Les consignes positives

Les consignes positives
Vous aimeriez que votre enfant vous écoute davantage? Les consignes positives peuvent vous aider.


Pour un enfant, les règles sont importantes, car elles lui indiquent ce qui est attendu de lui et ce qu’il lui est permis ou non de dire ou de faire. Pour qu’il respecte les consignes, il faut toutefois qu’il les comprenne et qu’il ait envie de collaborer. La façon dont ses parents formulent leurs consignes est donc importante.

Pourquoi privilégier les consignes positives?

L’utilisation de consignes positives permet de guider votre tout-petit pour qu’il fasse ce que vous attendez de lui, sans attirer son attention sur ce qu’il ne doit pas faire. Indiquer à votre tout-petit vos attentes de façon positive et calme ainsi que lui montrer l’exemple l’aide à comprendre ce qu’il doit faire, en plus de favoriser son estime de soi.

Comme les consignes positives dirigent l’attention sur le comportement souhaité, elles sont plus faciles à respecter pour votre enfant, qui peut encore avoir de la difficulté à se contrôler pour respecter un interdit. En effet, le mécanisme qui est censé empêcher un enfant de poser un geste interdit (inhibition) se développe très lentement dans le cerveau.

Il est normal de devoir rappeler souvent les consignes à votre tout-petit, qu’elles soient positives ou négatives.

Le fait de s’opposer aux limites est toutefois normal pour un tout-petit, surtout de 2 à 4 ans, car cela lui permet de s’affirmer. Un enfant de cet âge peut donc avoir encore plus envie de faire quelque chose qu’il ne devrait pas, surtout si son attention est attirée sur cet interdit par une consigne négative (ex. : « ne cours pas », « ne crie pas », « ne mange pas avec tes doigts »).

De plus, lorsque vous formulez une consigne de façon négative, vous mettez l’accent sur ce que votre enfant fait mal. Si vous avez souvent recours aux consignes négatives, votre tout-petit peut avoir l’impression qu’il ne fait rien de bien et en venir à croire qu’il n’est pas compétent. Il pourrait alors avoir moins envie de collaborer par la suite.

Si votre enfant a moins de 2 ans, comprendre ce que signifie l’expression « ne pas » dans une consigne (ex. : « ne touche pas à cette plante ») lui demande plus d’effort. Les consignes positives sont alors plus faciles à comprendre que les consignes négatives, car elles disent clairement à votre tout-petit ce qu’il doit faire (ex. : « marche lentement », « parle tout bas », « utilise ta cuillère »). À l’opposé, les consignes négatives lui indiquent seulement ce qu’il ne doit pas faire, mais sans mentionner ce qui est attendu de lui. Votre enfant doit alors déduire ce qu’il doit faire, ce qui n’est pas toujours simple pour lui.

Exemples de consignes positives

  • « Marche comme une petite souris » plutôt que « Ne fais pas tant de bruit »
  • « Cette porte reste fermée » plutôt que « N’ouvre pas cette porte »
  • « Tu peux jouer avec ceci » plutôt que « Ne touche pas à mon ordinateur »
  • « Assieds-toi sur le divan » plutôt que « Ne saute pas sur le divan »
  • « Dépose ton jouet sur le plancher » plutôt que « Ne lance pas ton jouet »

Toujours nécessaires les consignes?

Lorsque le comportement de votre enfant est inadéquat, il n’est pas toujours nécessaire d’intervenir en y faisant référence. Au lieu de donner une consigne liée au comportement inapproprié, vous pouvez essayer d’orienter l’attention de votre tout-petit vers une autre activité plus positive (ex. : « Viens t’asseoir près de moi et je vais te lire une histoire » ou « Viens dessiner à la table pendant que je prépare le souper »). Il est ainsi parfois préférable de simplement ignorer le comportement afin de ne pas mettre l’accent sur l’interdit, en particulier lorsque vous avez l’impression que votre enfant cherche votre attention d’une façon inadéquate (ex. : en faisant un bruit répétitif).

Certains interdits sont essentiels

Il n’est pas possible ni souhaitable de formuler toutes vos consignes de façon positive. Votre enfant a besoin de certains interdits pour empêcher des gestes inacceptables ou des comportements qui compromettent sa sécurité. Il s’agit de bien choisir ces interdits, car lorsqu’ils sont moins nombreux, ils ressortent des autres consignes. Votre enfant comprend alors mieux leur importance.

Quand les consignes négatives sont trop nombreuses dans une journée, l’enfant a tendance à ne plus accorder d’importance aux interdits ou à se mettre à s’opposer davantage (plus vous dites non, plus votre enfant le dira aussi!).

Ainsi, il est important par exemple de dire à votre tout-petit de ne pas jouer dans la rue et de ne pas taper un ami. Expliquez-lui pourquoi et dites-lui ce qu’il doit faire à la place (ex. : rester dans la cour, vous tenir la main) ou enseignez-lui d’autres façons de régler ses conflits avec les autres.

Évitez toutefois d’utiliser un ton anxieux ou colérique pour les consignes négatives visant à protéger votre enfant (ex. : « Ne traverse pas la rue sans moi! »). Si elles sont souvent répétées, elles pourraient créer du stress chez votre enfant, qui pourrait alors commencer à s’opposer ou à se soumettre et ne plus rien oser faire. Il est par ailleurs possible d’être clair et ferme sans pour autant crier.

Pourquoi votre enfant ne vous écoute-t-il pas toujours?

Voici certaines raisons qui peuvent expliquer que votre tout-petit ne vous écoute pas, peu importe le type de consignes utilisées.

  • Il n’était pas attentif. Assurez-vous que votre enfant vous regarde quand vous lui parlez. Donnez-lui aussi une seule consigne à la fois.
  • Il est encore incapable de prévoir les conséquences de ses gestes, surtout avant l’âge de 2 ans. Répéter un geste interdit lui permet de bien comprendre sa portée. Lorsqu’il refait ce geste, il peut vous regarder dans les yeux. Il cherche alors à mesurer les conséquences de celui-ci, ce qui inclut votre réaction.
  • Il teste les limites. Dans ce cas, faites preuve de constance. Sinon, votre enfant risque de moins vous écouter s’il sait que vous finissez par faire à sa place ce que vous lui avez demandé ou que vous laissez faire. L’opposition, qui est normale chez les tout-petits, diminue en général avec le temps, la constance et un nombre limité de consignes. Trop de consignes négatives alimentent toutefois l’opposition.
  • Il cherche de l’attention, même si elle est négative. Prenez le temps de passer régulièrement des moments seul à seul avec votre enfant. Il aura plus tendance à vous écouter par la suite.
  • Il a faim, il est fatigué ou il est malade. Dans ces situations, il est normal que votre enfant écoute moins bien.
  • Il veut éviter de faire une tâche qu’il n’aime pas, comme ranger ses jouets. Pour le motiver, incitez votre enfant à faire les choses d’une manière plus amusante, en chantant, par exemple.

 

À retenir

  • Les consignes positives sont plus faciles à comprendre et à respecter pour un tout-petit de moins de 2 ans. De plus, elles favorisent son estime de soi.
  • Le contrôle de soi, nécessaire au respect des consignes, se développe très lentement dans le cerveau. Pour cette raison, il est plus facile d’attirer l’attention sur un comportement souhaité que de mettre un frein à un comportement interdit.
  • Certaines règles ne peuvent toutefois pas être formulées de façon positive. C’est le cas des interdits concernant la sécurité de l’enfant, par exemple.

 

Naître et grandir

Révision scientifique : Dre Sarah Fillion-Bilodeau, psychologue
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Mai 2021

 

Photo : iStock.com/nyul

 

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • COUILLARD, Kathleen. « Les tout-petits ne comprennent pas la négation? Faux », Agence Science-Presse, 23 mars 2021. www.sciencepresse.qc.ca
  • FILLIOZAT, Isabelle. « J’ai tout essayé! » : opposition, pleurs et crises de rage : traverser sans dommage la période de 1 à 5 ans. Éditions JC Lattès, 2011, 176 p.
  • GRIGOROGLOU, M. et autres. « Toddlers’ understanding and use of verbal negation in inferential reasoning search tasks », Journal of Experimental Child Psychology, vol. 183, 2019, p. 222-241. www.scopus.com
  • HAMMARRENGER, Benoît. Trouble d’opposition/provocation. aqnp.ca
  • KOCHANSKA, Grazyna et autres. « Children’s emerging regulation of conduct: restraint, compliance, and internalization from infancy to the second year », Child Development, vol. 69, no 5, octobre 1998, p. 1378-1389. pubmed.ncbi.nlm.nih.gov
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  • NORDMEYER, Ann et Michael FRANK. « Early Understanding of Pragmatic Principles in Children’s Judgments of Negative Sentences », Language Learning and Development, vol. 14, no 4, mai 2018, p. 262-278. www.tandfonline.com

 

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