Votre tout-petit dort ailleurs sans vous. Comment vous assurer que tout se passe bien?Des bienfaits pour l’enfant
Les parents sont parfois inquiets quand ils se séparent de leur tout-petit, même pour un seul dodo. Pourtant, dormir ailleurs, par exemple chez les grands-parents, une tante ou un ami de la famille, permet à l’enfant de vivre de nouvelles expériences et de créer de beaux liens avec son entourage. Il apprend ainsi à s’adapter à des personnes et à des milieux différents.
De plus, en s’habituant à dormir ailleurs sans ses parents, l’enfant apprend aussi à se détacher d’eux petit à petit. Cela pourrait contribuer à lui éviter de vivre de l’anxiété de séparation plus tard.
À quel âge un enfant peut-il dormir ailleurs sans ses parents?
Pour déterminer à quel âge votre enfant peut dormir chez des proches, fiez-vous avant tout à son tempérament et à votre jugement. Certains tout-petits ont plus de difficulté à se détacher de leurs parents et à vivre des changements alors que d’autres ont une plus grande capacité d’adaptation.
Évaluez aussi votre capacité à ne pas être avec votre enfant pour une nuit. Cela est important, car si vous avez confiance que tout se passera bien, votre enfant le sentira.
Il n’y a pas d’âge idéal pour que votre enfant commence à dormir ailleurs sans vous. Toutefois, plus les moments de séparation entre vous débutent tôt et graduellement, plus la capacité d’adaptation de votre enfant se développe.
Si votre enfant vit plusieurs changements ou événements stressants, demandez-vous si le moment est bien choisi pour le faire dormir ailleurs. Dans certains cas, la réponse sera non, et dans d’autres, oui.
Par exemple, s’il vient de vivre un déménagement et un changement de garderie, il serait peut-être préférable d’attendre quelques semaines ou mois avant de le faire dormir ailleurs, surtout s’il s’agit de la première fois. Cependant, si vous et l’autre parent vous séparez, votre enfant pourrait trouver un certain apaisement à dormir chez ses grands-parents.
Les réactions possibles
Si votre bébé est nourri au biberon, il peut habituellement dormir ailleurs sans trop manifester de réactions, en particulier si un lien affectif est déjà établi avec la personne qui le garde. Cependant, s’il est nourri seulement au sein, il pourrait mal réagir s’il reçoit son tout premier biberon lors d’une nuit passée chez grand-maman, par exemple.
Ce n’est pas parce que votre enfant réagit lors de la séparation que vous devez cesser de le faire dormir ailleurs. Un moment de pause est parfois nécessaire.
La séparation d’avec vous pour une nuit peut aussi être plus compliquée lors de certaines périodes du développement psychoaffectif. C’est le cas vers 8 mois alors que votre bébé peut vivre de l’angoisse de séparation. À cet âge, il reconnaît bien son entourage proche et peut réagir moins positivement aux visages inconnus. Vous êtes aussi souvent la meilleure personne pour l’apaiser.
Si votre bébé dort chez ses grands-parents durant cette période, l’endormissement risque d’être plus difficile et la nuit plus mouvementée en raison des réveils. Un séjour d’une seule nuit sera alors assez long pour votre bébé, la personne qui garde et vous.
Votre enfant peut aussi réagir plus négativement à une séparation d’avec vous à l’âge de 2 ans. Durant cette période de développement, qui correspond à l’apprentissage de la propreté, votre tout-petit peut avoir besoin de sentir qu’il contrôle son environnement. Il pourrait donc faire une crise ou bouder le lendemain d’une nuit où il s’est fait garder.
Ce type de réaction démontre la frustration de votre tout-petit de ne pas contrôler la situation, mais parfois aussi des sentiments d’abandon ou de rejet. Devant cette réaction, vous pouvez à votre tour éprouver des émotions négatives (ex. : déception ou sentiment de rejet). En prenant conscience de vos propres émotions, vous pourrez mieux comprendre les émotions vécues par votre enfant lors d’une séparation temporaire.
Un peu plus tard, autour de 3 ou 4 ans, votre enfant peut mal réagir au fait de vous voir partir en amoureux et se sentir exclu de vos activités. Il peut alors faire un peu d’anxiété avant et après votre retour et manifester son mécontentement par des comportements désagréables. Faire preuve de compréhension et l’encourager à nommer ce qu’il ressent peut l’aider à mieux traverser ces moments.
Comment préparer un enfant à dormir ailleurs?
Avant de faire dormir votre enfant ailleurs pour la première fois, planifiez de courts moments de séparation et allongez-les peu à peu. Ainsi, votre enfant s’habituera doucement à votre absence et à la présence d’autres personnes. Vous pouvez commencer par le faire garder une heure, puis une matinée ou une soirée, une journée et, enfin, une nuit.
Pour préparer votre enfant à dormir ailleurs, parlez-lui-en une journée ou deux à l’avance. Présentez-lui cela comme un événement positif. Voici des exemples de ce que vous pouvez lui dire :
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« Papa et moi, nous sortons demain. Tu iras chez grand-maman et grand-papa, et c’est bien : tu vas coucher là-bas! »
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« Demain, ce sera un moment spécial pour toi, car tu vas dormir chez tes grands-parents. Ça va nous faire du bien et nous aurons très hâte de nous voir après! »
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« Tu vas avoir congé de maman et moi demain, yeah! Tu iras dormir chez ta tante. Tu te rappelles comment tu aimes te retrouver avec elle? »
Pour rassurer votre enfant, mettez dans ses bagages des objets qui lui rappellent la maison, comme sa doudou ou son toutou préféré. Vous pouvez aussi apporter un drap de la maison ou l’un de vos vêtements pour qu’il dorme avec une odeur familière. Il pourrait aussi s’agir d’une veilleuse ou d’un objet lumineux qu’il a habituellement dans sa chambre.
Si votre tout-petit a besoin d’avoir du contrôle, faites-lui choisir ce qu’il aimerait apporter. Donnez-lui le choix entre deux objets, par exemple un pyjama de maman ou un jouet.
Préparer la personne qui garde
Évitez de téléphoner en soirée, car votre appel pourrait provoquer une crise. Demandez plutôt que la personne qui garde votre enfant vous appelle en cas de problème.
Vous pouvez expliquer à la personne qui garde votre enfant ce que vous faites pour le préparer au dodo (ex. : lui faire prendre un bain, le bercer, lui lire une histoire, lui chanter une berceuse). Vous pouvez aussi lui donner vos trucs gagnants pour l’endormir (ex. : flatter son dos et mettre une petite veilleuse). Votre enfant sera rassuré de reconnaître sa routine et comprendra que l’heure du dodo approche.
Si votre tout-petit sait parler, la personne qui le garde peut lui demander directement ce qu’il préfère pour l’heure du dodo. En effet, ce n’est pas parce qu’il aime que vous lui caressiez la tête qu’il va aimer que cette personne le fasse.
La personne qui garde votre enfant n’a pas besoin d’avoir un horaire précis pour le déroulement de la soirée. Votre tout-petit pourrait se coucher un peu plus tard que d’habitude et être bercé plutôt qu’écouter une histoire. Ne vous en faites pas si les choses se passent un peu différemment qu’à la maison. Votre enfant peut s’adapter à différentes façons de faire.
Ce qui compte le plus, c’est qu’il soit avec des gens aimants, confiants et rassurants. Si vous le laissez dormir chez des personnes qu’il connaît bien et en qui vous avez confiance, tout devrait bien se passer.
À retenir
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Lorsque votre enfant dort chez ses grands-parents ou d’autres proches, il développe sa capacité d’adaptation.
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Votre enfant peut s’adapter à différentes façons de faire. L’important est qu’il se sente bien et en confiance lorsqu’il dort ailleurs sans vous.
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Lorsque votre enfant dort ailleurs, il peut être rassurant pour lui d’avoir des objets familiers (ex. : doudou, toutou).
| Révision scientifique : Nathalie Parent, psychologue
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir Mise à jour : Avril 2023
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Photo : Gettyimages/Selectstock
Ressources et références-
LEMAY, Michel. Famille, qu’apportes-tu à l’enfant? Collection du CHU Sainte-Justine, 2001, 216 p.
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