Vivement les journées qui brisent le quotidien!

Vivement les journées qui brisent le quotidien!

Au moment d’écrire ces lignes, nous sommes vendredi, milieu d’après-midi. La journée a l’air bien anodine, mais plus elle avance, plus je la trouve extraordinaire. Tellement que je ne peux m’empêcher de vous la raconter.

Tout a commencé en début de matinée. Comme vous le savez peut-être, je travaille souvent à partir de mon bureau à la maison. C’était le cas aujourd’hui. Étant donné que ma conjointe devrait accoucher de notre 2e enfant d’une journée à l’autre, elle avait annoncé à l’éducatrice au CPE que fiston commencerait sa fin de semaine avec nous une journée plus tôt. Assez fréquemment, nous le gardons avec nous le vendredi ou le lundi. Je m’attendais donc à ce que la journée débute comme c’est le cas habituellement la semaine : je me lève, je prépare quelques petits trucs, je réveille fiston, on passe au bain, on s’habille, on déjeune, maman se lève et la journée est entamée.

Or, je me suis réveillé un peu plus tôt tandis que le reste de la famille dormait à poings fermés. J’ai pu prendre le temps d’ouvrir les toiles de la cuisine, de profiter des rayons du soleil, de déjeuner calmement, de me faire un café. Puis deux. Peut-être même trois, je ne suis plus certain! Tout ça a duré un peu plus de 2 heures! Même si après 15 minutes j’étais déjà en train de travailler, je me suis permis de ne pas descendre au sous-sol, dans mon bureau habituel. Je suis resté à la table de la cuisine et j’avais l’impression de prendre du temps pour moi. Quoi? Du temps pour moi?

Par la suite, maman s’est levée, puis fiston a suivi quelques minutes plus tard. Elle s’est occupée de tout. J’ai même pu continuer de faire mon boulot dans la cuisine, ce qui n’est pas chose courante! Pendant que j’étais en train de concevoir une carte professionnelle, de régler les derniers détails d’un contrat, de relire un compte rendu de réunion, je les ai vus manger du gruau et des fruits, lire des histoires, jouer aux blocs, s’installer à la table du salon pour colorier, etc. C’était de toute beauté de les voir aller et d’entendre leurs rires résonner!

La journée s’annonçait fantastique.

Puis, ma femme m’a demandé si elle pouvait aller magasiner dans l’après-midi et me laisser avec notre jeune homme. Je devais travailler, mais comme il lui arrive de dormir encore de 2 à 3 heures après le dîner lorsqu’il est à la maison (je pense qu’il récupère de la garderie!), je n’en ai pas fait de cas. Après tout, il ne restait qu’à manger, qu’à prendre un peu de temps pour s’amuser entre hommes, puis ce serait l’heure de la sieste et je pourrais recommencer à bosser.

Le repas s’est terminé et, juste avant de partir, maman m’a suggéré : « Vous pourriez aller prendre l’air un peu, non? »

J’ai fait un léger soupir.

Pas un gros soupir de désespoir, mais un petit soupir qui laissait entendre : « Je suis supposé travailler... Sortir tout l’attirail pour aller dehors, je ne suis pas convaincu que ça me tente et que j’ai le temps de le faire! »

Jusqu’à ce que fiston (que je soupçonne d’avoir des oreilles bioniques) commence à répéter : « Dehors. Dehors. Dehors », en sautillant sur place.

Elle n’est pas si mal cette journée jusqu’à maintenant, alors pourquoi jouerais-je au rabat-joie?

Ne faisant ni une ni deux, nous avons revêtu nos bottes, nos mitaines, nos manteaux d’hiver, nos foulards, et Mini-moi a rajouté ses pantalons coupe-vent et sa tuque de panda.

« On va faire une marche, ça te tente? », lui ai-je demandé.

« Oui! », s’est exclamé le petit bonhomme.

Nous avons l’habitude de faire des promenades et il adore ça autant que nous.

« Tu veux aller dans le quartier en avant ou sur la piste cyclable derrière? », l’ai-je questionné.

« Avant! A rue », m’a-t-il répondu.

Retomber en enfance

Nous avons sorti sa brouette en plastique de la remise (brouette très utile lorsque Monsieur décide qu’il n’a plus vraiment envie de marcher et que nous ne sommes loin d’être revenus à la maison!) et sommes partis. Une dizaine de minutes plus tard, nous sommes arrivés au parc. Si vous aviez pu voir l’excitation dans ses yeux lorsqu’il a vu la quantité de feuilles accumulées sur le sol! C’est là que je suis retombé en enfance.

Nous avons fait d’ÉNORMES tas de feuilles! Debout, ils n’étaient peut-être pas si gros, mais en m’agenouillant à la hauteur de mon fils, ils devenaient vraiment impressionnants! Ils étaient de la même taille que lorsque j’étais enfant. C’était les plus grosses montagnes de feuilles du monde!

Je l’ai poussé dedans; il m’a poussé dedans.

Je me suis laissé tomber dedans; il s’est laissé tomber dedans.

Je l’ai enterré dedans; il m’a enterré dedans.

Je l’ai lancé dedans;  bon... il a seulement 2 ans alors ne rêvez pas en couleur. Mais il aurait sûrement aimé me lancer dedans aussi!

Nous avons envoyé des feuilles en l’air, nous avons ri et nous avons regardé les nuages. Le temps s’est arrêté.

Et, nous sommes repartis, en prenant soin de remplir la brouette de feuilles pour en rapporter à la maison.

Fatigué, fiston est rentré et un lit douillet l’attendait pour la sieste.

Normalement, je l’aurais mis au lit, il se serait endormi presque instantanément et je serais retourné travailler. Mais, comme il n’y avait rien de normal cette journée-là, je me suis permis de m’allonger avec lui à ses côtés. Je l’ai bordé, nous nous sommes regardés dans les yeux et je lui ai caressé la tête et le visage en lui parlant.

Je lui ai dit des tas de choses. Sûrement tout plein d’affaires qu’il n’a pas comprises avec mes longues phrases interminables! Malgré tout, je suis certain qu’il a saisi l’essentiel.

Je suis sûr qu’il sait à quel point je l’aime et qu’il a compris que des journées « anormales » comme aujourd’hui, ça devrait arriver beaucoup plus souvent!

Puis, il a doucement fermé les yeux, pendant que j’avais la main dans ses cheveux.

J’ai déjà hâte qu’il se lève de sa sieste pour savoir ce que me réserve le reste de ma journée.

Peut-être va-t-il préparer le souper et faire la vaisselle?

 

26 novembre 2012

Naître et grandir

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