsessions-compulsions (30 à 60 %), des problèmes d’apprentissage (30 %) et des problèmes de comportements (30 à 50 %). Les troubles associés perturbent souvent davantage le développement et le bien-être des enfants que les tics eux-mêmes.

 

À retenir

  • En général, les tics apparaissent autour de l’âge de 5 à 7 ans, mais parfois plus tôt.
  • Les tics peuvent apparaître ou s’intensifier si l’enfant vit une situation stressante ou s’il ressent une frustration, de la fatigue ou une grande pression de son entourage.
  • Dans la majorité des cas, les tics disparaissent d’eux-mêmes après quelques semaines ou quelques mois.

 

Naître et grandir

Révision scientifique : Marie-Josée Caron, neuropsychologue pédiatrique
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Avril 2021

 

Photo : GettyImages/Juanmonino

 

Ressources et références

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  • CHOWDHURY, Uttom. Tics and Tourette Syndrome: A Handbook for Parents and Professionals. Londres, Jessica Kingsley Publishers, 2004, 160 p.
  • CHU SAINTE-JUSTINE. Maladie de Gilles de la Tourette : vidéos. 2018. www.chusj.org
  • DULCAN, Mina K. Dulcan’s Textbook Of Child And Adolescent Psychiatry. 2e éd., Washington, American Psychiatric Association Publishing, 2016, 1205 p.
  • DUMAS, Jean E. Psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent. 4éd., Louvain-la-Neuve, De Boeck, 2013, 784 p.
  • LECKMAN, James F. et autres. « Course of Tic Severity in Tourette Syndrome: The First Two Decades », Pediatrics, vol. 102, no 1, 1998, p. 14-19.
  • LUSSIER, Francine et autres. es explosives?... Un syndrome de Gilles de la Tourette. Paris, Éditions Tom Pousse, 2018, 172 p.
  • PHELPS, LeAdelle et A. SMERBECK. « Pediatric Tic Disorders », The Handbook of Pediatric Neuropsychology.
  • PLESSEN, Kerstin J. « Tic disorders and Tourette’s syndrome », European Child & Adolescent Psychiatry, vol. 22, suppl. 1, 2013, p. 55–60. link.springer.com

Pour les enfants

  • VERDELLEN, Cara et Jolande VAN DE GRIENDT. Se libérer des tics : cahier d’exercices pour les enfants. Malakoff, Éditions Dunod, 2016, 144 p.

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