Disputes entre partenaires

Disputes entre partenaires
Les disputes avec votre partenaire peuvent affecter votre enfant. Comment le protéger si cela arrive?


Effets des disputes sur l’enfant

Dans une famille, les sujets pouvant créer des tensions dans le couple sont nombreux. Il est d’ailleurs normal que les parents ne soient pas toujours d’accord et que des disputes surviennent de temps à autre. L’enfant ne devrait toutefois pas être témoin de ces conflits, car ils peuvent avoir des conséquences négatives sur lui.

Émotions vécues par l’enfant lors d’une dispute

Lorsqu’un enfant est témoin des disputes de ses parents, il ressent un mélange d’émotions souvent difficiles à reconnaître et à exprimer. Il peut réagir en étant plus irritable, plus agité, plus sensible, etc.

Les disputes peuvent faire vivre à l’enfant les émotions suivantes :

  • L’incompréhension : l’enfant peut se demander s’il est la cause du conflit. Comme le cerveau du jeune enfant est encore immature, sa compréhension des conflits entre ses parents est très limitée.
  • La crainte : l’enfant peut craindre, par exemple, que ses parents se séparent.
  • La tristesse : l’enfant peut être triste de voir sa famille, qui constitue la base de son sentiment de sécurité, se disputer.
  • L’inquiétude : l’enfant peut en venir à se préoccuper du bien-être de ses parents et éviter d’exprimer ses besoins et ses difficultés pour les soulager. Cela augmente les risques que l’enfant développe de l’anxiété.

Augmentation du stress

De plus, les conflits parentaux entraînent une augmentation du stress chez l’enfant. Au moment d’une dispute, il ressent que quelque chose ne va pas, même s’il ne comprend pas toujours le sens des mots. Il ressent les frustrations ou la colère d’un parent envers l’autre même si elles ne sont pas exprimées par des mots.

En effet, l’enfant entend le ton de voix ferme, sec et fort de ses parents. Il voit qu’ils ne sourient pas, qu’ils ont le visage tendu et qu’ils sont moins réceptifs à ses demandes. Il peut aussi sentir que leurs mouvements sont plus brusques et leurs câlins moins « sentis ».

Comme son cerveau est en plein développement, l’enfant est incapable de comprendre concrètement ce qui se passe pour ses parents. Cela augmente son niveau d’insécurité et de stress.

Effets sur le développement du cerveau de l’enfant

L’enfant devient expert des comportements qu’il a le plus souvent vus, entendus et expérimentés.

Selon les recherches en neurosciences, tout ce qui est fait avec l’enfant ou devant lui et tout ce qu’il perçoit du monde créent des connexions dans son cerveau. En vieillissant, l’enfant reproduira les connexions qui ont été le plus souvent utilisées.

Cela veut donc dire que les habitudes de ses parents, y compris la manière dont ils gèrent les disputes entre eux, structurent directement le cerveau de l’enfant, particulièrement pendant la petite enfance.

Lorsque les disputes sont fréquentes

L’enfant serait plus affecté par des conflits récurrents dans la famille avant, pendant et après une séparation que par la séparation elle-même. Les disputes répétitives entre les parents ont donc un impact important chez l’enfant, qui risque alors davantage de développer :
  • de l’anxiété;
  • des troubles du sommeil. L’enfant ressent les stress de l’environnement même pendant son sommeil, ce qui peut avoir des conséquences sur l’endormissement et les réveils nocturnes;
  • des difficultés d’adaptation à long terme, comme des troubles du comportement, des difficultés à gérer ses émotions et la dépression;
  • des interactions plus difficiles avec ses parents. Les tensions familiales sont susceptibles d’influencer la disponibilité des parents, qui peuvent alors être plus irritables et se montrer moins affectueux, par exemple.

Comment éviter les conflits devant votre enfant?

Voici quelques astuces qui vous permettront d’éviter qu’une dispute éclate entre vous et votre partenaire devant votre enfant.

  • Déterminez les facteurs qui augmentent les risques de dispute avec votre partenaire (ex. : pendant la routine du matin, car le temps est compté, le soir lorsque tout le monde est plus fatigué, etc.). Cela vous aidera à trouver des astuces pour respecter les besoins de chacun dans ces moments et ainsi diminuer le risque de chicane.
  • Chaque jour, prévoyez de 10 à 15 minutes pour faire un bilan de la journée avec votre partenaire, par exemple quand votre enfant est couché. Au cours de ces discussions, favorisez le respect et l’utilisation du « je » et du « nous » au lieu du « tu », qui donne davantage l’impression de recevoir des reproches et des accusations. N’oubliez pas que si le ton monte, votre enfant vous entend même lorsqu’il est couché.
  • Déterminez un code avec votre partenaire (ex. : mettre la main sur l’épaule de l’autre) que vous pourrez tous les deux utiliser pour rappeler à l’autre qu’il serait préférable de discuter de ce sujet plus tard lorsque votre enfant ne sera pas présent.
  • N’hésitez pas à dire ce que vous ressentez si vous sentez que la tension monte dans votre corps (ex. : accélération du rythme cardiaque, mâchoires serrées). Dites aussi ce que vous ferez pour vous calmer. Par exemple : « Ouf, j’ai très envie de me mettre en colère, mais je vais plutôt prendre quelques respirations. » En plus d’aider votre enfant à mettre des mots sur ce qu’il voit, entend et ressent, vous lui enseignez un moyen sain de gérer ses émotions.

Comment protéger votre enfant lors d’une dispute

Si vous vous disputez avec votre partenaire devant votre enfant ou assez près de lui pour qu’il puisse vous entendre, voici des façons de réduire les effets négatifs de votre dispute sur votre enfant.

Plus les conflits sont fréquents, plus les répercussions deviennent importantes chez l’enfant à court, moyen et long terme.
  • Évitez de crier ou de vous emporter.
  • Tentez de trouver des solutions avec votre partenaire et mettez fin à votre dispute. Favorisez des échanges empreints d’écoute, de respect et d’empathie. S’il est impossible de le faire sur le moment, dites à votre enfant que vous et votre partenaire allez d’abord vous calmer, pour mieux discuter plus tard.
  • Ne niez pas que vous vous êtes disputés si votre enfant vous a vus ou entendus. Parlez-en avec lui sans critiquer votre partenaire.
  • Permettez à votre enfant d’exprimer ce qu’il a ressenti. Écoutez-le, simplement. Ensuite, rassurez-le en lui disant que, même si votre partenaire et vous étiez fâchés, vous tenez l’un à l’autre. Vous pouvez aussi faire un parallèle avec les conflits que votre enfant vit avec ses amis.
  • Faites comprendre à votre enfant qu’il n’est pas responsable du conflit et que vous l’aimerez toujours. Vos gestes et vos paroles le rassureront.
  • Ne faites pas preuve d’une gentillesse exagérée à l’égard de votre partenaire pour compenser la dureté de vos échanges. Votre enfant se rendra compte que cela n’est pas naturel.
  • Veillez à ce que votre enfant ne soit pas forcé de prendre parti pour l’un ou l’autre, sinon il pourrait vivre ce que l’on appelle un conflit de loyauté.
  • Tentez d’éviter les excuses du type « ma journée se passe mal » ou « je suis en colère, c’est tout ». Rappelez-vous que si vos paroles sont contraires à ce que vous vivez réellement, votre enfant le ressentira. Devant cette contradiction, votre enfant pourrait vivre de l’insécurité.
  • Si le sujet de la dispute concerne votre enfant, discutez-en en son absence. Votre enfant doit sentir que vous et votre partenaire formez une équipe et que vous vous entendez sur les mêmes principes de base pour son éducation. Il ressent alors un plus grand sentiment de sécurité intérieure.

Les disputes sont-elles toujours néfastes pour l’enfant?

Les disputes pendant lesquelles les parents discutent et font preuve d’écoute et de respect pour les propos de l’autre ont moins d’effets négatifs sur l’enfant. Il peut tout de même vivre de l’incompréhension ou de l’inconfort.
Cependant, ces échanges peuvent apprendre à l’enfant à résoudre des conflits en utilisant des comportements prosociaux (ex. : coopérer, écouter, réconforter, consoler, aider), ce qui l’aidera dans ses relations avec d’autres enfants.

Quand demander de l’aide

Si les disputes entre vous et votre partenaire commencent à entraîner des répercussions sur le comportement de votre enfant (ex. : symptômes d’anxiété ou de dépression, comportements violents, difficultés à gérer ses émotions, etc.), consultez un médecin, un psychologue, un travailleur social ou un psychoéducateur.

Si vos disputes sont violentes psychologiquement ou physiquement, n’attendez pas pour demander de l’aide.

Votre CLSC peut vous guider vers les ressources appropriées de votre secteur. Vous pouvez aussi appeler Info-Social (8-1-1) pour une aide immédiate.

À retenir

  • Les bébés et les enfants ressentent l’état émotif de leurs parents lorsqu’ils se disputent.
  • Les habitudes des parents, y compris celles de communication et de résolution de conflits, ont des effets sur le cerveau de l’enfant.
  • Si vous et votre partenaire avez des opinions différentes, tentez de discuter en respectant ses propos et en faisant preuve d’écoute et d’empathie.

 

Naître et grandir

Révision scientifique : Marie-Hélène Chalifour, psychoéducatrice
Rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Février 2023

 

Photo : GettyImages/monkeybusinessimages

 

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • ALVAREZ, Céline. Plasticité – pour le meilleur ou pour le pire. celinealvarez.org
  • BIGRAS, Marc et Peter J. LAFRENIÈRE. « L’influence du risque psychosocial, des conflits conjugaux et du stress parental sur la qualité de l’interaction mère-garçon et mère-fille », Revue canadienne des sciences du comportement, vol. 26, no 2, 1994, p. 280-297. psycnet.apa.org
  • BILODEAU, Mélanie. Soyez l’expert de votre bébé. Québec, Éditions Midi trente, 2018, 220 p.
  • BILODEAU, Mélanie. Soyez l’expert de votre tout-petit. Québec, Éditions Midi trente, 2022, 240 p.
  • CÔTÉ, Isabelle et autres. Tempête dans la famille : les enfants et la violence conjugale. 2e éd., Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, coll. « Parlons Parents », 2019, 192 p.
  • FILLIOZAT, Isabelle. Au coeur des émotions de l’enfant : que faire devant les larmes? Comment réagir face aux paniques? Paris, Marabout, 2013, 322 p.
  • GUEGUEN, Catherine. Pour une enfance heureuse : repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau. Paris, Pocket, 2015, 368 p.
  • LUPIEN, Sonia. À chacun son stress : les effets du stress sur le développement du cerveau de l’enfant. Les effets du débordement du stress parental sur l’enfant. Que faire pour prévenir cela. Éditions Va Savoir, 2019, 336 p.
  • PREMIÈRE RESSOURCE - Aide aux parents: 1 866 329-4223 ou premiereressource.com
  • ROSENBERG, Marshall. Les mots sont des fenêtres (ou des murs). N. éd., Genève, Jouvence, 2016, 304 p.
  • SUNDERLAND, Margot. La science au service des parents : comprendre et élever son enfant grâce aux avancées scientifiques. N. éd., Montréal, Éditions Hurtubise, 2016, 288 p.

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