Devenir plus attentive au moment présent demande de la pratique, mais quelques minutes par jour peuvent déjà vous aider à y parvenir.
Par Nathalie Vallerand
Pourquoi est-il si difficile de vivre le moment présent? « Les parents sont débordés, ils ont beaucoup de choses auxquelles penser, répond la psychologue Fabienne Lagueux. Ils vivent aussi du stress. Sans compter que le cellulaire est une grande source de distraction. » En effet, il n’est pas évident pour un parent de profiter des moments avec son enfant s’il pense en même temps au souper à préparer ou à la rencontre du lendemain à la garderie.
Un parent préoccupé a tendance à s’occuper de son enfant, mais en ayant la tête ailleurs. La pleine conscience, aussi appelée présence attentive, peut vous aider à être moins dans vos pensées et plus dans l’instant présent. Cela veut dire être là physiquement pour votre enfant, mais aussi mentalement.
Cette pratique consiste à porter votre attention sur le moment présent, puis à vous efforcer de maintenir cette attention. « Cela vous permet d’être pleinement attentif à ce qui se passe ici et maintenant et à ce que vous ressentez », explique Laurence Morin, doctorante en psychologie de l’Université de Montréal.
Conseils pour vivre le moment présent
Dites tout haut ce que vous observez. Commentez ce que votre enfant fait lorsque vous êtes ensemble. Cela peut vous aider à ne pas vous perdre dans vos pensées. Par exemple : « Ta tour de cubes va être haute! »
Mettez votre cellulaire de côté quand vous jouez avec votre enfant ou que vous vous occupez de lui. Regardez-le lorsqu’il vous parle et portez votre attention sur ses gestes et sur ses expressions.
Essayez de voir les choses avec les yeux de votre enfant. Comment mon enfant peut-il se sentir? Quels sont ses besoins? Cela peut vous aider à moins vous laisser entraîner par vos émotions et à agir de manière plus consciente avec votre enfant.
Évitez de ruminer vos pensées, car cela vous empêche de profiter du moment présent.
Inspirez-vous de votre enfant. Les tout-petits sont champions pour être dans l’instant présent. « Quand mon fils joue et que je le vois tellement concentré sur ce qu’il fait, ça me rappelle de focaliser mon attention moi aussi », dit Gabrielle Cantin, maman de Léo, 20 mois.
S’exercer à être plus attentif
Le « hamster » qui court dans la tête d’un parent n’est toutefois pas toujours facile à arrêter. Vous pouvez essayer d’être plus attentif à l’aide de méditations guidées (ex. : applications, livres) ou lors de vos activités quotidiennes. La deuxième manière a l’avantage de ne pas demander plus de temps. Voici quelques conseils :
- Commencer par des activités que vous faites sans réfléchir : laver la vaisselle, marcher, vous brosser les dents, etc. « Essayez d’aborder le moment présent avec vos cinq sens », suggère Laurence Morin. Comme prendre une douche en prêtant attention à la sensation de l’eau chaude sur votre corps, au parfum du savon, au bruit de l’eau, etc.
- Intégrer ensuite des périodes où vous êtes pleinement présent avec votre enfant. Gabrielle Cantin, par exemple, essaie d’être pleinement attentive lors des moments passés à se coller à son petit Léo. « J’aime bien aussi le regarder jouer en observant ses gestes », ajoute-t-elle. Bercer votre enfant, lui donner son bain, le nourrir ou l’habiller sont autant d’occasions de vivre l’instant présent.
- Lorsque vous remarquez que vous pensez à autre chose (un problème au travail, par exemple), ramener doucement votre attention sur ce que vous êtes en train de vivre. Gabrielle utilise pour sa part le truc du nuage. « Je visualise ma pensée comme un nuage qui s’éloigne, dit-elle. Ça m’aide à me recentrer sur le moment présent. »
- Éviter de vous décourager. Il est pratiquement impossible d’être concentré sur chaque instant. La capacité d’attention se développe toutefois avec la pratique. « C’est comme un muscle qu’on entraîne et qui devient plus fort chaque jour, témoigne Gabrielle. Plus je m’exerce, plus je suis capable de rester un peu plus dans l’instant présent. » Cependant, la constance est plus importante que la durée. « Si vous vous exercez souvent, même si c’est seulement une ou deux minutes par jour, ce sera bénéfique », affirme la psychologue Fabienne Lagueux.