Lorsqu’on hésite à faire vacciner son enfant, c’est souvent parce qu’on se pose des questions sur la sécurité, l’utilité et l’efficacité des vaccins. Voici des réponses d’experts à quelques préoccupations courantes.
Lorsqu’on hésite à faire vacciner son enfant, c’est souvent parce qu’on se pose des questions sur la sécurité, l’utilité et l’efficacité des vaccins. Voici des réponses d’experts à quelques préoccupations courantes.
Pourquoi les vaccins contiennent-ils des produits chimiques? Sont-ils dangereux?
« En général, les produits chimiques présents dans les vaccins sont nécessaires à leur conservation », souligne Marie-Ève Brouillette, infirmière en périnatalité. D’autres ingrédients, les adjuvants, servent à renforcer l’efficacité des vaccins. Les adjuvants causent de l’inflammation. Cette inflammation sert à activer notre système de défense. Des études ont d’ailleurs montré que s’il n’y a pas d’adjuvant, le corps se défend moins bien, explique le Dr Arnaud Gagneur, médecin et chercheur à l’Université de Sherbrooke.
« Si on regarde seulement la liste des ingrédients, ça peut faire peur, reconnaît Marie-Ève Brouillette. Cependant, il faut tenir compte des quantités. » En effet, la concentration de certains produits dans les vaccins est beaucoup plus faible que celle que l’on retrouve dans les produits d’entretien ménager ou même dans l’alimentation. Par exemple, plusieurs sont inquiets parce qu’il y a de l’aluminium dans les vaccins. Pourtant, de nombreux aliments contiennent de petites quantités d’aluminium, y compris les fruits, les légumes, la farine, les céréales, les noix, les produits laitiers, les préparations pour nourrissons et le miel.
Comment fonctionnent les vaccins?
L’objectif des vaccins est d’activer le système immunitaire afin que le corps puisse se défendre par lui-même contre certains virus et certaines bactéries. À la surface des bactéries et des virus, il y a des molécules appelées « antigènes » que notre système immunitaire reconnaît. Lorsque notre corps rencontre les antigènes pour la première fois, il fabrique des anticorps qui serviront à combattre la maladie, explique le Dr Arnaud Gagneur. Ainsi, si une personne rencontre de nouveau cette bactérie ou ce virus plus tard dans sa vie, ses anticorps empêcheront la maladie de se développer. « Le principe de la vaccination, c’est donc d’injecter seulement les antigènes, sans le reste qui pourrait entraîner la maladie », explique le Dr Arnaud Gagneur. Cela sera suffisant pour que le corps puisse se défendre.
Les vaccins à ARN messager, qui ont été développés pour lutter contre la COVID-19 (Pfizer et Moderna), sont toutefois un peu différents. En effet, ils ne contiennent pas d’antigènes, mais plutôt la recette qui permet au corps de fabriquer lui-même les antigènes qui activeront le système immunitaire.
La majorité des vaccins sont donc composés seulement de portions de bactéries ou de virus inactifs. Il existe toutefois quelques exceptions. Certains contiennent en effet des bactéries ou des virus vivants affaiblis qui ont été traités en laboratoire pour les empêcher de causer la maladie. C’est le cas des vaccins contre la rougeole et la varicelle, par exemple. Comme ces vaccins sont vivants, certaines personnes pourraient avoir de légers symptômes. Un enfant pourrait, par exemple, avoir quelques boutons de varicelle après avoir reçu le vaccin, mais il ne sera pas contagieux. L’enfant sera toutefois protégé des complications graves de cette maladie.
Pourquoi vacciner les enfants contre la COVID-19 s’ils sont peu touchés par cette maladie?
Les enfants de 5 ans et plus ne peuvent pas encore être vaccinés contre la COVID-19, mais ils pourraient l’être d’ici la fin de l’année 2021.
Selon les experts, pour atteindre l’immunité collective, c’est-à-dire pour que l’ensemble de la population soit protégée contre la COVID-19, au moins 80 % de la population doit être vaccinée. Cet objectif est toutefois difficile à atteindre si on ne vaccine pas les enfants, qui représentent 20 % de la population.
Même si les enfants n’ont pas de symptômes graves, ils peuvent transmettre le virus. Plus le virus se transmet, plus il risque de faire des « erreurs » en se reproduisant. Ce sont ces erreurs qui donnent naissance aux variants. Ainsi, plus on vaccine rapidement le plus de gens possible, y compris les enfants, moins on a de chances de voir apparaître de nouveaux variants.
Par ailleurs, les enfants qui contractent la COVID-19 peuvent, dans certains cas, développer la COVID longue ou le syndrome inflammatoire multisystémique.
Pourquoi vacciner contre des maladies qui ont presque disparu?
« Quand nous avons l’impression d’être à l’abri de certaines maladies, cela signifie que nous avons bien fait notre travail de vaccination puisqu’il n’y a plus de grosses épidémies, explique Marie-Ève Brouillette. Toutefois, ces maladies constituent toujours un risque. Il faut donc continuer de vacciner. » Plusieurs maladies ont disparu au Québec, mais elles existent encore ailleurs dans le monde. « Par exemple, les éclosions récentes de rougeole étaient dues à des personnes qui n’étaient pas vaccinées et qui avaient attrapé la maladie lors d’un séjour dans un autre pays », dit Marilou Kiely, conseillère scientifique à l’INSPQ.
C’est seulement lorsqu’une maladie disparaît complètement de la planète que l’on peut cesser de vacciner contre elle. C’est le cas du virus responsable de la variole qui a été complètement éliminé, par exemple.
Un bébé de 2 mois est-il trop jeune pour recevoir un vaccin?
« Cette préoccupation des parents est compréhensible puisqu’ils voient leur bébé comme étant très fragile, dit l’infirmière Marie-Ève Brouillette. Cependant, c’est parce que le bébé est fragile qu’il a besoin d’être vacciné, afin d’être protégé contre des maladies qui pourraient avoir des conséquences très graves sur sa santé. »
Le système immunitaire des bébés fonctionne, mais il n’est pas encore tout à fait mature. Il n’est pas capable de reconnaître certaines bactéries, souligne le Dr Arnaud Gagneur. « C’est pourquoi les enfants de moins de 2 mois font beaucoup d’infections graves, comme des méningites », dit-il. Heureusement, il existe des vaccins qui permettent au système immunitaire du bébé de réagir de la bonne façon à ces bactéries. C’est donc plutôt le fait de retarder la vaccination qui fait courir un risque au bébé.
Pourquoi faire vacciner mon enfant si la majorité des gens le sont déjà?
Plus il y a de gens qui sont vaccinés, moins la maladie peut se transmettre. Cela diminue alors le risque d’être infecté. « Quand on fait vacciner notre enfant, ce n’est pas seulement notre enfant qu’on protège, mais aussi ceux des autres, ajoute Laurence Monnais, historienne spécialisée dans l’histoire de la santé. Ceux-ci nous protègent ensuite en retour. » De plus, faire vacciner son enfant permet de protéger les personnes plus fragiles qui peuvent moins bien répondre aux vaccins ou qui ne peuvent pas être vaccinées.
Pourquoi ne pas étaler davantage les vaccins prévus au calendrier de vaccination?
« Les parents ont le choix de faire vacciner ou non leur enfant et de suivre le calendrier de vaccination qui leur convient, reconnaît Marie-Ève Brouillette. Cependant, cela peut avoir des effets sur la protection que leur tout-petit va recevoir. »
Marilou Kiely confirme d’ailleurs que le calendrier a été fait en tenant compte des risques de certaines maladies et du système immunitaire de l’enfant : « Les premières doses sont efficaces pour prévenir les complications. Toutefois, plusieurs doses sont nécessaires avant l’âge de 2 ans pour que la protection soit adéquate. Retarder la vaccination rend l’enfant plus vulnérable. C’est pourquoi il est préférable de suivre le calendrier développé par les experts », explique-t-elle.
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L’hésitation à la vaccination n’est pas un refus de faire vacciner son enfant, mais plutôt le reflet de questions que se posent les parents.
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Les parents apprécient que l’on réponde à leurs questions sur les vaccins sans porter de jugement.
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Les vaccins permettent de protéger les enfants contre certaines maladies ou, du moins, d’éviter leurs complications graves.
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| Source : magazine Naître et grandir, septembre-octobre 2021 Recherche et rédaction : Kathleen Couillard Révision scientifique : Ève Dubé, anthropologue médicale à l’INSPQ et Dre Caroline Quach, pédiatre et microbiologiste-infectiologue au CHU Sainte-Justine et professeure titulaire à l’Université de Montréal
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RESSOURCES |
- Démystifier les croyances sur les risques de la vaccination
Gouvernement du Québec quebec.ca - Étude sur la couverture vaccinale des enfants québécois âgés de 1 an, 2 ans et 7 ans en 2019, M. Kiely et collaborateurs, Institut national de santé publique du Québec, 2021
inspq.qc.ca - L’hésitation à la vaccination, È. Dubé, Institut national de santé publique du Québec, 2017
inspq.qc.ca - Le mythe du refus, L. Monnais, Presse de l’Université de Montréal, 2019, 288 p.
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Questions courantes sur les vaccins
naitreetgrandir.com
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Photos (dans l’ordre) : GettyImages/Geber86, GettyImages/Rawpixel, GettyImages/Solstock et GettyImages/Fluxfactory