Comportement: éviter les étiquettes

Comportement: éviter les étiquettes
Il n’est pas conseillé de coller des étiquettes à votre enfant à propos de son comportement.


« Comme tu es lent! » « Tu es tannant! » « Tu es maladroit! » Certains parents ont tendance à coller des étiquettes à leur enfant à propos de son comportement. Pourtant, cette attitude est à éviter. Pourquoi?

Donner une étiquette, c’est quoi?

On dit qu’un parent donne une étiquette à son enfant quand il insiste sur un comportement qui le dérange et qui se répète dans le temps. C’est une façon pour le parent d’exprimer une frustration.

Par exemple, un parent peut dire à son tout-petit qu’il est « lent » parce que chaque fois qu’il faut partir pour la garderie, l’enfant ne collabore pas et prend son temps. Ou qu’il est « capricieux » parce qu’il fait souvent des crises.

Donner une étiquette à son enfant ne l’aide pas à améliorer son comportement.

Certains parents reproduisent aussi ce qu’ils ont vécu comme enfant. Par exemple, un parent qui se faisait souvent dire qu’il était « toujours de mauvaise humeur » peut faire la même chose avec son tout-petit. Il peut même lui donner cette étiquette en pensant que son enfant a « hérité » cette caractéristique de lui.

Pourquoi faut-il éviter les étiquettes?

Il n’est pas recommandé d’utiliser des étiquettes. Ce que vous pensez et dites au sujet de votre enfant va influencer ce qu’il pense de lui et comment il se sent. Cela va avoir un effet sur ses comportements.

À force de se faire dire qu’il est agité ou méchant, par exemple, un enfant finit par croire qu’il est vraiment comme ça. S’il l’entend souvent, l’enfant peut même avoir tendance à adopter plus souvent le comportement que ses parents lui reprochent. Il cherche ainsi, sans en être conscient, à ressembler à l’idée qu’ils se font de lui.

De plus, les étiquettes sont blessantes. Elles nuisent à l’estime de soi de l’enfant. Quand il reçoit souvent des commentaires négatifs, un tout-petit perd confiance en lui et en ses capacités. Il peut même aller jusqu’à penser que ça ne vaut plus la peine d’essayer d’améliorer son comportement.

Les étiquettes nuisent également à la relation parent-enfant. Un enfant qui se fait coller une étiquette perd confiance en son parent et ne ressent plus que celui-ci croit en lui et le soutient dans ses défis. C’est insécurisant pour un tout-petit. L’enfant peut aussi se mettre à penser que son parent l’aime moins quand il se comporte mal.

Et les étiquettes positives?

Il n’y a rien de mal à dire à votre enfant : « Tu es gentil », « Tu es patient » ou « Tu es généreux ». Ces commentaires font plaisir et donnent confiance. Toutefois, il est préférable d’aller plus loin en décrivant son bon comportement. Au lieu de dire : « Tu es gentil », dites plutôt : « Wow, tu as partagé ton jouet avec ta sœur. Bravo, c’est gentil! » ou « C’était long dans la file d’attente et tu t’es bien occupé. Tu as jasé avec moi, tu as été patient. Super! ». Cette description permet à votre tout-petit de comprendre ce qu’il a fait de bien et de répéter ce bon comportement.

Comment réagir face à un comportement dérangeant?

Pour améliorer un comportement dérangeant, il faut essayer de comprendre ce qui se cache derrière. Un enfant peut avoir un comportement dérangeant parce qu’il a du mal à gérer ses émotions et ses réactions.

De plus, il est possible qu’il n’arrive pas toujours à dire ce qu’il veut, ce qu’il n’aime pas et ce qui le dérange. Il peut avoir besoin d’aide pour comprendre ses émotions et apprendre à bien y réagir.

Un tout-petit peut également ne pas avoir acquis certaines habiletés et avoir besoin d’accompagnement pour les développer. Enfin, il peut déranger parce qu’il veut l’attention de son parent pour connecter avec lui.

Voici trois attitudes à adopter pour améliorer le comportement qui vous dérange, sans donner d’étiquette :

  • Essayez de comprendre le réel besoin de votre enfant pour savoir ce qui se cache derrière son comportement. Par exemple, il est en colère parce que son frère lui prend souvent ses jouets ou il est maladroit parce qu’il s’excite facilement avant une sortie. Soyez curieux et allez au-delà des apparences pour comprendre sans jugement ce que votre tout-petit exprime.
  • Aidez votre enfant à mettre des mots sur ce qu’il ressent. Par exemple, dites : « C’est difficile de t’habiller ce matin. Je comprends que tu aimerais prendre ton temps et rester à la maison. » Cela permet à l’enfant de vous dire ce qu’il vit et de parler ensemble de ce qui le dérange. Il se sent alors compris, cela le rassure. Parfois, cela suffit pour améliorer son comportement.
  • Donnez des outils à votre enfant pour qu’il apprenne à mieux réagir. Par exemple, si votre enfant est maladroit parce qu’il est excité, vous pouvez lui apprendre à se calmer en prenant de grandes respirations. S’il a de la difficulté à être à l’heure le matin, trouvez des solutions ensemble pour faciliter son organisation et sa gestion du temps.

Bien sûr, le comportement qui vous dérange ne disparaîtra pas tout de suite. Il vous faudra répéter souvent. Soyez tolérant, patient et compréhensif envers votre enfant. Il est en plein développement! C’est normal qu’il explore plusieurs comportements pour découvrir qui il est. Votre rôle est de l’aider à comprendre ce qui se passe à l’intérieur de lui et de lui donner des outils pour mieux réagir.

Pour aider votre enfant à se débarrasser d’une étiquette

À force de se faire coller une étiquette, un enfant perd confiance en ses capacités. Or, pour renverser les choses, votre enfant a besoin de sentir que vous croyez en lui et en son potentiel.

Voici des conseils pour l’aider à construire son estime de soi et à développer une image positive de lui-même.

  • Soulignez ses forces et qualités. Dites à votre enfant ce que vous aimez de lui. Faites-lui aussi remarquer ses bons coups et ses bons comportements. Par exemple, soulignez ses efforts pour partager, pour patienter, pour réussir des choses sans aide ou pour résoudre des conflits.
  • Appréciez-le tel qu’il est et démontrez-lui votre amour sans condition. Vous pouvez le faire en lui disant souvent que vous l’aimez et en vous montrant affectueux.
  • Donnez-lui des responsabilités ou demandez-lui de l’aide. C’est une occasion pour votre enfant de démontrer ses compétences et de sentir qu’il est capable et utile.
  • Portez sur lui un regard positif, bienveillant et encourageant.

Des conseils pour gérer votre frustration

C’est normal de ressentir parfois de l’exaspération ou de l’impatience devant un comportement dérangeant de votre enfant. Toutefois, il faut essayer de comprendre pourquoi certains de ses comportements vous font réagir au lieu de lui coller une étiquette.

Prendre conscience de vos émotions vous aide à mieux les gérer. Cela vous permet ensuite d’être plus disponible pour accompagner votre enfant et lui montrer les comportements attendus.

Avoir des attentes réalistes envers votre enfant limite les frustrations.

C’est une bonne idée également de dire à votre enfant ce qui vous dérange et de nommer vos besoins en utilisant des mots simples. Par exemple, vous pouvez dire : « Ça me fâche de voir traîner tes jouets partout. J’aimerais qu’on trouve ensemble une solution. »

Enfin, faites preuve de bienveillance et acceptez vos erreurs. Si vous avez mal réagi, prenez le temps de le reconnaître. Vous pouvez dire : « Je m’excuse de t’avoir parlé ainsi, ce n’était pas correct. J’étais en colère. » Expliquez à votre enfant ce qui vous a fâché et parlez ensemble pour trouver des façons d’améliorer la situation.

À retenir

  • Un parent donne généralement une étiquette à son enfant à cause d’un comportement qui le dérange et qui se répète dans le temps.
  • À force de se faire dire qu’il est « lent », « tannant » ou « maladroit », l’enfant adopte plus souvent ce comportement.
  • Tentez de comprendre ce qui se cache derrière le comportement de votre enfant et donnez-lui des outils pour l’aider à réagir autrement.
Naître et grandir

Révision scientifique : Céline Blanc, psychoéducatrice
Recherche et rédaction :
Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Juin 2024

Photo : GettyImages/shapecharge

Ressources et références

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Pour les parents

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  • GUEGUEN, Catherine. Pour une enfance heureuse : repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau. Paris, Éditions Robert Laffont, 2014, 304 p.
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Pour les enfants

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  • LATULIPPE, Martine et Nathalie PARENT. L’anxiété de Timothée. Laval, Saint-Jean Éditeur, 2022, 28 p.
  • LATULIPPE, Martine et Nathalie PARENT. La peur de Mathis. Laval, Saint-Jean Éditeur, 2020, 32 p.
  • LATULIPPE, Martine et Nathalie PARENT. La tristesse de Mahée. Laval, Saint-Jean Éditeur, 2020, 32 p.
  • LATULIPPE, Martine et Nathalie PARENT. Le deuil d’Olivia. Laval, Saint-Jean Éditeur, 2022, 28 p.
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  • NEAL, Kate Jane. Au coeur des mots. Markham, Scholastic Canada, 2019, 32 p.
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