Communication: attention aux mots qui blessent

Communication: attention aux mots qui blessent
Ce que vous dites compte beaucoup pour votre enfant. Des mots blessants de votre part auront donc un impact négatif sur lui.


Malgré de bonnes intentions, un parent peut blesser son enfant ou le stresser en utilisant certains mots. Bien sûr, aucun parent n’est parfait, mais il est important d’être conscient de l’effet que peuvent avoir les mots sur un enfant afin de trouver de meilleures façons de dire les choses.

Conséquences des mots blessants sur l’enfant

Ce qu’un parent dit a beaucoup d’importance pour son enfant. C’est pourquoi les mots blessants et dénigrants ont un impact négatif sur l’enfant. Ils risquent aussi de nuire à la perception qu’il a de lui-même. Par exemple, un enfant pourrait se sentir rejeté s’il entend des phrases comme « Laisse-moi tranquille » ou « Enlève-toi de mon chemin ».

Les mots blessants nuisent à l’estime de soi de l’enfant, car, jusqu’à 6 ans, il construit l’image qu’il a de lui-même au contact de ses parents. Leurs mots, leurs actions et leur regard influencent donc de manière importante le développement de son estime de soi. Avant d’avoir confiance en lui, un enfant doit se sentir aimé, considéré et accepté tel qu’il est par ses parents, et ce, autant quand ça va bien que lorsque ses comportements et ses réactions sont plus difficiles.

Même lorsque l’enfant désobéit ou n’agit pas de la façon désirée, il faut faire attention aux mots utilisés. L’enfant doit bien sûr comprendre que son geste est inacceptable ou que son comportement est dérangeant. Toutefois, il doit aussi comprendre que ce qu’il a fait ou dit n’enlève rien à sa valeur personnelle ni à l’amour que lui portent ses parents.

Se faire coller une étiquette en raison de son comportement est aussi blessant pour un enfant (ex. : « Tu es lent! », « Tu es un petit monstre! », « Tu bouges toujours! »). S’il entend régulièrement ce type de phrases, l’enfant peut même avoir tendance à adopter plus souvent le comportement que ses parents lui reprochent. Il cherche ainsi, sans en être conscient, à ressembler à l’idée qu’ils se font de lui.

Laisser l’enfant s’exprimer

Dire à son enfant « Arrête de pleurer » ou « Ne fais pas ton bébé, il n’y a aucune raison d’avoir peur » est parfois tentant. Pourtant, le laisser exprimer et vivre ses émotions est important. En plus, elles permettent de comprendre que quelque chose ne va pas.

Le contrôle des émotions et des impulsions est difficile avant l’âge de 5 ans. L’enfant a donc besoin du soutien d’un adulte de confiance pour apprendre à reconnaître l’émotion vécue, la nommer et l’exprimer avec des gestes et des comportements acceptables.

Votre enfant a besoin de savoir qu’il peut compter sur vous non seulement quand il vit des émotions agréables, mais surtout lorsqu’il vit des émotions désagréables.

Lorsque votre enfant est émotif, rassurez-le, démontrez-lui de l’empathie, aidez-le à nommer ce qu’il vit et prenez le temps de l’écouter. Ne tentez toutefois pas de le raisonner ou d’expliquer lorsque l’émotion est vive. Votre enfant a d’abord besoin de se calmer. Votre soutien est essentiel pour y arriver. Pour le rassurer, vous pouvez par exemple lui dire :

  • « Je sens que tu as de la peine, je comprends. Je suis là pour toi, je vais t’aider. »
  • « Tu es inquiet, je sais, mais nous irons ensemble la première fois et je resterai près de toi. »
  • « C’est vrai que c’est difficile, mais tu vas y arriver. J’ai confiance en toi. »

Éviter les comparaisons

Votre enfant est en train de construire son identité et sa confiance en lui. Il a besoin d’être accepté tel qu’il est et d’être accompagné à son rythme et selon ses propres besoins. Les comparaisons sont donc à éviter.

Les comparaisons entre frères et soeurs risquent par ailleurs de créer de la jalousie et d’établir une compétition malsaine entre eux. De plus, en entendant des phrases comme « Prends exemple sur ta soeur » ou « Tu es vraiment plus têtu que ton frère », votre enfant pourrait avoir l’impression que vous l’aimez moins ou qu’il est inférieur à un autre.

De la même façon, une comparaison défavorable (« Tu es têtu comme un âne » ou « Tu es plus lent qu’une tortue ») pourrait lui donner une mauvaise image de lui-même.

Essayez plutôt de comprendre ce qui cause le comportement de votre enfant et de l’aider à mettre des mots sur ce qu’il ressent. Puis, voyez avec lui comment il pourrait s’améliorer, mais sans le dénigrer et sans le comparer à quelqu’un d’autre. Vous pouvez le comparer à lui-même afin de lui faire réaliser les progrès qu’il a faits, par exemple : « J’ai vu que tu as réussi à garder ton calme, c’est un beau progrès! »

Quand les mots dépassent la pensée

S’il vous arrive de dire des mots que vous regrettez, dites à votre enfant que vous ne les pensiez pas et excusez-vous. Ce n’est pas un manque d’autorité ni un signe de faiblesse que de s’excuser auprès de son enfant. Non seulement vous lui montrez l’exemple, mais vous lui signifiez qu’il compte pour vous et que ses sentiments sont importants.

Encouragements

Dire à son enfant qu’il est « tellement bon » ou qu’il est « le meilleur » dans quelque chose peut paraître positif à première vue, mais cela peut renforcer en lui le sentiment de comparaison avec les autres. Il peut alors penser qu’on peut être « bon » ou « mauvais » comme personne, « meilleur » ou « pire » qu’un autre.

Soulignez plutôt les bons coups de votre enfant par des encouragements qui sont centrés sur ce qu’il a accompli et sur votre fierté de le voir réussir des choses par lui-même. Par exemple, vous pouvez formuler vos encouragements ainsi :

  • « Wow! Tu as partagé ton jouet avec ta soeur, je suis fière de toi! »
  • « Félicitations! Tu as rangé ta chambre! Tu te sentiras mieux dans une belle chambre propre et ce sera plus facile de retrouver tes affaires. »

Vos encouragements sont importants pour votre enfant. Lorsque vous lui dites que vous êtes fier de lui de différentes façons, cela l’aide à ressentir à son tour ce sentiment de fierté et de confiance en lui.

À l’opposé, dire à votre enfant des phrases négatives, comme « Je suis déçu de toi » ou « Tu me fais honte », nuira à l’image qu’il a de lui-même. Il pourrait comprendre que votre amour est conditionnel, que vous l’aimez pour ce qu’il fait et non pour ce qu’il est.

Trucs pour mieux communiquer avec son enfant

Afin que la communication se passe mieux entre votre enfant et vous, voici quelques trucs efficaces pour éviter la frustration et réduire les moments d’impatience :

  • Si un comportement de votre enfant vous exaspère ou vous fâche, prenez le temps de reprendre votre calme avant d’en parler avec lui. Vous pouvez lui dire, par exemple, que vous n’êtes pas d’accord avec son comportement et que vous en discuterez ensemble dans un moment plus calme.
  • Profitez d’un moment où vous êtes seuls tous les deux pour aborder les situations difficiles qui provoquent des tensions entre lui et vous. Comprendre l’autre et trouver des solutions est plus facile lorsqu’on n’est pas pris dans l’émotion du moment. Parlez de vos insatisfactions de façon calme et invitez votre enfant à faire de même.
  • Afin d’aider votre enfant à reconnaître et à nommer ses émotions, dites, vous aussi, ce que vous ressentez. Si vous avez eu une journée difficile, vous pouvez le lui dire de façon simple, en lui mentionnant que votre humeur n’a rien à voir avec lui. Cela le rassurera et évitera qu’il se sente responsable de la situation.
  • Passez du temps de qualité avec votre enfant chaque jour. Ces moments d’affection et d’intimité demeurent prioritaires pour lui. Ils renforcent votre relation et favorisent la communication entre vous.

À retenir

  • Les mots blessants nuisent au développement de l’estime de soi de l’enfant.
  • Un enfant doit se sentir aimé et accepté tel qu’il est par ses parents, même quand il désobéit.
  • Les moments d’affection que vous partagez avec votre enfant renforcent votre relation et favorisent la communication entre vous.

 

Naître et grandir

Révision scientifique : Marie-Hélène Chalifour, psychoéducatrice
Recherche et rédaction :
Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Septembre 2022

 

Photos : iStock.com/jackscoldsweat et GettyImages/FG Trade

 

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • BEAULIEU, Danie. 100 trucs pour améliorer vos relations avec les enfants. Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2019, 120 p.
  • DUCLOS, Germain. L’estime de soi, un passeport pour la vie. 3e éd., Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, coll. « Parlons Parents », 2018, 248 p.
  • LAPORTE, Danielle. Pour favoriser l’estime de soi des tout-petits : guide pratique à l’intention des parents d’enfants de 0 à 6 ans. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, coll. « Pour la vie », 2017, 136 p.
  • MACNAMARA, Deborah. Jouer, grandir et s’épanouir : le rôle de l’attachement dans le développement de l’enfant. Montréal, Éditions Au Carré, 2017, 311 p.
  • MACNAMARA, Deborah. Naviguer à travers les conflits dans la fratrie sans perdre votre relation. institutneufeld.org
  • RAISING CHILDREN NETWORK. Preschooler talking, listening and communication: What to expect and how to help. 2022. raisingchildren.net.au
  • SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE. Soins de nos enfants. Comment favoriser une bonne estime de soi chez votre enfant. 2018. soinsdenosenfants.cps.ca

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