Trop de livres pour enfants stéréotypés!

Trop de livres pour enfants stéréotypés!
Par Mariouche Famelart, Bibliothécaire

Comme je l’écrivais dans mon dernier billet, j’ai la chance d’avoir accès à toutes les nouvelles publications destinées aux enfants qui sortent en librairie. Au fil des ans, j’ai constaté qu’une partie d’entre elles sont souvent « genrées ». Du côté des livres destinés aux filles, je retrouve chaque mois une multitude d’histoires de princesses, de fées et de poneys dans des livres roses et pailletés. Du côté des garçons, ce sont plutôt des livres mettant en scène des engins de chantiers, des pompiers ou des pirates. Loin de moi l’idée de critiquer l’engouement des petits garçons et petites filles pour ces univers. Mais, malheureusement, il arrive trop souvent que ces livres « genrés » véhiculent une imagerie stéréotypée ou à caractère sexiste. Très tôt, on envoie donc aux tout-petits des messages sur ce qu’on attend d’eux en fonction de leur sexe.

J’ai tendance à choisir en priorité des livres au genre neutre pour la collection de ma bibliothèque et à mettre de côté les livres fortement « genrés ». D’une part, parce que je n’aime pas qu’on maintienne ces stéréotypes et d’autre part, parce que ces livres ne se démarquent pas souvent par leurs qualités littéraires ou par le sens artistique de leurs illustrations. Loin de là. Ils m’évoquent plus souvent des produits de consommation que de véritables œuvres littéraires. J’ai le même malaise avec les livres qui sont dérivés de films ou de séries télévisées. Je préfère miser sur des personnages qui sont nés dans les livres avant d’avoir fait leur apparition sur le petit écran (comme Toupie et Binou ou Stella et Sacha) que l’inverse. Mais je ne jetterai jamais la pierre à un adulte qui offre un livre à un enfant, même s’il est inspiré du dernier Disney : cela peut être une très belle porte d’entrée vers la lecture pour un enfant qui n’en a pas encore connu les joies.

J’en étais à ces réflexions quand je suis tombée sur un article qui traite des jeux et jouets stéréotypés dans la revue Protégez-Vous. J’y ai appris, notamment, que l’attirance vers certains jouets découlerait plus des influences sociales que d’un choix naturel de l’enfant. Et que, sans grande surprise, les compagnies de jeux maintenaient la différenciation des jouets par sexe pour des impératifs économiques. De plus en plus d’ailleurs, les parents font pression sur les fabricants et les détaillants pour que cesse cette distinction selon le genre.

La variété avant tout

Tout comme les autres jouets, les livres ont plus qu’une fonction de divertissement : ils contribuent à éduquer les enfants et peuvent influencer le développement de leur personnalité. Est-ce qu’il faut pour autant refuser d’acheter une histoire de sirène à une fillette qui en réclame une? Évidemment que non. La même chose pour une histoire de camion pour fiston. Il leur faut des livres qui les attirent pour leur donner envie de les ouvrir et d’avoir envie d’apprendre à déchiffrer les mots. Mais de grâce, qu’on leur présente la plus grande diversité d’histoires possible! Parce que plus les tout-petits seront en contact avec des modèles différents dans les histoires plus ils seront ouverts, et plus ils seront à même de découvrir leurs propres goûts et intérêts ainsi que leur nature profonde. Que les personnages féminins ne soient pas toujours doux et dociles, mais souvent courageux ou rebelles, que les personnages masculins ne soient pas que brusques, mais aussi remplis de tendresse.

 Alors pour Noël, je souhaite évidemment à vos enfants que le père Noël leur apporte beaucoup de livres. Mais j’espère sincèrement qu’il laissera les livres sexistes au Pôle Nord, sous une bonne couche de glace!

La lecture en cadeau
Plusieurs enfants auront la chance de recevoir des livres en cadeau durant le temps des Fêtes. D’autres, moins favorisés, ne connaîtront malheureusement pas ce bonheur. Afin de transmettre le goût de la lecture à ces enfants, la Fondation québécoise pour l’alphabétisation vous invite encore une fois cette année à participer à sa campagne La lecture en cadeau. Objectif : distribuer 40 000 livres à autant d’enfants défavorisés de 0 à 12 ans partout au Québec. Vous trouverez des boîtes de collecte dans la plupart des librairies et dans une centaine de bibliothèques.


  

16 décembre 2014

Naître et grandir

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