L'image corporelle chez les enfants

L'image corporelle chez les enfants
Dès l’âge de 3 ans, certains enfants s’inquiètent de leur apparence. Comment favoriser une image corporelle saine chez un enfant?


Il n’y a pas que les adultes qui se soucient de leur image corporelle. Les enfants aussi peuvent s’inquiéter de leur apparence physique. Comment éviter que cela arrive et faire en sorte que les enfants soient bien dans leur peau?

Qu’est-ce que l’image corporelle?

L’image corporelle, c’est notre façon de percevoir notre corps. Elle est saine et positive quand on est satisfait de notre apparence et qu’on se sent bien dans notre peau. Avoir une image corporelle positive, c’est aussi reconnaître que notre corps est unique et accepter qu’il change.

Il est normal d’aimer moins certaines parties de son corps ou d’aimer moins son apparence certains jours. L’important, est d’avoir globalement une perception positive de son corps même si tout pas parfait au quotidien. Être satisfait de son apparence permet de traiter son corps avec bienveillance et d’avoir confiance en soi. Cela permet aussi de manger et de bouger pour le plaisir parce que ça fait du bien et non dans le but de modifier son apparence.

Dans le cas contraire, une image corporelle négative peut beaucoup nuire à l’estime de soi. Plusieurs éléments peuvent influencer l’image corporelle d’un enfant et faire en sorte qu’il n’aime pas son corps. Certains tout-petits commencent d’ailleurs à s’inquiéter de leur apparence dès l’âge de 3 à 5 ans. Et à partir de 6 ans, certains enfants n’aiment pas leur corps.

On estime aussi qu’entre 6 et 12 ans, 40 à 50 % des filles souhaitent être plus minces. De nombreux garçons se trouvent également soit trop gros, soit trop petits.

Les causes d’une mauvaise image corporelle

Voici les principaux facteurs qui peuvent influencer l’image corporelle d’un enfant.

Les commentaires des adultes

Les commentaires de l’entourage à propos du corps peuvent envoyer des messages négatifs qui nuisent à l’image corporelle d’un enfant. Si les parents, le personnel de la garderie et de l’école ou encore les entraîneurs ou les entraîneuses émettent des commentaires négatifs sur le corps d’un enfant, le risque qu’il développe une mauvaise image corporelle augmente.

Il faut donc éviter de critiquer l’apparence d’un enfant et ne pas l’encourager à perdre ou à prendre du poids. De plus, n’oubliez pas que votre enfant entend et voit tout. S’il vous entend refuser une part de gâteau parce que vous surveillez votre poids, il peut se mettre à accorder de l’importance à son apparence.

Les médias

Les émissions de télévision, les jeux vidéo et les magazines ont aussi une influence, car les personnages et les mannequins peuvent devenir des modèles à atteindre pour un enfant. Les superhéros ont de longues jambes, une taille fine et de gros muscles. Dans les dessins animés, les personnages féminins sont souvent très minces et leurs vêtements renvoient une image particulièrement sexualisée de la femme.

Ces images donnent l’impression que le succès vient avec un corps semblable. Plus les enfants y sont exposés, plus ils peuvent être portés à croire que ces modèles constituent de vrais standards de beauté. Ils ne réalisent toutefois pas que ces images sont souvent peu réalistes, notamment à cause des retouches faites à l’ordinateur.

Les amis

Entre amis, plusieurs facteurs contribuent à développer des préoccupations au sujet de l’image corporelle. Les enfants peuvent en effet se livrer à des comparaisons ou à des commentaires désobligeants par rapport au poids. Ils partagent aussi parfois entre eux des informations et des méthodes pour contrôler ou modifier leur corps.

La personnalité

Avoir une bonne estime de soi ainsi que des parents présents et aimants favorise une image corporelle positive. À l’inverse, les enfants perfectionnistes, sensibles à la critique, conformistes et inquiets ont tendance à accorder plus d’importance à l’apparence et à être insatisfaits de leur corps.

Les changements physiques

Les enfants n’aiment pas toujours les changements que leur corps subit lorsqu’ils grandissent. Le risque d’insatisfaction par rapport à l’image corporelle augmente d’ailleurs avec l’âge et atteint généralement un sommet au début de l’adolescence.

Et les commentaires positifs?

Même les commentaires positifs sur l’apparence de votre enfant, comme : « Que tu es belle! », « C’est toi le plus beau! » ou « Que ta robe est jolie! », peuvent causer du tort. Si les commentaires positifs en lien avec l’apparence sont trop fréquents, votre enfant peut en venir à croire que c’est son apparence qui lui donne de la valeur. Par exemple, il peut croire qu’il doit être beau et bien habillé pour être aimé.

La grossophobie et ses manifestations

La grossophobie, c’est l’ensemble des comportements, des réactions, des gestes, des commentaires et des préjugés qui discriminent, pénalisent et dévaluent les personnes grosses. C’est penser par exemple que les personnes grosses manquent de volonté, ont de mauvaises habitudes de vie, ne peuvent pas être belles ou en santé parce qu’elles sont grosses.

Très tôt, votre enfant peut intégrer ces messages parce qu’il les entend autour de lui. L’industrie du divertissement transmet aussi des messages grossophobes qui peuvent l’influencer. Par exemple, les personnages gros dans les films ou les émissions pour enfants sont souvent associés à la méchanceté, la paresse ou à un manque de courage. En revanche, la minceur est souvent associée aux bons personnages et à des caractéristiques positives. Cela amène les enfants à préférer les silhouettes minces.

La grossophobie peut aussi se manifester à travers le jugement des parents qui ont un enfant gros. Par exemple, un parent qui a un enfant gros passe souvent pour un mauvais parent, un parent qui ne fait pas faire d’exercices à son enfant et qui le laisse passer des heures devant les écrans. Cette stigmatisation amène les parents à ressentir de la honte et de la culpabilité. Cela peut aussi affecter négativement la relation parent-enfant.

Grossophobie, obésité et santé

Un préjugé courant quand il est question de lutte contre la grossophobie, c’est de penser qu’il s’agit d’une manière de faire la promotion de l’obésité. Ce n’est évidemment pas le cas. Prévenir la grossophobie, c’est faire la promotion du respect pour les personnes de toutes les grosseurs. Cela ne se fait pas au détriment de la santé. Tout le monde tire des bénéfices à être actif et à manger sainement, peu importe son poids.

Comment favoriser une image corporelle saine et prévenir la grossophobie avec votre enfant?

  • Faites-lui prendre conscience de tout ce que son corps lui permet d’accomplir (ex. : se balancer, faire du vélo, sauter dans l’eau, faire des câlins);
  • Valorisez votre enfant pour ses qualités personnelles, comme sa générosité, son sens de l’humour, sa créativité, etc.;
Les commentaires liés à l’apparence physique sont plus souvent faits aux filles, mais ils peuvent aussi affecter les garçons. Il est important que tous les enfants développent une confiance basée sur des forces et des qualités qui n’ont rien à voir avec leur apparence.
  • Parlez de vous et des autres en mettant l’accent sur les qualités, les talents et les forces plutôt que sur l’apparence;
  • Amenez votre enfant à prendre conscience que chaque personne est unique, et que la diversité est normale et agréable. Favorisez l’acceptation de cette différence chez lui et chez les autres;
  • Rassurez-le s’il est préoccupé par son apparence, et invitez-le à se confier à vous;
  • N’acceptez pas que des gens fassent des commentaires sur le poids de votre enfant ou sur son alimentation. Vous pouvez expliquer que vous ne voulez pas que votre enfant construise son estime de soi sur son apparence ou développe une relation malsaine avec la nourriture;
  • Limitez son utilisation des écrans et expliquez-lui que les personnages à la télévision et dans les jeux vidéo sont des créations. Précisez-lui aussi que les photos dans les magazines sont transformées par des retouches. Demandez-lui s’il connaît une vraie femme ou un vrai homme qui a un corps semblable;
  • Parlez aussi des stéréotypes que votre enfant voit sur les écrans. Demandez-lui s’il trouve ça normal que les personnages gros soient souvent méchants. Demandez-lui s’il pense que c’est comme ça dans la vraie vie aussi;
  • Utilisez le mot gros comme un qualificatif descriptif neutre et présentez le poids comme une caractéristique physique et non comme un indicateur de valeur. Par exemple, parlez de poids comme vous parlez de la longueur des cheveux ou de la couleur des yeux d’une personne;
  • Discutez avec lui de ce qu’il vit, de ses amis et de ses sentiments. Par exemple, demandez-lui : « Qu’est-ce que tu aimes de cet ami? », « Qu’est-ce que tu aimes le plus de ton enseignante? » ou « De quoi es-tu fier aujourd’hui? »;
  • Encouragez les activités physiques pour le plaisir de bouger. Aidez votre enfant à trouver des activités qu’il aime et bougez aussi avec lui. Encouragez-le à faire son activité pour les aspects positifs que cela lui apporte (ex. : c’est amusant, ça lui fait voir ses amis et ça l’aide à se dépasser) plutôt dans une perspective d’obligation ou de perte de poids;
  • Amenez-le à développer son sens critique quant aux moyens de contrôle du poids qui sont inefficaces et dangereux;
  • Misez sur le plaisir de manger. Amenez votre enfant à découvrir les aliments avec ses sens et à les goûter pour le plaisir;
  • Soyez un modèle positif pour votre enfant.

Des paroles et des gestes à éviter

Même si vous ne le faites pas exprès, certaines de vos paroles et de vos actions peuvent laisser croire à votre enfant qu’il faut être mince pour être respecté et valorisé. Ainsi, voici ce qu’il vaut mieux éviter :

  • Évitez de faire des commentaires négatifs sur l’apparence de votre enfant ou d’une autre personne, ou de le comparer à d’autres. Par exemple, évitez de commenter négativement les gens en surplus de poids.
  • Évitez de dire du mal de votre apparence quand vous vous mettez en maillot de bain, par exemple, et de faire d’autres commentaires négatifs sur votre corps devant votre enfant. Essayez d’accepter et d’apprécier votre corps.
  • Évitez d’exprimer une préférence pour les corps minces ou de dire que vous êtes content d’avoir perdu du poids.
  • Évitez d’associer les aliments au poids. Si vous ne voulez pas manger de crème glacée, inutile de dire la raison à votre enfant.
  • Évitez de classer les aliments en bons ou mauvais aliments pour la santé. Dites, par exemple, des fruits et des légumes au lieu des bons aliments de même que des chips, des bonbons, du chocolat au lieu des cochonneries pour ne pas accorder une valeur morale aux aliments.

Image corporelle et troubles alimentaires

À force de se préoccuper de leur poids, plusieurs enfants finissent par se soucier également de ce qu’ils mangent. Dès l’âge de 8 ou 9 ans, certains adoptent des comportements pour maigrir ou gagner des muscles. Par exemple, ils commencent à suivre un régime amaigrissant, à éviter certains aliments, à sauter des repas et à faire plus de sport.

Ces gestes peuvent avoir des conséquences graves sur la santé. Ils peuvent notamment dégénérer en troubles de comportements alimentaires et retarder ainsi la croissance et la puberté en plus de causer des carences nutritionnelles et des maladies.

Quand consulter?

Parfois, les problèmes d’image corporelle sont évidents, mais parfois ils sont plus subtils. Si vous remarquez que votre enfant dénigre son apparence, se pèse souvent, se compare négativement aux autres, devient nerveux ou irritable au moment des repas ou connaît la teneur en calories des aliments, il est important de consulter un professionnel de la santé.

À retenir

  • Votre enfant a besoin de modèles variés et positifs pour développer une image corporelle saine.
  • Les commentaires liés au poids et à l’apparence peuvent nuire à l’image corporelle d’un enfant.
  • Valoriser les qualités personnelles et la diversité des corps est essentiel, car le poids ne détermine pas la valeur d’une personne.
Naître et grandir

Recherche et rédaction : Stéphanie Côté, M. Sc., nutritionniste
Adaptation web :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Mars 2023

Photos : GettyImages/bamby-bhamby et Valeria Blanc

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

Pour les parents

  • ANEB, anorexie et boulimie Québec. anebquebec.com
  • BERNIER, Édith. Grandir sans grossophobie, favoriser une image corporelle saine chez nos enfants, Éditions Trécarré, 2023, 162 p.
  • BIEN AVEC MON CORPS. bienavecmoncorps.com
  • COALITION POIDS. cqpp.qc.ca
  • ÉQUILIBRE. equilibre.ca
  • GROSSOPHOBIE.CA. grossophobie.ca
  • KALÉIDOSCOPE. Diversité corporelle. kaleidoscope.quebec (site permettant de trouver des livres pour enfants par thème)
  • TABLE QUÉBÉCOISE SUR LA SAINE ALIMENTATION. Grossophobie et image corporelle : s’outiller pour mieux intervenir. tqsa.ca

Pour les enfants

  • CALI, Davide. Marlène baleine, Éditions Tom’Poche, 2014, 32 p.
  • DELAUNOIS, Angèle et Philippe BÉHA. Je suis belle! Montréal, Éditions de l’Isatis, 2018, 24 p.
  • GRAVEL, Élise. C’est mon corps!, Éditions Scholastic, 2022, 32 p.
  • GRAVEL, Élise. Tout le monde!, Éditions Scholastic, 2021, 40 p.
  • GUAY, Guylaine. Gloria sort du moule, Les éditions de la Bagnole, 2022, 48 p.
  • KROUSE ROSENTHAL, Amy, Paris ROESENTHAL et Holly HATAM. Chère fille,. Markham, Éditions Scholastic, 2019, 40 p.
  • MCANULTY, Stacy et Joanne LEW-VRIETHOFF. Les jolies filles. Markham, Éditions Scholastic, 2017, 32 p.
  • RICARD, Marie-Michèle. Emma n’aime pas les moqueries, Éditions Midi trente, 2019, 40 p.
  • RICARD, Marie-Michèle. Lou aime le dessert, Éditions Midi trente, 2019, 40 p.
  • ROBERTS, Jillian et Jane HEINRICHS. Et si on parlait de notre corps? Montréal, Québec Amérique, 2023, 32 p.
  • TESTA, Nicole et Annie BOULANGER. Lili Macaroni : je suis comme je suis! Saint-Lambert, Dominique et compagnie, 2017, 24 p.
  • WILKIN, Renée. Le joli bedon rond de Marion, Éditions Boomerang, 2022, 32 p.

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