Un temps des fêtes zen? Mission possible!

Le temps des fêtes amène souvent son lot de stress et d’émotions pour les parents de jeunes enfants. Vous aimeriez que la période des fêtes soit plus facile cette année? Lisez notre dossier pour faciliter vos réunions de famille et mieux comprendre ce qui vous stresse.

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Pour faciliter les fêtes de famille

Les nombreuses réunions familiales du temps des fêtes peuvent être difficiles pour certains parents. C’est votre cas? Voyez comment les rendre plus agréables.

Par Amélie Cournoyer

Les nombreuses réunions familiales du temps des fêtes peuvent être difficiles pour certains parents. C’est votre cas? Voyez comment les rendre plus agréables.

Le temps des fêtes est une période de réjouissances qui vient toutefois avec des responsabilités supplémentaires : décorer, acheter des cadeaux, prévoir les repas ainsi que les sorties dans la famille et chez les amis. « Il y a plus de tâches à faire, mais pas plus d’heures dans la journée pour tout faire. Il est donc important d’avoir des attentes réalistes envers vous et votre enfant. Cela vous permettra de diminuer la pression, la fatigue et le stress causés par un emploi du temps surchargé », fait remarquer la coach familiale Laithicia Adam. Il est préférable de ne pas chercher à tout prix que tout soit parfait et magique.

Pour les familles recomposées et les grands-parents séparés, le nombre de réunions familiales peut parfois exploser. Si vous êtes dans l’une de ces situations, n’hésitez pas à refuser certaines invitations, notamment les plus stressantes. Vous pouvez aussi écourter votre présence lors des rencontres de famille afin d’éviter l’accumulation de fatigue ou d’irritants.

Quand le stress s’en mêle

À cela s’ajoute le stress des réunions familiales. Certains parents redoutent en effet les tensions au sein de leur famille ou les questions de certaines personnes sur le comportement de leur enfant. « Si les réunions familiales vous stressent, essayez de déterminer plus précisément la situation qui vous perturbe. Cela vous permettra de réfléchir à une façon de gérer cette situation avec tact », conseille le Dr Nicolas Chevrier, psychologue.

Il explique : « Si vous redoutez un souper à cause d’une tante, par exemple, vous pouvez simplement limiter les échanges avec elle. » Par contre, pour un problème plus important, si vous trouvez que votre frère fait des commentaires sur la façon dont vous élevez votre enfant, par exemple, mieux vaut lui en glisser un mot lors d’un tête-à-tête avant la réunion familiale. À cette occasion, vous pouvez lui dire ce que vous ressentez lorsqu’il commente vos façons de faire. Vous pouvez aussi en parler avec un membre de confiance de votre famille, comme votre mère, qui peut vous comprendre et vous soutenir en cas d’inconfort lors de la réunion.

Cela dit, il vous faudra peut-être lâcher prise sur les comportements de certains membres de votre famille qui vous dérangent. Mais attention, lâcher prise signifie accepter que tout ne se passe pas comme vous l’aimeriez. Cela ne veut pas dire pour autant que vous devez accepter ce qui est inacceptable, comme les remarques déplacées ou l’agressivité. Dans ces situations, mieux vaut établir calmement vos limites en disant, par exemple : « J’ai l’impression que tu t’emportes. J’aimerais que l’on se parle plus calmement. »

Vous gagnerez à ne pas penser seulement aux personnes qui vous dérangent. Portez plutôt attention à celles avec qui vous vous entendez bien ainsi qu’à celles avec qui votre enfant a du plaisir. N’oubliez pas non plus qu’il n’y a pas que les réunions de famille durant le temps des fêtes. Il y a aussi des journées plus calmes. D’ailleurs, il est bon d’alterner les grosses réunions familiales et les jours de repos pour recharger vos batteries. S’accorder un peu de temps seul, écouter de la musique, pratiquer un sport et demander l’aide d’un proche sont aussi de bons moyens pour chasser le stress qui peut être associé au temps des Fêtes.

5 situations vécues par les parents

5 parents parlent des difficultés rencontrées à l’approche des fêtes et durant les réunions familiales. Des experts réagissent et donnent leurs conseils.

Cinq parents parlent des difficultés rencontrées à l’approche des fêtes et durant les réunions familiales. Des experts réagissent et donnent leurs conseils.

1. Ressentir le jugement des autres

« Durant les fêtes de famille, ma belle-mère et ma belle-sœur s’occupent beaucoup de mon fils. Mais elles lui trouvent sans arrêt des besoins que moi, je ne vois pas. Par exemple : « il a faim », « il a froid » ou « il n’est pas assez habillé ». Comme les commentaires viennent de mamans d’expérience, j’ai l’impression de ne pas bien prendre soin de mon bébé parce que je ne me rends pas compte de ses besoins », confie Isabelle, maman d’André, 15 mois.

Lors des fêtes de famille, il arrive de se sentir jugé ou d’avoir l’impression que certaines personnes jugent notre enfant. Des membres de la famille peuvent faire des commentaires sur l’enfant ou donner des conseils sur la façon de l’élever, par exemple.

Selon le Dr Nicolas Chevrier, psychologue, les commentaires des autres partent rarement d’une mauvaise intention. « On pense que ce sont nos compétences parentales qui sont visées, alors que généralement, la famille pense seulement au bien-être de l’enfant », souligne-t-il.

De manière générale, il suggère de rester ouvert aux commentaires et de poser des questions sur la façon dont l’autre voit la situation. « Plutôt que de prendre les remarques des autres comme des critiques ou des jugements, il vaut mieux essayer de les voir comme des commentaires constructifs, précise le psychologue. Cela dit, c’est vous qui avez le dernier mot, parce que c’est vous le parent. » Et c’est vous qui connaissez le mieux votre enfant. Vous gagnerez donc à en prendre et à en laisser.

2. Vivre de la culpabilité

« J’ai la chance d’avoir deux semaines de congé durant le temps des fêtes, mais j’envoie quand même mon garçon à la garderie certaines journées, surtout vers la fin des vacances. J’en profite pour préparer mon retour au travail en faisant le ménage, des courses et de la bouffe. Mais je n’ai pas la tête tranquille. Je me sens coupable de ne pas passer ce temps-là avec lui », affirme Claudine, maman de Louis, 2 ans.

La culpabilité est un sentiment qui peut être ressenti plus fortement pendant le temps des fêtes, entre autres parce que la routine est modifiée et parce qu’on idéalise cette période. On se met donc de la pression pour que les fêtes ressemblent à l’image qu’on s’en fait.

La psychoéducatrice Stéphanie Pelletier explique que la culpabilité survient lorsqu’une personne considère que ce qu’elle fait va à l’encontre de ses valeurs ou de ses exigences personnelles. Ainsi, plus vos attentes envers vous-mêmes en tant que parent sont élevées, plus vous risquez de vous sentir coupable. « Pour diminuer le sentiment de culpabilité, le parent peut réduire ses attentes envers lui-même, comme se permettre de faire une chose à la fois, soutient-elle. Par exemple, si vous faites le ménage pendant que votre enfant est à la garderie, rappelez-vous que c’est plus efficace pour vous et plus amusant pour lui. À son retour à la maison, vous aurez la satisfaction d’avoir une maison propre et vous serez alors plus disponible pour passer du temps agréable avec lui.

Vous travaillez pendant le temps des fêtes et vous vous sentez coupable? « Si votre culpabilité est liée à votre désir de passer du temps de qualité avec votre enfant, profitez des moments que vous avez avec lui pour faire des jeux et des activités spéciales liées au temps des fêtes. Cela vous permettra de vivre ensemble la magie de Noël », ajoute la psychoéducatrice. Par exemple : aller marcher le soir pour admirer les décorations dans le quartier, fabriquer une carte de Noël ou cuisiner un dessert du temps des fêtes.

3. Gérer un budget limité

« Avant, je gâtais beaucoup ma famille et ma filleule à Noël. Mais c’est différent depuis que j’ai des enfants. Mon budget est plus limité. Cette année, je sais que je ne pourrai pas offrir d’aussi gros cadeaux que d’habitude. Ça me stresse de ne pas pouvoir donner autant que j’aimerais », admet Michel, papa de Théa, 3 ans, et de Delphine, 9 mois. Cadeaux, sorties, repas spéciaux... Le temps des fêtes entraîne en effet beaucoup de dépenses!

« Il y a plusieurs façons de composer avec un budget plus restreint dans le temps des fêtes. La clé est dans la planification », dit la coach familiale Laithicia Adam. Vous pouvez, par exemple, suggérer une thématique qui entraînera moins de dépenses, comme des cadeaux faits maison (tricot, bijoux, sauce à spaghetti maison, photos...), des dons de services (garder les enfants, cuisiner, faire de petits travaux...) ou un échange de choses que vous avez à la maison et qui ne vous servent plus.

« Quant aux enfants, la plupart préfèrent l’attention que vous leur donnez plutôt que les cadeaux de grande valeur. Vous pourriez donc leur offrir une activité spéciale gratuite, comme une soirée de jeux, un après-midi de glissade ou de patinage », suggère la psychoéducatrice Stéphanie Pelletier.

Puisque les enfants aiment aussi déballer quelques cadeaux, Laithicia Adam rappelle qu’il est possible de le faire à moindre coût. « Vous pouvez, par exemple, acheter des jouets usagés sur des sites Internet de revente, comme Kijiji ou LesPAC, par le biais de groupes Facebook, dans les magasins de jouets usagés, les marchés aux puces ou les bazars », détaille-t-elle.

4. Subir la comparaison entre les enfants

« À Noël, nous regardons des albums de famille en nous remémorant des souvenirs. C’est souvent à ce moment-là que mes parents comparent mes filles. Ils disent à ma plus jeune : “Regarde, ta grande soeur faisait ça à ton âge et, toi, tu ne le fais pas encore” », raconte Yvonne, maman de Dalia, 4 ans, et de Julia, 6 ans.

Lors des fêtes de famille, certaines personnes ne se gênent pas pour comparer les enfants entre eux, ce qui donne lieu à des remarques du genre : « Quoi? Il ne marche pas encore? » ou « Elle ne parle pas beaucoup pour son âge. »

La coach familiale Laithicia Adam tient à rappeler que l’ordre des apprentissages est différent pour chacun. « Comparer un enfant à un autre, c’est comme comparer des pommes et des poires », dit-elle. Chaque enfant se développe à son rythme. Pendant que l’un améliore son côté moteur, l’autre travaille son langage ou sa motricité fine. « Les étapes de développement sont des points de repère, rappelle-t-elle. Ce n’est donc pas toujours inquiétant si votre enfant semble un peu en retard dans un domaine par rapport à la moyenne. »

Si un proche a tendance à comparer votre enfant à un autre de façon défavorable, pourquoi ne pas lui parler de ses forces? Par exemple : « Ma fille ne court pas encore, mais elle est capable de tenir sa cuillère pour manger. » Un peu d’humour peut également dédramatiser la situation. Par exemple : « À 18 ans, il ne devrait plus porter de couches… »

5. Avoir des attentes trop élevées

« Il y a quelques années, j’avais de très grandes attentes envers mes enfants lors des partys de famille. Je leur demandais d’être sages, polis avec les adultes et de bien jouer avec leurs cousins et cousines. Je leur mettais beaucoup de pression parce que je voulais bien paraître devant mes oncles et mes tantes que je ne vois qu’une fois par année. Mais je ne passais pas de belles soirées. J’étais toujours en train de les surveiller », raconte Virginie, maman d’Alex, 1 an, Justine, 5 ans, et Noémie, 10 ans.

Qui ne cherche pas à bien paraître aux yeux de sa famille? Quel parent ne souhaite pas montrer le meilleur côté de son enfant à ses proches? Cette attitude peut toutefois en amener certains à mettre beaucoup de pression sur leur tout-petit et sur eux-mêmes.

« Beaucoup de parents ont tendance à élever leurs attentes vis-à-vis de leur enfant durant le temps des fêtes, souvent pour bien paraître aux yeux des autres. Or, ils devraient plutôt les diminuer », affirme le Dr Nicolas Chevrier, psychologue. Les fêtes feront vivre toutes sortes d’émotions à votre tout-petit et cela aura sûrement un effet sur sa conduite. « Si certains comportements restent inacceptables en tout temps, comme frapper les autres ou lancer des objets, vous gagnerez toutefois à intervenir avec plus de souplesse si votre enfant pleure pour un rien, fait un dégât ou se chicane », conseille-t-il. N’oubliez pas que votre enfant pourrait aussi être fatigué en raison des nombreuses réunions familiales.

Pour aider votre tout-petit à gérer son excitation liée au temps des Fêtes, vous gagnerez à prendre du temps pour jouer avec lui. Vous pourriez aussi sortir des jeux de société simples lors des rencontres familiales et jouer avec les oncles et tantes!

La bienveillance en cadeau

Faire preuve de bienveillance envers un autre parent, c’est respecter ses choix et se montrer compréhensif à son égard. Cela l’aide à se sentir un bon parent. « Soyez à l’écoute de l’autre et tentez de vous mettre à sa place pour essayer de comprendre ce qu’il peut vivre et ressentir, propose le Dr Nicolas Chevrier, psychologue. Demandez-lui s’il a besoin d’aide ou de conseils avant de lui en offrir. Parfois, le parent a seulement envie d’être écouté. » Et n’oubliez pas que si vous voulez que les autres soient bienveillants envers vous lors des réunions familiales, rien de mieux que de l’être aussi envers eux et envers vous-même!
À retenir
  • Durant les réunions familiales, il est parfois utile de lâcher prise sur les comportements ou les paroles désagréables de certains membres de votre famille.
  • Les réunions familiales seront aussi moins stressantes si vous diminuez vos attentes envers votre enfant.
  • Pendant les fêtes, il est bon de trouver un équilibre entre les jours de sorties et de repos.

Naître et grandir

Source: magazine Naître et grandir, décembre 2018
Recherche et rédaction:
Amélie Cournoyer
Révision scientifique:
Annie Goulet, psychologue
Mise à jour : Novembre 2023

RESSOURCES

Livre pour les parents

Les angoissés de Noël, R. Fiammetti, Éditions J. Lyon, 2021, 102 p.

Sites web

  • Activités et bricolages par thème : educatout.com
  • Activités, bricolages, recettes, chansons et cadeaux à faire soi-même : teteamodeler.com
  • Activités et bricolage à inscrire sur un calendrier de l’Avent : alloprof.qc.ca/fr

Étude

  • Tis the season to be...stressed? Michigan Medicine, University of Michigan, December 20, 2021, Vol. 40, numéro 1 (en anglais). mottpoll.org

Photos: GettyImages/ManonAllard, GettyImages/LiseGagne, GettyImages/Kontrec