Il était une fois... des familles et des écrans

Téléphone intelligent, télévision, tablette, ordinateur, console de jeu… Les écrans sont partout. Ont-ils des impacts sur le développement des tout-petits et sur la vie de famille? Les parents devraient-ils revoir leurs propres habitudes avec les écrans? Conseils et pistes de réflexion.

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Votre enfant et les écrans

Même si les tout-petits les aiment, les écrans devraient être utilisés avec modération afin de profiter de leurs bons côtés et de diminuer les risques qui y sont associés. Il est donc important d’établir des limites en bas âge, et d’apprendre à votre enfant à bien les utiliser.

Par Nathalie Vallerand

Même si les tout-petits les aiment, les écrans devraient être utilisés avec modération afin de profiter de leurs bons côtés et de diminuer les risques qui y sont associés. Il est donc important d’établir des limites en bas âge, et d’apprendre à votre enfant à bien les utiliser.

À 2 ans, un tout-petit passe en moyenne 2,4 heures par jour devant un écran et, à 3 ans, 3,6 heures, selon une étude canadienne. Et selon un rapport de l’Institut de la statistique du Québec datant de 2022, 16 % des enfants de maternelle 5 ans passent en moyenne 2 heures et plus par jour devant les écrans.

Pas étonnant : les écrans sont amusants et de nombreux parents les trouvent pratiques pour occuper leur enfant. Toutefois, pour bien se développer, votre enfant a besoin d’avoir des contacts avec les autres et de faire toutes sortes d’activités : des casse-têtes, de la pâte à modeler, du bricolage, des culbutes, lancer un ballon, regarder des livres, etc. Les écrans ne devraient donc pas prendre trop de place dans sa vie.

« On me rapporte que des enfants commencent l’école avec une motricité moins avancée que les autres parce qu’ils n’ont probablement pas assez couru, sauté, lancé, dessiné ou découpé, se désole Cathy Tétreault, fondatrice du Centre Cyber-aide et directrice de la Maison des jeunes de Duberger. Et certains manquent d’habiletés sociales parce qu’ils ont passé plus de temps à utiliser les écrans qu’à vivre dans la réalité auprès de leurs pairs. »

Les enfants ont besoin d’avoir des contacts avec les autres, de bouger, de se faire lire des histoires et de jouer librement pour bien se développer.

De plus, les tout-petits qui passent beaucoup de temps devant la télé ou la tablette ne bougent pas assez ; ce qui peut entraîner, à long terme, un surplus de poids. Des études ont en effet établi un lien entre les écrans et le surpoids chez les enfants.

« L’écoute prolongée de la télévision nuit au développement cognitif, à l’utilisation et à l’acquisition du langage ainsi qu’aux bases de la fonction exécutive (contrôle des émotions, attention, mémoire de travail », indique la Dre Stacey Bélanger, pédiatre au CHU Sainte-Justine, membre du groupe de travail sur la santé numérique de la Société canadienne de pédiatrie et membre du comité scientifique sur la présence des écrans à l’école à l’Institut national de santé publique du Québec.

Les écrans peuvent également nuire à la capacité de votre enfant à contrôler ses émotions et ses comportements. Ils peuvent aussi nuire à son sommeil. Il est d’ailleurs recommandé de n’utiliser aucun écran au moins une heure avant le coucher.

Les parents de Charlotte, 16 mois, essaient de ne pas exposer leur petite fille aux écrans. C’est la recommandation de la Société canadienne de pédiatrie : pas d’écran avant 2 ans, sauf pour communiquer avec des proches à l’aide d’une application vidéo. « On n’est pas contre les écrans, dit Kevin Galarneau, le papa de Charlotte. On va sûrement initier notre fille à des jeux éducatifs sur la tablette dans quelques mois. Mais pour le moment, elle a plein de choses à découvrir dans son environnement. »

Après 2 ans, les pédiatres canadiens recommandent de limiter le temps d’écran des tout-petits à 1 heure par jour, quel que soit l’appareil utilisé (téléphone intelligent, tablette, télévision, ordinateur ou console de jeu).

Les bons côtés des écrans

Bien sûr, les écrans n’ont pas que de mauvais côtés. Ils procurent du plaisir et ils peuvent aider votre enfant à renforcer des apprentissages. Par exemple, Rafael, 4 ans, regarde souvent des dessins animés en portugais, la langue de son père. « C’est une façon pour lui d’entendre plus de portugais », explique sa maman, Andrée-Anne Lalancette.

« Les émissions de télévision de qualité dont le contenu est adapté à l’âge de l’enfant peuvent être un moyen supplémentaire de favoriser des aspects du développement cognitif, y compris les attitudes prosociales et le jeu imaginaire des enfants de 2 à 4 ans, affirme la Dre Stacey Bélanger. Les applications interactives d’apprentissage de la lecture peuvent aussi les aider à reconnaître des sons et à apprendre de nouveaux mots. »

Même les jeux vidéo peuvent avoir des avantages éducatifs quand ils sont bien choisis et adaptés à l’âge de l’enfant. Par exemple, ils peuvent contribuer au développement de la logique, des habiletés visuelles et spatiales, et de la capacité à résoudre des problèmes.

Toutefois, les enfants apprennent davantage si un adulte est avec eux lorsqu’ils utilisent les écrans. Il est donc préférable d’être aux côtés de votre enfant quand il joue avec une tablette ou qu’il regarde la télévision. Vous pourrez ainsi commenter ses efforts pour réussir un niveau ou discuter avec lui de ce qui se passe à l’écran.

Même si votre enfant trouve les écrans amusants, il faut lui apprendre à bien s’en servir et lui imposer des limites.

Enfin, sachez qu’il est quand même difficile pour votre tout-petit d’utiliser les apprentissages faits avec un écran dans la vraie vie. « Les jeunes enfants apprennent beaucoup mieux en trois dimensions, grâce à des échanges directs avec leurs parents et avec les personnes qui s’occupent d’eux », affirme la Dre Stacey Bélanger.

Du temps pour autre chose

Vous voulez éloigner votre enfant des écrans, mais vous ne trouvez pas ça simple? Vous n’êtes pas seul! 26 % des parents d’enfants de 0 à 5 ans trouvent difficile d’encadrer l’usage que fait leur enfant des écrans, selon l’Enquête québécoise sur la parentalité parue en 2022.

« Je dois toujours faire un décompte pour que mes garçons arrêtent de jouer avec leur console ou d’écouter des vidéos, dit Ariane Foisy, maman de Zack Émyl, 4 ans, et de Nathan, 6 ans. Si je ne limite pas le temps d’écran, ils exagèrent. »

Les parents d’Aydann, 2 ans, et de Malaïka, 7 ans, ne veulent pas que leurs enfants utilisent les écrans en semaine. Mais, ce n’est pas toujours facile. « Le matin, Aydann arrive souvent dans notre chambre avant qu’on cache le téléphone qui nous sert de réveille-matin, raconte la maman, Aurore Robert-Mavounia. Dès qu’il le voit, il veut regarder des dessins animés sur YouTube. On essaie de détourner son attention, mais parfois on cède et on le lui laisse cinq minutes. »

Un tout-petit peut-il être dépendant aux écrans?
En bas âge, une réelle dépendance aux écrans ou aux jeux vidéo est extrêmement rare. Cependant, plusieurs jeunes enfants passent beaucoup trop de temps devant les appareils électroniques. Cela les empêche de développer un rapport sain avec les écrans et augmente le risque qu’ils les utilisent aussi de façon excessive plus tard.
La psychologue Marie-Anne Sergerie suggère aux parents de porter attention aux comportements de leur enfant pouvant indiquer un problème avec les écrans : faire des crises lorsqu’on lui demande d’éteindre les appareils électroniques ; mentir sur son utilisation des écrans ou les utiliser en cachette ; se servir des écrans pour se calmer ou se sentir mieux ; préférer les écrans aux amis et avoir peu d’intérêt pour d’autres types d’activités. « Instaurer des règles pour limiter l’utilisation des écrans très tôt dans la vie de votre enfant est un bon moyen de prévenir la dépendance », soutient-elle.

L’organisme Pause ton écran suggère d’établir une routine dans laquelle vous déterminez un moment précis pour utiliser les écrans dans la journée (ex. : 15 minutes au retour de la garderie) et d’opter pour de courtes séances (pas plus de 30 minutes). L’organisme recommande aussi de garder en tête que même si la recommandation est de ne pas dépasser une heure de temps d’écran par jour, il s’agit d’une possibilité seulement, pas d’un besoin. Si votre tout-petit est occupé à autre chose et ne s’en sert pas du tout durant la journée, c’est encore mieux.

Faudrait-il aller jusqu’à interdire les écrans pour les tout-petits? « C’est aux parents de décider, selon leurs valeurs, mais les écrans font partie de nos vies et sont là pour rester. On a donc avantage à montrer aux enfants comment les utiliser de façon responsable », dit Normand Landry, professeur à l’Université TÉLUQ et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éducation aux médias et droits humains.

Il faut dire aussi que les bonnes habitudes sont plus faciles à mettre en place en bas âge. Et qu’il est plus facile de donner des limites à un jeune enfant que d’enlever du temps d’écran à un enfant plus âgé!

7 conseils pour gérer les écrans

Comment aider votre enfant à prendre de bonnes habitudes avec les écrans? Lisez nos sept conseils!

Comment aider votre enfant à prendre de bonnes habitudes avec les écrans? Lisez nos sept conseils!

1. Utiliser les écrans de façon intentionnelle.

Utiliser un écran ne doit pas devenir un réflexe pour l’enfant. Ainsi, il est plus facile de contrôler le temps d’écran quand l’enfant est habitué à allumer la télévision ou l’ordinateur pour une raison et à un moment précis, comme regarder une émission qu’il aime.

2. Choisir des contenus de qualité.

Privilégier des émissions, des vidéos et des jeux éducatifs adaptés à l’âge de votre enfant. « Vous pouvez aussi l’encourager à utiliser les écrans pour créer des choses et pour développer des compétences, suggère le spécialiste en éducation aux médias Normand Landry. Par exemple, il y a des applications pour dessiner, pour inventer des histoires, etc. Les meilleures applications sont celles qui permettent à votre enfant de réfléchir et de participer activement. »

3. Accompagner votre enfant dans son utilisation des écrans.

Par exemple, en discutant de ce qu’il écoute, de ce à quoi il joue et de ses goûts : « Qu’as-tu aimé dans l’histoire? Penses-tu que c’est possible dans la vie? Que dois-tu faire pour atteindre le deuxième niveau? »

4. Ne pas permettre les écrans dans sa chambre.

Sinon, vous pourriez avoir du mal à gérer l’utilisation que votre enfant en fait une fois qu’il sera couché. Il est aussi conseillé d’éteindre les écrans une heure avant le dodo. « La lumière des écrans fait croire au cerveau que c’est le jour et le corps sécrète alors moins de mélatonine, une hormone qui contribue au sommeil », explique Cathy Tétreault, fondatrice du Centre Cyber-aide et directrice de la Maison des jeunes de Duberger.

5. Prévenir votre enfant quelques minutes avant de lui demander d’éteindre son écran.

Cela évite qu’il soit pris par surprise. En effet, un tout-petit n’a pas la notion du temps. S’il reste juste quelques minutes avant la fin de son émission, vous pouvez le laisser terminer. Éteindre en plein milieu d’un programme qu’il aime reviendrait à ce qu’on éteigne votre écran cinq minutes avant la fin de votre série préférée!

6. Prévoir des idées d’activités sans écrans.

« Pour éviter que mon fils proteste au moment d’éteindre la tablette ou la télé, je lui propose des activités qu’il aime, comme dessiner, bricoler, aller au parc ou jouer avec sa cuisinette », dit Andrée-Anne, aussi maman de Matias, 4 mois.

7. Accepter les crises.

Certains enfants sont malgré tout difficiles à décoller de leur écran. Les parents devraient quand même tenir leur bout, selon Cathy Tétreault. « Être capable d’arrêter une activité agréable quand c’est nécessaire, c’est un apprentissage qui sera utile à votre enfant toute sa vie. Rappelez-vous que votre enfant a tout à gagner à avoir des activités variées. »

Exposés à trop de publicités?
À la télévision et sur Internet, les tout-petits voient de nombreuses publicités d’aliments mauvais pour la santé. Cela peut les inciter à vouloir manger des produits contenant beaucoup de gras, de sel ou de sucre, selon une récente étude canadienne. En bas âge, les enfants n’ont pas la maturité nécessaire pour distinguer la publicité des autres contenus. « Vous pouvez cependant commencer à expliquer à votre enfant comment la publicité fonctionne, et qu’elle sert à encourager les gens à acheter des produits, suggère le spécialiste en éducation aux médias Normand Landry. C’est un premier pas pour développer son esprit critique. » Vous pouvez aussi choisir des applications qui ne contiennent pas de publicité.

Y a-t-il des écrans entre vous et votre enfant?

Bien des parents passent beaucoup de temps connectés. Une habitude qui peut nuire aux interactions avec leur enfant.

Bien des parents passent beaucoup de temps connectés. Une habitude qui peut nuire aux interactions avec leur enfant.

Que ce soit au parc, durant un jeu, pendant les boires, durant le repas ou quand leur tout-petit est dans sa poussette, certains parents ne peuvent s’empêcher de consulter leur téléphone pour aller sur les réseaux sociaux ou pour répondre à un texto.

De plus en plus d’études scientifiques se penchent sur l’impact des écrans sur la vie de famille. Et les résultats font réfléchir : quand les parents sont concentrés sur un appareil électronique, ils interagissent moins avec leur enfant et ils lui donnent moins d’attention.

Catherine Piché, maman de Charlotte, 16 mois, a d’ailleurs constaté combien la technologie pouvait la distraire. « Pour soutenir une amie qui avait des problèmes, j’ai beaucoup échangé sur Messenger avec mon groupe d’amies pendant quelques jours. Je me suis rendu compte que mon téléphone m’absorbait tellement que j’étais moins attentive lorsque ma fille me parlait. Je n’ai vraiment pas aimé ça! »

« Regardez-moi! »

Les interactions que vous avez avec votre tout-petit sont essentielles à son développement. « Votre enfant a besoin que vous lui parliez, que vous le regardiez et que vous jouiez avec lui, dit la psychologue Marie-Anne Sergerie. Cette attention est nécessaire à son estime de soi, au développement de ses compétences sociales, à la gestion de ses émotions et à ses apprentissages en général. »

« Quand un enfant manque d’attention, il risque d’exprimer son besoin de façon négative, en faisant une crise par exemple », poursuit la psychologue. C’est d’ailleurs ce que révèlent les études : plus les parents passent de temps sur leur appareil électronique, plus leur enfant a un comportement difficile.

Se déconnecter plus souvent

Les écrans sont utiles. Le défi, c’est de trouver un équilibre pour qu’ils ne perturbent pas la vie familiale. Les utiliser moins en présence de vos enfants est un bon début. C’est ce qu’Ariane Foisy, maman de Zack Émyl, 4 ans, et de Nathan, 6 ans, s’efforce de faire. « J’ai une petite entreprise et j’avais l’habitude de travailler sur mon portable la fin de semaine. Quelqu’un me l’a fait remarquer et ça m’a fait réfléchir. Depuis, j’accorde plus de temps à mes garçons qu’au travail la fin de semaine. »

De son côté, Aurore Robert-Mavounia a enlevé de nombreuses applications de son téléphone. « Le temps que je passais à vérifier qui a dit quoi sur Facebook ou à jouer à des jeux, c’était du temps de qualité en moins avec ma famille », dit la maman d’Aydann, 2 ans, et de Malaïka, 7 ans.

D’autres idées pour gérer votre usage des écrans

  • Instaurer des périodes sans écrans (téléphone intelligent compris) à des moments clés de votre vie familiale : souper, routine du coucher, sortie au parc, etc.
  • Jouer 10 ou 15 minutes avec votre enfant, en fermant tous les écrans, chaque jour ou quelques fois par semaine.
  • Prendre l’habitude de déposer tout de suite votre téléphone et de regarder votre enfant quand il vous parle ou qu’il veut obtenir votre attention.
  • Utiliser une application qui analyse l’usage de votre téléphone (ex. : Moment, ActionDash) et établir des objectifs pour diminuer peu à peu le temps que vous y consacrez.

Difficile de décrocher?

Vous êtes accro à votre téléphone ou aux jeux vidéo? Vous pourriez essayer de comprendre pourquoi. Est-ce pour chasser l’ennui, oublier vos problèmes, diminuer votre stress, relaxer, vous calmer? « Observez aussi comment vous vous sentez quand vous ne pouvez pas vous servir de votre appareil, dit Marie-Anne Sergerie. Si vous êtes de mauvaise humeur, frustré, énervé ou déprimé, c’est peut-être un signe que vous l’utilisez pour gérer vos émotions. »

Si c’est le cas, la psychologue propose de penser à d’autres moyens pour combler vos besoins : marcher, méditer, faire du sport, amener votre enfant au parc, lire, écouter de la musique, etc. « L’idée n’est pas de supprimer les écrans, mais d’en faire un divertissement parmi d’autres », souligne-t-elle.

En utilisant les écrans avec modération, vous offrez un bon modèle à votre enfant. « J’ai fait de gros efforts pour me désintoxiquer de mon téléphone intelligent, dit Aurore. Je veux montrer à mes enfants qu’il y a autre chose à faire que regarder des écrans, à commencer par s’intéresser aux gens autour de nous. »

L’empreinte numérique de votre enfant

 Environ 75 % des parents partagent des photos ou des vidéos de leurs enfants sur les médias sociaux, selon une enquête d’HabiloMédias. Un sondage britannique a aussi révélé que les parents publiaient en moyenne 300 photos de leurs enfants par année sur les réseaux sociaux, soit 1 500 avant qu’ils aient atteint l’âge de 5 ans! Cette pratique suscite d’ailleurs des inquiétudes pour la vie privée des enfants. « L’enfant ne consent pas à tout ça, dit Cathy Tétreault, fondatrice du Centre Cyber-aide et directrice de la Maison des jeunes de Duberger. En grandissant, il ne sera peut-être pas content de voir sa vie sur Internet, surtout que ces images seront probablement toujours retraçables. » Elle conseille aux parents de limiter le plus possible les publications concernant leur enfant et de régler leurs paramètres de confidentialité pour les rendre accessibles à leurs proches seulement. Il est suggéré d’informer les proches de ces limites pour qu’ils les mettent aussi en pratique.

Vrai ou faux sur les écrans

Départagez le vrai du faux parmi ces affirmations sur les écrans!

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Laisser la télévision allumée quand personne ne la regarde n’est pas bon pour les enfants.

Vrai.

La télévision en bruit de fond pendant de longues périodes peut affecter le développement d’un enfant. « Cela peut nuire à son langage, à son attention et à son développement cognitif (y compris les fonctions exécutives qui permettent à l’enfant de gérer ses émotions et d’agir de façon organisée pour accomplir des tâches complexes) », signale la Dre Stacey Bélanger du CHU Sainte-Justine. Même lorsque les enfants ne la regardent pas, la télévision allumée est une source de distraction et elle prend la place d’activités plus stimulantes. Par exemple, les enfants ont moins d’interactions avec leurs parents ou avec les adultes qui s’occupent d’eux. Ils ont aussi moins envie de s’amuser avec des jouets.

Pendant les vacances, les enfants ont le droit de relaxer. Il n’est donc pas nécessaire de limiter leur temps devant les écrans.

Faux.

« Il faut éviter que les enfants perçoivent les écrans comme la seule façon de se détendre ou comme l’activité la plus amusante, estime Cathy Tétreault, fondatrice du Centre Cyber-aide et directrice de la Maison des jeunes de Duberger. On devrait profiter des vacances pour passer plus de temps en famille et pour faire des activités qu’on ne fait pas d’habitude. Ajouter du temps d’écran ne devrait pas être une priorité. Les mauvais plis se prennent vite et il pourrait être difficile de revenir à la normale après. »

Les milieux de garde n’ont pas le droit d’exposer les enfants aux écrans, même pour écouter une émission éducative.

Faux.

Le règlement actuel sur les services de garde éducatifs leur permet d’utiliser la télévision et d’autres équipements audiovisuels lorsqu’ils sont intégrés au programme éducatif. Depuis 2022, les directives ont été précisées pour limiter encore plus l’utilisation des écrans en milieu de garde. À présent, leur utilisation est interdite avec des enfants de moins de 2 ans et elle ne doit pas dépasser 30 minutes dans une même journée. De plus, l’utilisation des écrans est permise de temps en temps seulement (et non régulièrement. Même si les écrans ne sont pas interdits, le ministère de la Famille conseille de les éviter parce qu’ils remplacent des moments où les tout-petits devraient bouger et explorer leur milieu. Si votre enfant est exposé aux écrans à la garderie et que cela vous préoccupe, n’hésitez pas à en parler avec son éducatrice.

Regarder la télé ou des vidéos durant le repas incite les enfants à manger davantage même s’ils n’ont plus faim.

Vrai.

Regarder la télévision ou jouer à un jeu électronique en mangeant détourne l’attention de l’enfant de son assiette. Comme il est absorbé par ce qui se passe à l’écran, l’enfant mange de façon automatique sans forcément avoir faim. Il risque alors de manger trop. Pour que votre enfant apprenne à être attentif à sa faim et à ne pas manger plus que nécessaire, il est important de ne pas utiliser les écrans à table. Surtout que c’est un bon moyen de favoriser les discussions en famille !

Regarder la télévision calme les enfants.

Ni vrai ni faux.

Selon la Société canadienne de pédiatrie, les écrans peuvent être utiles de temps en temps pour calmer un enfant surexcité. Il faut toutefois éviter qu’il soit surstimulé par ce qu’il regarde (effets spéciaux, son trop fort, montage rapide, etc.). Toutefois, s’ils sont utilisés trop souvent, les écrans peuvent devenir une béquille. L’enfant aura alors besoin d’un écran pour gérer ses comportements et ses émotions. De plus, l’écran vient récompenser un comportement difficile. Mieux vaut donc ne pas en faire une habitude.

Il faut que les tout-petits s’amusent sur un ordinateur ou sur une tablette, sinon ils seront en retard sur les autres à l’école.

Faux.

L’utilisation des technologies numériques en bas âge n’améliore pas le développement de l’enfant et ne lui donne pas un avantage à l’école plus tard. « Les enfants apprennent très vite à se servir des technologies, dit la psychologue Marie-Anne Sergerie. Il faut plutôt s’inquiéter des enfants qui passent trop de temps sur les écrans. » Le spécialiste en éducation aux médias Normand Landry ajoute pour sa part que « ce qui avantage les enfants à l’école, ce n’est pas de savoir se servir d’une tablette, c’est de s’être fait lire des histoires. »

 

À retenir
  • Pour bien se développer, votre enfant a besoin de s’amuser sans écran et d’avoir des interactions avec vous et avec son entourage.
  • Même si votre enfant peut utiliser les écrans après 2 ans, il est important de bien l’encadrer en choisissant du contenu adapté à son âge et en limitant son temps d’utilisation.
  • Évitez d’être concentré sur votre téléphone quand vous êtes avec votre enfant, car les interactions que vous avez avec lui sont essentielles à son développement.
  • Les écrans peuvent avoir des avantages éducatifs, mais votre enfant apprend mieux quand vous êtes à ses côtés lorsqu’il les utilise.
Naître et grandir

Source : magazine Naître et grandir, mai-juin 2019
Recherche et rédaction : Nathalie Vallerand
Révision scientifique : Catalina Briceño, professeure invitée à l’école des médias de l’UQAM et auteure

En cours de mise à jour

RESSOURCES

Livres

Sites

  • IDÉLLO. Guide des applications éducatives. idello.org
  • HABILO MÉDIAS. Le Centre canadien d’éducation aux médias et de littératie numérique. habilomedias.ca
  • CYBERAIDE.ca. cybertip.ca/fr
  • CYBERDÉPENDANCE. cyberdependance.ca
  • PAUSE. Campagne sociétale pour un usage équilibré d’Internet. pausetonecran.com
  • ENTERTAINMENT SOFTWARE RATING BOARD. Classement des jeux vidéo et des applications selon l’âge (en anglais). esrb.org
  • GOUVERNEMENT DU QUÉBEC. Portrait des parents et expérience parentale, 2023. statistique.quebec.ca/fr/
  • GOUVERNEMENT DU QUÉBEC. La parentalité à l’ère du numérique, 2023. statistique.quebec.ca/fr/numerique
  • HABILOMÉDIA. Le bien-être numérique des familles canadiennes, 2018.
    habilomedias.ca
  • JAMA PEDIATRICS. Association Between Screen Time and Children’s Performance on a Developmental Screening Test, 2019.
    pubmed.ncbi.nlm.nih.gov
  • SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE. Le temps d’écran et les enfants d’âge préscolaire : la promotion de la santé et du développement dans un monde numérique, 2022.
    cps.ca/fr

Photos : GettyImages/Svetikd, Maxim Morin, GettyImages/PeopleImages et Kiankhoon, GettyImages/VorDa, Maxim Morin et GettyImages/Rawpixel, GettyImages/Damircudic, globalmoments et MonkeyBusinessImages